En attendant le point final

Le monde semble oublier progressivement la Covid, faisant tomber peu à peu les barrières sanitaires, avec l’espoir de renouer évidemment au plus vite avec notre « vie d’avant ». Certes, sans oublier que la maladie aura fait des millions de morts et ravagé autant de familles que d’économies, mais en faisant fi dans le même temps des signaux intrinsèquement liés au virus lui-même, et qui devraient pourtant nous mettre en état d’alerte. Car non seulement d’autres « bébêtes » du même acabit restent tapis dans l’ombre, prêtes à émerger et se répandre – et avec potentiellement une plus grande virulence –, mais leur expansion a toutes les chances d’utiliser les mêmes canaux que ceux ayant permis au Covid de gagner les quatre coins de la planète quelques semaines à peine après son apparition. Autant dire que nous devrions nous méfier.

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Les épisodes de transmissions de virus de l’animal à l’homme ne sont, c’est vrai, pas nouveaux ; ils ont même de tout temps existé. Pour autant, ce qui fait de la Covid une maladie qui marquera à jamais l’histoire, c’est d’abord qu’elle aura été la première à toucher autant de populations en un laps de temps si court, en usant de nos lignes de communications mondiales (avions, bateaux, etc.), autrement dit en utilisant les moyens physiques de transport les plus modernes que nous puissions mettre à sa disposition. Mais ce qui l’aura rendu aussi unique, c’est la tout aussi rapide réaction internationale face à l’ennemi invisible, que ce soit dans la mise en place de protocoles sanitaires ou dans l’élaboration de vaccins. Là encore, du jamais vu dans l’histoire de l’humanité.

Malgré cela, et sachant que la pandémie bat désormais en retrait, la question se pose de savoir quelles leçons nous aurons tirées de tout cela. Eh bien, apparemment, pas grand-chose, puisque notre priorité du jour reste de doper notre machine économique afin de renouer au plus vite avec la croissance perdue, celle-là même qui aura permis à une « simple » maladie de traverser en un temps éclair toutes les frontières du monde, au lieu de rester confinée dans une délimitation géographique restreinte. Oubliant ainsi que des coronavirus comme celui à l’origine de la Covid, il en existe des milliers. Et que des dizaines de milliers d’autres virus, piégés dans la glace et dans le permafrost, sont en attente d’être libérés, sous l’impulsion d’un réchauffement climatique lui aussi fruit de notre développement industriel.

Et puisque l’on parle de changement climatique et de pandémie, et donc tous deux aux origines communes, anthropiques faut-il le rappeler, sachez que le premier nommé impacte sévèrement le second. C’est d’ailleurs ce que viennent de mettre en évidence des chercheurs de l’Université d’Hawaï, et qui ont pour ce faire analysé plusieurs centaines de pathologies infectieuses connues pour avoir touché l’humanité. Et qu’ils ont mis en corrélation avec des aléas climatiques, dix au total (sécheresse, vagues de chaleur, incendies, inondations, tempêtes…). Leur conclusion ? Que 58% des maladies infectieuses ont de fortes chances de s’aggraver à cause du climat.

En langage clair, quelles que soient les maladies infectieuses (sida, Ebola, dengue, Covid, etc.), toutes proviennent d’agents pathogènes transmis à l’homme. Et si de ces virus, bactéries et autres parasites nombreuses sont celles à avoir été transmises par des moustiques, tiques, puces…, certaines, en revanche, se transmettent par l’eau et l’air, voire par contact direct ou voie alimentaire. Le problème, c’est que du fait du changement climatique, ces mêmes agents pathogènes se rapprochent de l’homme, en favorisant l’extension géographique de certaines espèces vectrices. Avec pour autre effet d’augmenter leur degré de dangerosité.

Bien sûr, il ne s’agit que d’une étude ; une parmi d’autres. Mais ses conclusions sont extrêmement logiques. En produisant et consommant davantage chaque jour, nous émettons également toujours plus de gaz à effets de serre. Avec pour résultat un réchauffement général de la planète et, par ricochet, une augmentation du risque de voir surgir une nouvelle pandémie. En espérant que la prochaine fois, le virus concerné sera « aussi clément » que la Covid, et ne viendra pas mettre cette fois un point final à l’humanité… et à nos espérances.

 

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