Fête de fin d’année en demi-teinte

C’est sans surprise que la population a appris jeudi le prolongement des restrictions sanitaires jusqu’au 15 janvier prochain. Cette période est préoccupante, non seulement à Maurice, mais également dans les pays occidentaux et ailleurs. D’ailleurs, des rumeurs bien orchestrées voulaient qu’un confinement général devait entrer en vigueur à partir du 20 décembre. D’aucuns parlaient de la réintroduction de l’ordre alphabétique pour accéder aux centres commerciaux et aux supermarchés. Rien de tout cela ne s’est révélé vrai et, comme annoncé jeudi par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, les restrictions sanitaires en vigueur seront maintenues jusqu’au 15 janvier.

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La seule déception est le maintien de la jauge de dix personnes pour les cérémonies religieuses. Par conséquent, les messes dominicales, voire la veillée de Noël, seront célébrées à l’extérieur des églises ou sous des tentes, avec des groupes de 50 personnes maximum et dans le plus grand respect des protocoles sanitaires.
Si la population consent à faire des sacrifices afin d’empêcher la propagation du virus et de ses variants, connus ou inconnus, elle s’attend en contrepartie que bon ordre soit mis dans l’administration des centres hospitaliers, dont celui de l’ENT. Les échos qui nous parviennent de ces centres sont dramatiques et bouleversants. Pas plus tard que vendredi, on devait ainsi apprendre que le corps d’une personne qui avait été remis à sa famille avait été récupéré en quatrième vitesse parce qu’on avait découvert, après coup, que cette personne était décédée du Covid.
On imagine le drame que cela représente pour les familles concernées. Le grand problème, c’est qu’une fois un malade admis à l’hôpital, l’ENT ou ailleurs, sa famille perd tout contact avec lui. Allez demander aux députés, aussi bien du gouvernement que de l’opposition, les pressions qu’ils subissent chaque jour des mandants qui souhaitent avoir des nouvelles de leurs proches hospitalisés. À un moment où l’on parle de digitalisation des services publics, est-il à ce point difficile de mettre en place un système de communication efficace pour maintenir les familles informées de l’évolution de la situation des patients touchés par le Covid-l9 ? Cela ne pourrait-il pas se faire à travers une “hotline” ou sur rendez-vous ?

Par-dessus tout, les autorités doivent trouver un moyen pour réduire le nombre de décès. Jusqu’à quand y aura-t-il plus de 100 morts par semaine ? Pourquoi autant de décès ? D’où vient le problème ? Espérons que les médecins et autres membres du corps médical qui arriveront de l’Inde nous aideront à y mettre bon ordre.

Le message du Premier ministre, jeudi, comprenait cependant des annonces réconfortantes, comme la possibilité pour tous ceux âgés de plus de 70 ans d’obtenir le Pfizer comme dose de rappel. Espérons que le ministère de la Sécurité sociale, qui dispose des coordonnées de tous les retraités, participera à la campagne en vue de convaincre un maximum de personnes âgées, qui figurent
parmi les plus vulnérables, à se faire vacciner. D’autre part, le paiement du bonus de fin d’année, beaucoup plus tôt que prévu, devrait éviter le déplacement des foules dans les centres commerciaux en vue des fêtes de Noël et du Nouvel an. 
Il est aussi heureux que le président français ait, à la demande du Premier ministre mauricien, accepté de placer Maurice dans la liste rouge de la France, au lieu de la “rouge écarlate”. Ce léger changement de nuance de couleur a représenté un soulagement considérable pour l’industrie touristique en général. Les opérateurs abordent désormais la période de fin d’année avec un peu plus de confiance.

Souhaitons aussi que la situation sanitaire s’améliore en Afrique australe et en Afrique du Sud, et que les dessertes aériennes puissent reprendre normalement. Terminons en observant que Maurice figure parmi les invités du Summit for Democracy convoqué par le président américain Joe Biden les 9 et 10 décembre. Ce dernier a, dans son discours d’ouverture, constaté  un recul de la démocratie dans le monde, et considère que la liberté de la presse constitue la pierre angulaire de toute démocratie. « No democracy is perfect, and no democracy is ever final. Every gain made, every barrier broken, is the result of determined, unceasing work », insiste-t-il. À bon entendeur, salut.

Jean Marc Poché

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