“GRÂCES” D’UMAR TIMOL : Au-delà des apparences

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Plonger dans l’univers de l’autre à travers le regard, imaginer ce qui se joue derrière la sclérotique des yeux. Sonder les joies, les fulgurances, les élans d’empathie, les doutes, les questionnements, les peines, les souffrances. Deviner des vécus, des expériences, des combats, des défis, des compromis, des traversées, des aventures, des rivalités, des histoires, des souvenirs. Discerner surtout de la passion qui gonfle l’âme d’énergie et l’amène à faire corps avec le monde. Et l’amour qui donne vie à toute chose.

Telle est l’ambitieuse mission dans la- quelle nous entraîne le poète Umar Timol avec Grâces (Éditions LM). Et qui devrait intéresser et interpeller tout le monde, comme l’auteur de ces lignes.Car s’il a rangé momentanément son stylo pour mettre son appareil photo en bandoulière, c’est toujours pour poursuivre le même objectif : faire voir ce qui se cache derrière le voile coloré de la peau, jeter un regard passionné sur ce qui se déroule autour de lui. Faire voir sans les mots de la nomenclature, les mots de tous les jours, les mots que communique au compte goutte la Muse Calliope. Et l’auteur de La Parole Testament et de Vagabondages ne fait pas que représenter le réel, il le transcende. Car pour atteindre l’âme, comme le dit Jacques Attali, toutes les techniques d’une époque se valent : peinture, récit, musique, danse, poésie, théâtre, sculpture, écriture, photographie, cinéma.

Avec Grâces, on ne se contente pas bien sûr de la couleur de la peau, de la forme des visages et du nez, du contour des lèvres, de l’arc des sourcils, de l’abondance de la chevelure, autant de traits qui ne sont jamais fixes, qui changent et arborent la patine du temps. Car rien n’est stable, tout fuit. Et le temps n’est qu’un élan vers l’usure et la disparition. Et si nous ne pouvons briser cet élan, ni le ralentir, nous pouvons au moins saisir ce qu’il nous offre de plus précieux : l’instantané, le fugitif, le dérisoire. L’esquisse d’un sourire, l’éclair d’une pensée, la fulgurance du doute, la chaleur d’une étreinte, le souvenir d’un baiser, l’éblouissement d’un songe, le désir de l’infini.

Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Car tous ces visages, tous ces regards qui suggèrent des contrées à la fois lointaines et familières, mêlent des géographies secrètes, remontent aux origines ne veulent dire que ce monde dans sa simplicité et sa complexité, donner un sens à l’existence, cerner l’humaine condition, tendre vers l’autre, inviter chacun à descendre au plus profond de soi-même. Et rendre captive la beauté au cœur de l’éphémère, figé à jamais comme en état de grâce.

 

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