HISTOIRE: À lire en marge du 1er février

Peter A. Nicholls a présenté son master en histoire à l’Université de Kent sur le marronnage aux Seychelles. Cette forme de résistance, souvent à caractère maritime, présente des caractéristiques particulières à l’archipel des Seychelles qui était une dépendance de Maurice à l’époque coloniale. Et cet étudiant britannique et seychellois est bien décidé à poursuivre ses recherches en PhD pour contribuer à définir plus précisément le rôle des Seychelles dans l’histoire de l’esclavage et de la traite dans l’océan Indien. Le CRSI (Centre for research on slavery and indenture) de l’Université de Maurice a édité le petit livret tout à fait instructif et merveilleusement écrit sur ce volet crucial de l’histoire de l’océan Indien.
« Evading enslavement in the Seychelles » raconte essentiellement à travers différents marrons et marronnes dont il a été possible de retracer l’existence et le parcours, même partiel, ce qu’ont pu être les trajectoires et la culture du marronnage aux Seychelles, cette dépendance des Mascareignes, de 1768 à 1839 environ. Le chancelier de l’Université Jean-Claude Autrey et la vice-chancelière Romeela Mohee ont d’ailleurs marqué de leur présence le lancement de ce livret et la conférence qu’a donnée jeudi ce chercheur, que Vijaya Teelock, chef du département d’histoire & sciences politiques et coordinatrice du CRSI, s’est fait une joie d’introduire auprès de l’assistance.
Ils s’appellent Françoise et La Violette, Pompée, Gillot et Dominique, Madge et Marie, Castor, Elisa ou Isidore, ces personnages de l’époque de l’esclavage dont parle Peter A. Nicholls dans ce petit ouvrage d’une trentaine de pages, qui reprend l’essentiel des recherches qu’il a effectuées pour son master. Compte tenu de leurs particularités géologiques et naturelles, les îles seychelloises ont amené une forme de marronnage spécifique, que l’on pourrait qualifier, dans bien des cas… de maritime. De nombreux captifs se sont, en effet, adaptés à la situation particulière de l’archipel, avec de nombreux îles et îlots inhabités, et généralement des conditions naturelles favorables, avec notamment abondance de nourriture (tortues et poissons entre autres) ainsi que d’eau potable, pas de cyclone et un climat d’une certaine constance, ce qui n’empêche toutefois pas le maître d’être ce qu’il est, et ce faisant, d’inciter à l’évasion…
Peter A. Nicholls insiste sur la faiblesse des autorités aux Seychelles qui pouvait à la fois favoriser le marronnage et le nombre de marrons jamais retrouvés, et aussi l’incitation à le devenir en l’absence de contrôle des traitements qui pouvaient être infligés aux esclaves sur les habitations. Le cas d’un esclave qui a été condamné au bûcher à une époque où cette méthode était révolue en est un exemple. Dans cette dépendance de Maurice, se sont développés au début de la colonisation (officiellement à partir de 1770), la chasse aux tortues et la production de coton, puis l’exploitation de la noix de coco et la production de ses différents dérivés à partir des années 1830/1840.
Nous reviendrons prochainement sur cette nouvelle publication du CRSI dont il faut saluer la parution, à deux semaines des commémorations du 1er février. Vijaya Teelock nous a appris par ailleurs que la version anglaise des actes du colloque international, « Traites, esclavage et transition vers l’engagisme à l’île Maurice et aux Mascareignes », qui s’était tenu à Maurice en avril 2011, devrait prochainement sortir. Une édition française de cet ouvrage dirigé par Vijaya Teelock (Université de Maurice) et Thomas Vernet (université Panthéon-Sorbonne) est sortie l’an dernier, fin août. Les communications ont été choisies de sorte à apporter un regard nouveau sur l’histoire de l’esclavage et de la traite dans l’océan Indien. Aussi, faut-il saluer le gros travail de traduction qui l’accompagne, de même que le souci en simplifiant la présentation, de rendre ces textes accessibles au plus grand nombre, au-delà des frontières académiques. Nous reviendrons prochainement sur ces deux ouvrages.

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