– Flou total autour de la connexion de cette compagnie espagnole à Maurice, surtout avec le ministère de la Santé et la State Trading Corporation avec deux contrats de Rs 513,8 M
– Suttyhudeo Tengur : « Est-ce que l’Emergency Procurement durant la période de confinement a servi de couverture pour protéger certains proches du pouvoir ? »
La tentative du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, de justifier les procédures de l’Emergency Procurements d’une valeur de Rs 1,5 milliard pour l’achat de médicaments et d’équipements médicaux pendant le “lockdown” lié à la Covid-19, soulève davantage de questions. Deux zones d’ombre majeures demeurent avec les deux contrats de Pack & Blister de Rs 513,8 millions et de l’axe Bo Digital/State Trading Corporation de Rs 387 millions, soit un total de Rs 900 millions sur les Rs 1,5 milliard.
Presque quatre mois après l’allocation de ces contrats conjointement par les ministres de la Santé et du Commerce ainsi que la State Trading Corporation, avec les devises étrangères fournies par la Banque de Maurice au nom de l’urgence de Covid-19, très peu de renseignements ont transpiré au sujet de ces entités de sources officielles. Sauf que le cerveau derrière la compagnie espagnole de Pack & Blister a été condamné pour fraude fiscale. En marge du tollé soulevé sur l’échiquier, Suttyhudeo Tengur, de l’Association for the Protection of Consumers (APEC), a dénoncé « la protection de certains proches du pouvoir » lors de l’allocation de contrats sous les Emergency Procurements.
Alors que le directeur général de la State Trading Corporation, Jonathan Ramasamy, maintient un mutisme avec l’axe Bo Digital Ltd/STC, incluant la société AV Techno-World Ltd d’un de ses proches, au sujet de ces sept contrats de commandes de médicaments en trois mois pour un montant de Rs 387 millions, des informations des plus accablantes remontent à la surface en ce qui concerne l’entité Pack & Blister d’Espagne, avec deux commandes cruciales d’un demi-milliard en l’espace d’une vingtaine de jours.
Le patron derrière les « manigances » de cette compagnie espagnole, spécialisée en création de shell companies, le dénommé Cerdan Sanjuan Ramon, a été condamné à 13 ans de prison par un tribunal espagnol pour fraude fiscale d’un montant de 3,2 millions d’euros de Taxe à la Valeur ajoutée (TVA). D’aucuns au sein de l’opposition parlementaire s’insurgent contre le fait qu’un simple exercice de “Due Diligence” sur cette entité
étrangère, aux termes des dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, aurait permis de comprendre avec qui « Maurice avait affaire en termes d’approvisionnement de médicaments et faire l’économie d’un scandale ».
Le fournisseur des 50 Ventilators, entre autres, Pack & Blister Distribuciones Farmaceuticals SL a succédé à la compagnie Laura Phama SL en date du 17 janvier 2019 « having the same CIF (VAT No) CIFB98589690 as the orignal company set up by Mr Cerda Sanjuan Ramon who was arrested for fraud and setting up shell companies ». La direction de la nouvelle société Pack & Blister est restée la même que la défunte Laura Pharma SL.
Les informations disponibles et émanant d’Espagne établissent la genèse de Pack & Blister à janvier 2014, avec le dénommé Cerda Sanjuan Ramon incorporant Nostock Business SL. Le business a déclaré être « intermediation in the drafting of architecture, engineering and urban planning projects, as well as intermediation in advising companies and individuals in their broadest sense, appraisals, surveys, veterinary activities, health centers ».
Moins de trois mois après, cette première société devait changer de vocation et de nom en Laura Pharma SL, avec Secrad Sanjuan Ramon nommant Dolores Morales Del Cid à la direction. La nouvelle mission de cette entité est : « The sale, storage, marketing and distribution, brokerage, import and export, wholesale, of all kinds of medicines, articles and pharmaceutical, parapharmaceutical and health products. In any case, the activities of farm offices are excluded. »
Toujours en cette même année, nouveau changement à la tête, avec Juan Antonio Carrion Jimenez en tant que nouveau directeur de Laura Pharma SL, qui deviendra Pack & Blister l’année dernière comme pour faire oublier les déboires avec la justice pour fraude fiscale du père fondateur. Mais à ce jour, le mystère de la STC Connection de Pack & Blister à Maurice attend encore d’être percé, avec l’opposition parlementaire, laissant comprendre qu’elle ne « lâchera pas ce morceau tant que la lumière ne soit pas faite » et espère également que l’axe Bo Digital/STC « soit élucidé ».
De son côté, Suttyhudeo Tengur est monté au créneau pendant le week-end dernier en se demandant « est-ce que l’Emergency Procurement durant la période de confinement dans le sillage de la pandémie Covid-19 a servi de couverture pour protéger certains proches du pouvoir ? » Poursuivant son analyse des faits autour de ce scandale, le président de l’APEC ajoute que « ça sent déjà le roussi au niveau du gouvernement, car la STC tombe directement sous la tutelle du ministre de la Protection des consommateurs, Yogida Sawmynaden, dont le directeur de cette institution est un protégé politique de ce ministre. Et selon un document déposé au Parlement par le ministre de la Santé, « c’est la boîte de pandore que ce dernier a ouverte ».
En conclusion, Suttyhudeo Tengur avance que « dans le sillage de Saint Louis Gate, le Premier ministre avait pris la courageuse décision de révoquer son No 2, Ivan Collendavelloo, devant le refus de ce dernier “step down”. Que fera le Premier ministre dans cette nouvelle situation ? Les têtes de Sawmynaden et de Jagutpal vont-elles tomber en attendant que le directeur de la STC soit mis à la porte ? La population attend de pied ferme la décision de Pravind Jugnauth. Il est temps pour un grand coup de balai afin de débarrasser ce régime des détritus nauséabonds…
Le pesant mutisme de Sawmynaden et de la STC
La bijouterie Red Jewels de Terre-Rouge décroche dès le 19 mars un contrat de la Santé pour 100 000 masques KN 95
Alors que Lakwizinn du Prime Minister’s Office croyait pouvoir désamorcer la COVID-19 Gate de l’achat d’équipements et d’appareils médicaux par voie d’Emergency Procurement pour Rs 1,5 milliard avec un point de presse du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, les interrogations persistent de plus belle. Le pesant mutisme entretenu par le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden et la State Trading Corporation, épaissit le mystère autour de l’allocation des contrats pendant le Lockdown. L’on assiste ces dernières heures à un exercice de « pass boul » au sujet des directives pour retenir les compagnies Hyperpharm Ltd, Pack & Blister ou encore Bo Digital Co Ltd dans le cadre des approvisionnements de masques, de respirateurs artificiels ou encore de Thermal Cameras. Pressé de questions samedi matin après son exposé, Kailesh Jagutpal n’a visiblement pu fournir les explications sur les séquences de ces Emergency Procurement effectués à travers la State Trading Corporation en avançant que « ni minister lasante ni minister komers pann al rod person ». Il s’est gardé d’élaborer sur les liens allégués entre le General Manager de la STC, Jonathan Ramasamy, et ces compagnies qui ont bénéficié de ces contrats valant des centaines de millions de roupies.
Pour l’heure, les explications restent attendues quant à la sélection de Pack & Blister, la compagnie espagnole, qui a été payée le 3 avril dernier Rs 476 329 362 pour cinq millions de Surgical Masks, 100 000 Personal Protective Equipment (PPE), cinquante Ventilators et un million de masques N95 et un autre contrat de Rs 35,7 millions. Personne au niveau du ministère de la Santé ne veut s’aventurer à expliquer comment cette compagnie est apparue sur le radar des autorités et a été choisie sous les regards du National High Level Committee sur le Coronavirus, avec des représentants du Prime Minister’s Office, dont le Senior Adviser et porte-parole du gouvernement, Zouberr Joomaye. On affirme que ce choix relèverait de l’intervention de certains Top Guns du gouvernement avec le rubber-stamping de certains hauts fonctionnaires. D’ailleurs, des officiels de la Santé soutiennent qu’il est grand temps que les parties concernées, notamment le ministère du Commerce et la State Trading Corporation, viennent « set the record » au sujet de leur participation dans ces dossiers.
Par ailleurs, Red Jewels Ltd, une compagnie de bijouterie ne figurant pas dans la liste déposée par Kailesh Jagutpal à l’Assemblée nationale, a obtenu un contrat de 100 000 masques KN95 le 19 mars dernier. Le document qui circule indique que le patron de Red Jewels, Kistna Jagannada Reddi, a informé le Senior Chief Executive du ministère de la Santé, Chetandeo Bhugun à cette date qu’il s’enregistrait « as a potential supplier to your ministry for informal quotation, Restricted bidding, and among other regarding procurement of FFP2, KN95 and N95 and other filtering facepiece ». Et d’un trait de plume, le SCE a accepté, « under Emergency Procurement », de prendre 100 000 masques KN95 de Red Jewels Ltd.