Je m’appelle “Rose-Hill” et j’ai honte

ROSALIE EPLORÉE

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La « Colline Rose » que je suis, aurait-elle besoin de lunettes roses pour voir les choses autrement?  À vous de me dire !

Quand je contemple mes rues, j’ai froid au dos même en plein été !  Je frémis pour mes piétons qui déambulent le long des rues, la tête baissée pour être sûrs de ne pas tomber dans un trou, de ne pas se fouler la cheville ou se casser un membre. Ils ne peuvent plus lever les yeux pour dire « bonjour » aux gens qu’ils croisent et qu’ils connaissent et à qui ils veulent peut-être sourire. Que dire des voitures !  Je les observe chacune dans leur slalom pour éviter les trous béants ou ménager leurs ressorts.  Car… c’est sûr que la note salée des réparations reviendra au propriétaire de la voiture et non à la municipalité.  Aux heures de pointe, ce slalom ralentit considérablement le trafic et joue, sans nul doute, sur la santé nerveuse de mes usagers de la route.  Pour ne parler que de quelques-unes car la liste serait trop longue : Célicourt Antelme, Malartic, Gordon, Ambrose, Labourdonnais, j’en passe !

Quant aux trottoirs, peut-être que la loi a changé et qu’on a oublié de m’informer, ils sont maintenant aux voitures… et les piétons doivent faire le détour sur la route au risque de se faire brosser par une motocyclette ou une voiture. Ils ont tout pour nourrir les ostéopathes, les kinésithérapeutes et les orthopédistes !

Que dire de mes bâtiments !  Lever les yeux un peu plus haut et les contempler, me donne le malaise, si ce n’est le vertige.  Plusieurs d’entre eux, pour ne pas dire beaucoup d’entre eux, tombent en ruine mais continuent à trôner fièrement avec leur couche d’humidité ou la noirceur qui s’est installée au fil des ans.  Certains sont détruits, mais le spectacle qui reste est désolant.

Mes oreilles sont aussi atteintes par la pollution sonore de ces voitures qui circulent en toute impunité, toutes les fenêtres ouvertes, imposant aux autres leur musique.  Puis il y a ce qu’on retrouve dans toutes les villes et dans toute l’Ile Maurice : les passages piétons sont souvent pour les chiens qui maintenant traversent après avoir soigneusement regardé à droite et à gauche.  Les piétons, eux, traversent où ils veulent, quand ils veulent et imposent de la main, que les voitures s’arrêtent !  Who cares?  Les passages piétons sont un risque… car là aussi, il semble que la loi a changé sans que j’en sois informé, voitures d’abord, chiens ensuite, piétons s’ils peuvent !

Nous avons des messieurs et des dames qui tous les jours avec beaucoup de courage et de dignité, ramassent les ordures des autres, balaient les papiers, les sacs en plastique et autres, nonchalamment jetés ça et là.  À quand des citoyens responsables, désireux d’apporter leur pierre à la construction de la ville, de respecter les lois, de sortir de l’individualisme pour prendre conscience que l’autre compte et que ma liberté s’arrête quand commence celle des autres ?

Je ne peux m’empêcher de revenir sur mes années passées où j’étais une ville qu’on montrait du doigt pour ma propreté, pour les améliorations de tout genre apportées. J’ai mal et j’ai honte d’être pointée du doigt pour le laisser-aller, la laideur !  Quand il m’arrive de traverser certains endroits du pays gérés par les Conseils de District, j’en suis jalouse. Je crois qu’ils ont à apprendre à nos élus de la municipalité !

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