Journée mondiale de la Santé : Les personnels de santé méritent notre reconnaissance 


S.E.M. VINCENT DEGERT,
Ambassadeur de l’Union européenne
auprès de la République de Maurice

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Le thème qui a été choisi cette année pour la Journée mondiale de la Santé est ‘Pour un monde plus juste et en meilleure santé’, un monde confronté depuis plusieurs mois déjà à une pandémie qui n’a épargné aucun continent.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a dans ce contexte désigné l’année 2021 ‘Année internationale des personnels de santé et d’aide à la personne’ en raison de leur engagement constant dans la lutte contre la pandémie de la COVID-19.

Depuis sa diffusion aux quatre coins de la planète, les personnels de santé, en première ligne du combat contre le virus, ont payé un lourd tribut. Dans une étude publiée au début de février, l’OMS estime que  « Les travailleurs de la santé ont connu un risque d’infection plus de trois fois plus élevé que celui de la population générale entre la mi-mars et la mi-mai 2020 ». Chacun se souvient du Docteur Li Wenliang, ce médecin chinois, connu comme le lanceur d’alerte de l’épidémie, qui est mort le 7 février 2020 à l’âge de 33 ans des suites du coronavirus. À Maurice, le Docteur Bruno Cheong est lui aussi décédé des suites du coronavirus qu’il avait contracté, alors qu’il soignait ses patients. Afin de lui rendre hommage, l’Hôpital de Flacq où il exerçait a été renommé en son honneur en octobre dernier. Bien d’autres frontliners de la santé ont ainsi perdu la vie en soignant les autres sans jamais renier leur serment d’Hippocrate. Face aux vagues successives, les personnels de santé œuvrent sans relâche depuis plus d’un an pour soigner les malades atteints de la COVID-19, tout en continuant à traiter ceux qui souffrent de tant d’autres pathologies. Au-delà des applaudissements et encouragements, ils méritent notre reconnaissance et il est donc tout à fait logique que cette Journée mondiale de la santé leur soit dédiée.

À l’heure où l’Organisation mondiale de la Santé appelle à ‘Protéger. Investir. Ensemble’, il faut effectivement investir dans l’acquisition de matériel médical d’urgence pour accueillir les cas les plus graves, augmenter les capacités de tests et de traitement de la COVID-19 et d’autres maladies, renforcer les protocoles de traitement des malades atteints de COVID-19 et former les personnels hospitaliers pour consolider leurs capacités face aux crises sanitaires. Ces objectifs sont au centre de l’appui budgétaire que nous apportons à Maurice pour accompagner les efforts des personnels de santé qui sont aujourd’hui à nouveau pleinement mobilisés.

Le bilan de la pandémie à ce jour ne peut nous laisser indifférents : plus de 127 millions de cas, près de 2,8 millions de décès. Au cœur de la riposte à travers le monde, campagnes de vaccination et mesures de restriction de mouvement, de confinement ou de couvre-feu. Toutefois, le virus continue de circuler et l’apparition de variants n’arrange pas les choses en accélérant sa propagation et sa virulence.

Le 30 mars dernier, le Directeur de l’OMS et vingt-quatre chefs d’États, y compris le président du Conseil européen, M. Charles Michel, appelaient dans une tribune à créer un « traité international sur les pandémies » pour renforcer la coopération internationale pour la préparation et la riposte aux pandémies.

S’il y a bien une chose que cette pandémie nous a apprise c’est que nous ne pourrons arriver à l’arrêter qu’en travaillant ensemble. Aucun État ne peut seul en venir à bout. Et il est évident que tant que nous ne serons pas tous à l’abri de ce virus, personne ne le sera.

Il faut rapidement tirer les leçons de cette crise et mieux se préparer pour l’avenir. Comme le dit justement le Président du Conseil européen, la question n’est pas de savoir « si » mais « quand » une nouvelle pandémie peut survenir. Il faut s’y préparer et le faire en travaillant ensemble qu’il s’agisse de partager des informations sanitaires essentielles, de mettre en commun des moyens ou de faire preuve de solidarité envers ceux qui en ont le plus besoin.

L’objectif de ce traité international sur les pandémies serait, sous l’égide de l’OMS, de renforcer les capacités nationales, régionales et mondiales ainsi que la résilience aux futures pandémies pour mieux les anticiper, s’y préparer et y répondre. Il s’agirait concrètement d’améliorer les systèmes d’alerte, la mise en commun des informations, la recherche, ainsi que la production et la distribution de vaccins, de médicaments, de produits de diagnostic et d’équipements de protection individuelle.

Sur la question de l’accès à des vaccins sûrs et efficaces :

Les Chefs d’États et le Directeur de l’OMS ont évidemment abordé la question centrale des vaccins. Dans leur tribune, ils s’engagent à : « garantir un accès universel et équitable à des vaccins, à des traitements et à des produits de diagnostic sûrs, efficaces et abordables pour cette pandémie et celles qui suivront. La vaccination est un bien public mondial et il nous faudra être en mesure de développer, fabriquer et déployer des vaccins dans les plus brefs délais. »

C’est pour cette raison que l’Accélérateur ACT – dispositif destiné à accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19, et en particulier sa composante vaccins « la facilité COVAX » –, a été mis sur pied. Son objectif est de promouvoir l’égalité d’accès aux tests, aux traitements et aux vaccins et d’apporter un soutien aux systèmes de santé à l’échelle de la planète. Si elle a déjà livré 33 millions de doses dans 74 pays y compris à Maurice, la facilité COVAX connaît malheureusement des difficultés, en raison d’un côté des retards de livraisons de certaines entreprises productrices, de l’autre des restrictions ou interdiction d’exportation qu’appliquent certains pays producteurs pour réserver prioritairement les vaccins pour leurs besoins nationaux. Au niveau de l’Union européenne, nous continuons à soutenir la facilité Covax, à laquelle nous contribuons significativement, afin qu’elle puisse livrer suffisamment de doses d’ici à la fin de l’année, prioritairement dans les pays à moyens et faibles revenus ; l’objectif reste dans un premier temps de leur permettre de vacciner au moins 20% de la population, parmi les plus vulnérables et les frontliners, puis de leur faciliter l’accès aux quantités de vaccins qui devraient être excédentaires en fin d’année ou au début 2022.

Sur le principe central « Un monde, une santé » :

Le traité international sur les pandémies serait par ailleurs basé sur le principe « Un monde, une santé » qui relie la santé des humains, des animaux et de notre planète. La pandémie, dont l’origine a fait l’objet de nombreuses hypothèses – depuis la chauvesouris en passant par le pangolin ou un autre animal transmetteur, voire une fuite de laboratoire –, a en tout cas mis en relief l’interdépendance entre l’homme et la nature. Dans cette région de l’océan indien, le concept de ‘One Health’ qui combine santé humaine et santé des animaux est déjà en vigueur. Le réseau de surveillance épidémiologique SEGA One Health financé par l’AFD et l’Union européenne et mis en œuvre par la Commission de l’océan Indien permet aux États membres (Comores, Madagascar, Maurice, Réunion et Seychelles) de mieux se préparer et de répondre aux pandémies et aux zoonoses à travers la détection précoce et le partage d’informations. Ce réseau, qui a été utile pour faire face aux épidémies de dengue et de chikungunya, est activé dans le contexte de l’épidémie de coronavirus ; c’est un exemple concret de la coopération régionale qui est à l’œuvre pour faire face à la pandémie. Car ce n’est qu’ensemble par la solidarité régionale et mondiale que nous pourrons sortir durablement de cette crise et mieux nous armer pour faire face aux suivantes.

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