La presse mauricienne marque ses 250 ans d’existence

Mercredi 13 janvier 1773 paraissait la première édition d’Annonces, Affiches et Avis Divers pour les Colonies des Isles de France et de Bourbon. La presse mauricienne prenait naissance. Au cours de ces 250 années, elle assumera son rôle de pionnier dans l’hémisphère Sud, loin du nombril du monde, qui était l’Europe.

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L’ambition de Nicolas Lambert, en publiant cette première gazette à Maurice, était des plus modestes mais avec une portée historique incommensurable. Certes, dans ce premier numéro mis en vente ce 13 janvier 1773, les deux principaux événements de ce jour n’y figuraient pas.

En effet, ce jour-là, le Grand Orient de France, avec ses 600 loges, succédait à la Grande Loge de France. Puis, l’explorateur James Cook traversait pour la première fois le cercle polaire de l’Antarctique.  Les moyens de communication de l’époque, étant ce qu’ils étaient, n’étaient nullement appropriés pour une retransmission en Live and Direct des événements dans le monde.

Comme c’est le cas aujourd’hui.

Mais l’histoire de ces 250 ans de la presse mauricienne est surtout celle d’hommes et de femmes, qui se sont succédé au fil des années, pour entretenir cette flamme de la liberté, léguée par Nicolas Lambert. Quand on parle d’hommes et de femmes, nul ne peut faire abstraction de la grandeur des uns ou des travers des autres dans le combat incessant en faveur de cette liberté de la presse, qui n’a pas de prix. Mais tous ceux, qui se sont engagés au nom de la presse, ont apporté, à leur façon, la pierre à l’édifice au cours de ces 250 ans. Un exemple :  peut-on oublier la plume de Mark Thumb II dans la lutte menant à l’indépendance du 12 mars 1968 ? Les écrits restent.

Toutefois, les professionnels de la presse des années 70 se rappelleront les misères subies avec la censure de la presse, notamment aucun article de presse ne peut être publié sans le visa des Casernes centrales. Aucun titre de presse n’échappait à ce contrôle impitoyable. Et ce, jusqu’au 9 septembre 1976.

Les cicatrices de cette période noire pour la presse sont encore visibles dans les archives des rédactions.

Pourtant, l’Histoire retiendra que l’ombre de ce même Mark Thumb II, habillé d’un autre manteau politique, y planant.Le pouvoir, qu’il soit politique ou économique, a toujours été allergique à la soif de la presse pour un espace de liberté d’expression davantage sans contrainte et plus aéré. Loin des carcans hégémoniques ou des velléités autocratiques, d’autant que cette dernière expression prend de plus en plus d’importance dans le monde d’aujourd’hui.

Tout au long de ces 250 ans d’Histoire, la presse mauricienne a connu des hauts et des bas. Elle a su redresser la tête grâce à la conviction des hommes et des femmes engagés professionnellement.

Plus important, elle a su compter avec le soutien indéfectible et fidèle d’autres hommes et femmes constituant son lectorat ou encore ce qu’on appelle volontairement les amis de la presse.

Sans ces lecteurs, plus anonymes que vedettes, et dont le profil a connu des transformations au fil des années, la presse mauricienne aura connu un sort différent aujourd’hui. Certes, dans la conjoncture, avec des facteurs hors du contrôle des Newsrooms, comme les coûts des intrants, l’économie de la presse à Maurice traverse une passe délicate.

Aucune exception.

Telle est la situation dans le monde. Il n’y a pas de formule magique. Comme tout secteur de l’économie, la presse a besoin d’être profitable pour survivre et assurer cet espace de liberté.

La technologie aidant, le monde sent le besoin d’être informé constamment.  Donc, un marché à prendre.  Mais cette même technologie se veut être un couteau à double tranchant. Elle permet de croire à une gamme de lecteurs encore plus élargie avec en complément un désir de plus en plus pressant d’avoir tout cadeau. Rien à payer en retour pour les nouvelles.

C’est dans cette circulation gratuite que se trouve l’un des plus gros risques pour la presse. Pas seulement à Maurice. D’autant plus que l’item News porte en lui-même une date de péremption quasi instantanée.

Toujours technologiquement parlant car ce facteur déterminant ne faisait pas partie de la Matrix de Nicolas Lambert ce mercredi 13 janvier 1773.

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