Le beau et… la « bête »

Est-ce que lors de la dernière séance parlementaire, Pravind Jugnauth aurait confondu « kess savon » pour meeting populaire et hémicycle ? Car s’il fallait une énième frasque, une ixième bourde pour que l’auguste temple de la démocratie soit catalogué de palais de la honte, cette étape a bel et bien été franchie ce mardi ! L’Assemblée nationale a pour mandat d’héberger des débats d’un niveau mature de la part de “honorable members” responsables. Mais le petit jeu auquel se sont adonnés Pravind Jugnauth et son député, Kavi Doolub, ne rendent aucun Mauricien fier. Écouter un Premier ministre, chef d’un gouvernement donc, autorité suprême d’un pays, se délecter de manière jouissive en énumérant des produits pharmaceutiques à usage privé trouvés dans le coffre de son rival, Navin Ramgoolam, en 2015, ça donne envie de vomir !
Alors que les citoyens de ce pays croulent sous une masse de prix exorbitants et arrivent péniblement à joindre les deux bouts, ces deux-là n’ont trouvé rien de plus important à faire. Aucun Mauricien respectable ne peut “kondone” ce lamentable numéro de voyeurisme, empreint de vulgarité et de “cheap politics”, tant dans le ton que dans la façon de faire.
Si Pravind Jugnauth, en anticipant les prochaines élections générales, craint à ce point le leader des Rouges, son ennemi juré, son odieux numéro au Parlement, devant ses “chatwa” se gondolant, n’est-il pas preuve que l’homme panique ? Difficile, autrement de comprendre une telle obsession pour la vie privée de Navin Ramgoolam, au point d’utiliser le moindre détail pour chercher à souiller ce rival !
Détourner et pirater ainsi la Prime Minister’s Question Time (PMQT), destinée aux questions d’ordre national, pour énumérer et gloser sur les ingrédients et effets de ces produits chimiques à usages très privés des contenus du coffre-fort de l’ancien Premier ministre, soit Pravind Jugnauth est sérieusement en train de perdre le nord, soit il prend tous les Mauriciens pour une bande de ploucs !
La (stupide et minable) manœuvre de ce mardi n’a eu d’autre effet que d’augmenter le capital de sympathie envers Navin Ramgoolam. Et ce, tant de la part de ceux qui sont ses partisans et die-hard du Labour que ceux qui ne le sont pas ! Car l’erreur digne d’un bleu qu’a commis Pravind Jugnauth a eu un effet boomerang.
Tout Mauricien décent et respectueux est dégoûté de voir ainsi un Premier ministre, et père de trois jeunes femmes, s’épandre sur la vie privée, et de surcroît sexuelle, de l’ancien Premier ministre ! Le plaisir difficilement caché de Pravind Jugnauth à énumérer et préciser les effets de ces produits, soutenus par ces petits commentaires dégoûtants, comme sa référence à « la bête », n’ont eu d’autre résultat que de faire sérieusement remettre en question la moralité de ceux qui nous gouvernent. Et quand on se souvient que l’ancien Premier ministre, ex-mentor et géniteur du même Pravind Jugnauth, est l’auteur de la triste formule qu’est « moralite napa plin vant », doit-on s’en étonner ?
Dans un registre tout autre, le judiciaire a, une fois encore, prouvé, dans le meurtre de Fareeda Jeewooth, survenu en mars 2020 en plein confinement sanitaire, qu’il demeure le dernier rempart contre les injustices. La sentence prononcée par le juge Luchmyparsad Aujayeb s’agissant des peines infligées au beau-père incriminé autant que la mère biologique, complice du coupable, ne ramènera pas à la vie la pauvre enfant, certes. Mais ce verdict sévère a de quoi faire réfléchir ceux et celles qui « oublient » trop souvent qu’un enfant est un être sans défense.
Par ailleurs, les tracasseries de l’ancien Attorney General et membre fondateur de Linion Pep Moricien (LPM), l’avocat Rama Valayden, ne semblent pas finies. Après une nouvelle interpellation ce vendredi, et avec une charge d’agression sur officier qui a été retenue contre lui, l’homme de loi serait-il donc « dans le radar » de certains qu’il dérangerait sérieusement ?
Le climat de terreur que certains cherchent à distiller dans le pays n’augure rien de sain. À un moment où l’île parvient graduellement à se relever de la crise du Covid-19, où le tourisme réussit à reprendre des couleurs, quelle est l’utilité de faire usage de répression et d’intimidation ? À moins que l’on veuille à tout prix cacher certaines vérités trop… dérangeantes !

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