Les chiffres et la réalité!

Très vite, ce sera le 1er octobre. Un an depuis la réouverture totale des frontières du pays, permettant à l’industrie du tourisme, à l’arrêt depuis mars 2020, de retrouver ses marques. Compte tenu du poids de ces activités et du rayonnement au niveau du tissu socio-économique du pays, il est des plus légitimes que l’heure soit à un premier bilan et surtout aux perspectives avec la nouvelle pointe de saison touristique de cette fin d’année.

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D’emblée, force est de constater que cette transition post-Covid ne s’est nullement déroulée dans des conditions idéales pour une remise en orbite du tourisme. Le « rouge écarlate » de la France en décembre dernier a fait perdre à la Peak Season ses premières illusions. Puis, la décision de Vladimir Poutine de mettre son nez dans les affaires de Volodymyr Zelensky a encore envenimé la situation.Ce cocktail, alimenté par des ingrédients découlant du post-Covid-19 et de l’invasion russe en Ukraine, se présente sous la forme du retour de l’hydre de l’inflation et ses séquelles sur le pouvoir d’achat. Puisqu’il est question de chiffre, un détail qui ne devra pas passer inaperçu avec la moyenne du coût du billet d’avion au départ de France ayant augmenté de 43,5% en juillet comparativement au même mois d’il y a un an…

Cette réalité du ticket d’avion sur ce qui est l’un des principaux marchés d’approvisionnement en touristes pour Maurice devrait automatiquement provoquer un sursaut. Sans compter que la préoccupation quasi-unanime à travers l’Europe se situe à deux niveaux, soit la fièvre inflationniste ou encore les appréhensions sur le marché du combustible de chauffage pour le prochain hiver.La réalisation de cet objectif quantitatif, visant à atteindre 1,4 million de touristes d’ici le 30 juin 2023, objectif élaboré par Steven Obeegadoo, en complément au million de Renganaden Padayachy d’ici la fin de cette année, placera ce secteur économique sur les rails.

Ce sera un Achievement éminemment positif à tous les points de vue. Néanmoins, la finalité du tourisme mauricien doit-elle se résumer à un chiffre ? Se donne-t-on les moyens logistiques et stratégiques pour attirer ces 1,4 million de touristes d’ici juin 2023 et assurer sa dimension durable ? La formule de Sea, Sand and Sun fait-elle encore recette à une époque où les effets du changement climatique sont si abrupts et catastrophiques sur l’environnement ?Ou encore le tourisme mauricien nage-t-il à contre-courant? La tendance post-Covid à l’international est de privilégier le Short Haul. C’est du moins la leçon retenue de la période des dernières grandes vacances, qui viennent de prendre fin en Europe.

L’autre question pertinente demeure si le bouquet de produits touristiques offerts est suffisamment bien achalandé et attrayant pour convaincre ce Long Haul Visitor à privilégier le choix d’effectuer le grand saut au Paradis de l’île Maurice?Dans la conjoncture, le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme concède que Maurice souffre d’un déficit avec du retard accusé pour ranimer la clientèle du marché d’à-côté, soit celle de l’île de La Réunion. Le touriste venant de la région constitue un apport à ne pas négliger. Ce qui ne voudra pas dire qu’il faut tout autant dédaigner les marchés éloignés.Le tourisme régional n’est nullement le terrain de chasse des Big Majors de l’industrie, qui sont déjà engagés dans des campagnes de Rebranding et de rénovation. Avec la formule All Inclusive, ces opérateurs font preuve déjà de la maîtrise de l’équation qualité/quantité.Mais quid de cette frange de l’industrie hôtelière, hors du circuit des enseignes connues et de réputation, ces dernières  ayant bénéficié jusqu’ici du soutien à coups de dizaines de milliards de la Mauritius Investment Corporation, la filiale de la Banque de Maurice? Au nom de la protection de l’intégrité du système bancaire.

La clientèle régionale est davantage l’affaire d’une catégorie d’opérateurs que ce soit dans des zones côtières ou urbaines, avec en complément le réseau de restaurants, de Food Outlets et autres commerces dans le circuit des Shopping Malls. Mais tout aussi important pour arriver aux 1,4 million de Steven Obeegadoo. Le chiffre pre-Covid est de 3 246 opérateurs.

La réalité veut que pour éviter de se retrouver dans la même posture que celle du ministre Bholah, qui parlant au cours de la semaine d’une croissance de 18,7% des exportations, n’avait pas remarqué que la facture d’importation avait explosé de 67,8% en même temps.Car avec les chiffres, qui ne peuvent tout transmettre de la réalité intrinsèque du vécu sur le terrain, du recul et des perspectives s’imposent.

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