L’espoir fait vivre…

Sur le gril de l’inimitable Bye Habib, cette semaine, dans le cadre des 53 ans du MMM, Paul Bérenger, emblématique leader des Mauves, a souhaité clore l’interview sur ces mots : « Mo dimann bann zen napa bes lebra. Pa kit pei ale. Pa perdi lespwar ! » Sachant qu’une foule de choses ne tournent pas rond dans ce pays, et pas depuis peu, sachant que de plus en plus de nos jeunes préfèrent aller tenter leur chance à l’étranger, pour une horde de raisons, ces mots venant d’une figure aussi adulée que respectée que Paul Bérenger touchent forcément, et émeuvent.

- Publicité -

C’est à l’image d’un père qui encouragerait ses enfants qui passent par une épreuve difficile, et dont dépend leur avenir. Et c’est fort de sa longue carrière en politique, jalonnée d’actes et de prises de position louables, que l’on comprend que ce personnage prie presque de ne pas baisser les bras. Certes, ne soyons pas naïfs, Paul Bérenger et le MMM ne sont pas parfaits, et ont commis des ratages. Les scores lors des dernières législatives, entre autres, l’ont prouvé. L’exode de nombreux de ses plus brillants cerveaux, aussi. Nous n’évoquons certainement pas ici ceux qui sont devenus les nouveaux maîtres (et maîtresses) dans l’art du lèche-bottisme outrancier au moment opportun ! Bérenger, autant que le parti, et ceux qui y sont toujours, savent mieux que personne ce dont ils sont capables et quelles sont leurs limites. Dans son message, Paul Bérenger demande donc aux Mauriciens de ne pas céder aux sirènes d’un ailleurs plus vert. Mais d’avoir la patience d’attendre.

Seulement, voilà. Il y a une quinzaine d’années, mettons, cette requête aurait probablement ému et influencé de nombreux Mauriciens préparant leur avenir. Mais en 2022, à l’heure de l’argent-roi, avec des accros au pouvoir qui font la loi et qui ont prouvé ces dernières années ce dont ils sont capables en termes de corruption, ça ne marche plus. Hélas ! Et cette dichotomie s’explique par une foule d’exemples, récoltés au quotidien : traitement de deux poids, deux mesures du citoyen lambda contre le ou la proche d’un nanti; échec de fonctionnement de la plupart de nos institutions lorsque, sollicitées, en suivant la procédure normale.. Les exemples pullulent, au point que de plus en plus de nos compatriotes sont découragés, voire dégoûtés, et préfèrent justement aller voir ailleurs, tout en sachant que là-bas non plus ce ne sera pas du gâteau. Mais au moins, ce ne sera pas le piston ou une autre entourloupe qui prévaudra !

Quel parent lucide et réaliste accepterait actuellement que son enfant sacrifie ses sous durement gagnés et épargnés, et les nuits passées à étudier pour décrocher une formation solide, pour les miettes proposées ici ? Où méritocratie est un mot qui a perdu toute sa valeur. Dans un pays qui s’enfonce un peu plus chaque jour dans le népotisme et la corruption, où tout ou presque se joue sur la proximité des uns avec les princes (et princesses) qui tiennent les cordons du pouvoir, qui prend le pari d’attendre ?

En parlant de nos jeunes justement, les incidents les impliquant ces jours-ci sont légion. Le cas des mineurs agressés, par non pas des policiers mais par des citoyens, donne des frissons ! Depuis quand est-ce que les citoyens prennent la loi entre leurs mains et se font justice eux-mêmes ? Quelle que soit la faute ou le délit imputé à ces jeunes, est-ce là une façon de régler les choses ? Disons que ces adultes, eux aussi pères et mères de famille, n’aient plus confiance dans la police, cela ne justifie toujours pas leur comportement !

La violence n’est pas une solution. On se demande pourquoi ces citoyens n’ont pas tenté le dialogue tant avec ces jeunes qu’avec leurs parents, plutôt que de passer à l’acte ? Est-ce trop “Old School” pour eux ? La situation du “Law & Order” a-t-elle à ce point dégénéré dans notre pays que les citoyens en viennent à se faire justice ? Parler, écouter et discuter, même si l’on a des divergences de point de vue importantes, et que le ton monte, cela permet quand même une chose importante : crever l’abcès. Plutôt que d’en venir aux mains. Plutôt que de se faire justice soi-même.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -