L’état des centres de plongée à Maurice

SHAAMA SANDOOYEA

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La plongée sous-marine : se reconnecter

Je suis sur un bateau à moteur et avec quelques amis et je vais faire de la plongée en bouteille pour la première fois. Le moniteur de plongée me demande à plusieurs reprises si je vais bien et je réponds oui, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés sur le site. Après avoir écouté attentivement les instructions, je commence à m’équiper. Finalement, je file mon détendeur, je respire… 3, 2, 1, et hop je suis dans l’eau ! Je flotte, regarde autour de moi et aperçois les moniteurs de plongée. Dès que nous sommes tous prêts, nous dégonflons nos gilets et nous nous rapprochons petit à petit d’un monde vibrant de couleur.

Mon baptême de plongée a eu lieu plus de quatre ans de cela. Nous étions descendus à 8 mètres et aujourd’hui je repense toujours aux rayons de soleil qui transperçaient l’eau, aux poissons multicolores, et au sentiment de sérénité qui m’a enveloppé. Non, je n’exagère pas. En effet, tous les plongeurs pourront relativiser. D’ailleurs, une étude menée par la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM) a reconnu la plongée bouteille comme une activité « sport-santé » qui pourrait agir comme un médicament contre le stress. La plongée diminue l’angoisse car on se concentre sur sa respiration lente et calme et la pesanteur nous transporte loin de nos problèmes.

La plongée est beaucoup plus qu’une thérapie, elle nous permet de nous connecter à l’environnement naturel et de découvrir la vie marine. Dans le contexte de Maurice, nous sommes entourés d’eau et avons plus de mille espèces marines dans le lagon. Nous avons des herbiers marins, des algues, des coraux, des poissons, des raies, des tortues de mer, des étoiles de mer, des calmars, et plein d’autres formes de vie. La plongée est une activité qui sensibilise tout le monde sur les questions écologiques telles que le changement climatique ou la pollution.

Les centres de plongée à Maurice

sous-estimés et négligés

L’océan fait partie de la culture de l’île Maurice et plusieurs se lancent automatiquement dans un métier relié à la mer. Pour ces gens-là, le milieu marin est non seulement leur moyen de subsistance, mais est également leur maison. Les moniteurs de plongée nous ouvrent une porte qui nous mènera vers un monde sans équivoque. C’est d’ailleurs une des raisons pourquoi nous avons beaucoup de plongeurs non-mauriciens et de touristes qui viennent à Maurice. Cependant jusqu’à présent, les centres de plongée ne sont pas valorisés.

Ils étaient aux côtés des pêcheurs et des skippers à répondre présent face à la marée noire causée par le vraquier MV Wakashio en 2020. Malgré le premier confinement national peu avant, ils n’ont pas hésité à aller en mer dans le but de contenir l’huile lourde. En juin 2021, ils sont injustement pénalisés par les décisions du gouvernement. Ils n’ont pas le droit de travailler ou même d’accéder à leurs bateaux. La maintenance des équipements et des bateaux n’est pas une chose simple, et avec une absence de revenu, cela se complique pour les centres de plongée.

Tout comme la plupart d’entre nous, ces gens ont des prêts à rembourser, des bouches à nourrir et le coût de la vie à Maurice a drastiquement augmenté. Le subside du gouvernement ne leur permet pas de couvrir tous ces frais. Quelques personnes se retrouvent malheureusement obligées de s’engager dans des pratiques qui nuisent à l’environnement marin afin de nourrir leur famille. Ils demandent juste de pouvoir pratiquer leur métier pour qu’ils puissent gagner leur vie.

Le rôle potentiel des centres de plongée

Ils ont besoin de réinventer leurs procédures suite au Covid-19 mais étant disciplinés, ils se sont vite adaptés. Les protocoles de désinfection ont déjà été communiqués aux centres de plongée par le Divers Alert Network (DAN) et certains sont même certifiés « Covid-safe ». L’organisation internationale PADI a fait ressortir que les risques de contamination sont grandement réduits sous l’eau car chaque plongeur respire à travers son détendeur et utilise sa bouteille.

Effectivement, les centres de plongée pourront travailler avec un marché local en limitant les places et en appliquant les gestes barrières et les protocoles de désinfection. Ils peuvent aussi étendre leur champ d’activités et proposer des sessions de « snorkeling » pour ceux et celles qui ne peuvent pas s’engager dans la plongée en scaphandre autonome. De plus, les centres de plongée pourraient profiter de l’absence des touristes et devenir des restaurateurs des récifs et du lagon en étant formés et en devenant responsable des projets de conservation.

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