L’odeur d’une campagne électorale

Alors que la population n’a pas encore saisi la portée des mesures budgétaires, de la Social Contribution and Social Benefits Act adoptée au Parlement cette semaine, et n’a pas encore digéré les amendements apportés à 93 législations contenus dans l’Omnibus Bill qu’est le Finances Bill, sans compter les inquiétudes provoquées par la propagation rapide du Covid-19, qui a fait une nouvelle victime cette semaine, la voilà servie d’un document de 352 pages, soit le rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Britam.

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Les débats sur le Social Contribution And Social Benefits Bill se sont révélés être un dialogue de sourds entre le gouvernement et l’opposition. Le gouvernement s’est obstiné à imposer son plan de pension, qui devrait permettre à tous ceux qui auront atteint l’âge de 65 ans en 2023 d’obtenir une allocation de Rs 4 500 sur leur pension de vieillesse de Rs 9 000 touchée à partir de l’âge de 60 ans. L’opposition a insisté sur les contributions sur lesquelles dépend la viabilité à long terme de ce plan et qui, à terme, seront nettement insuffisantes dès 2023. On aurait pu penser que dans un Parlement démocratique, un comité aurait été invité à se pencher sur les points de vue des uns et des autres et, pourquoi pas, que l’on attente le jugement de la Cour suprême concernant certains points contestés par le secteur privé, avant de produire un texte consensuel au bénéfice de toute la population, mais il n’en a rien été. Le Finance Bill donne lieu également à de nombreuses interrogations, entre autres concernant la mainmise de l’État sur l’organisation des courses hippiques. Le MTC, qui organise les courses depuis 209 ans, est mis à l’écart du jour au lendemain.

En attendant, la propagation du Covid-19 et de ses variants continue d’affecter plusieurs secteurs, à commencer par celui de l’éducation. Plusieurs institutions secondaires ont été obligées de fermer leurs portes momentanément, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur le programme d’études. Il semble que de nouveaux protocoles seront émis afin de fermer les classes concernées plutôt que tout l’établissement. Attendons voir ! Plusieurs usines et bureaux, voire des institutions, dont des instances du judiciaire, ont été obligés d’interrompre leurs activités. Plusieurs produits ont disparu des supermarchés, parce que, dit-on, les fournisseurs ont été affectés par le Covid. Espérons que la compagne de vaccination, qui continue d’avancer, permettra d’y voir plus clair dans les semaines à venir.

Quant au rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Britam, instituée il y a quatre ans, il faut se rendre à l’évidence : la majorité de la population n’y comprend pas grand-chose ou en a complètement oublié les tenants et les aboutissants. Le seul élément qui ressort de la publication est sa portée politique. La remarque du Premier ministre, Pravind Jugnauth, mardi au Parlement, alors que les députés de l’opposition regagnaient leur siège après avoir boudé le discours de Steven Obeegadoo, n’est pas passée inaperçue. « Mo ti krwar zot pe lir rapor », devait-il lancer. Il connaît très bien la dimension politique de ce rapport, qui concerne son ancien collègue et collaborateur dans le gouvernement de sir Anerood Jugnauth.

À l’évidence, le gouvernement cible Roshi Bhadain. Ce dernier a donné une réplique cinglante en compagnie des membres du groupe Avengers jeudi. Il a annoncé qu’il donnera un nouvel éclairage dans une vidéo qu’il compte diffuser. Dans les milieux de la Plateforme de l’Espoir, on considérait jeudi que c’est une tentative maladroite du gouvernement de discréditer l’opposition. On estime que le rapport comprend de nombreuses failles et que les conclusions du rapport ne sont pas soutenues par des faits. Quant à Arvin Boolell, il estime que « le plus grand coupable est le régime de Jugnauth et la vengeance politique ». Tout cela sent l’odeur d’une campagne électorale. Les élections municipales seraient-elles derrière la porte ?

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