MIDDLE TEMPLE ASSOCIATION : La profession légale rend hommage à Sir Gaëtan Duval

Me Jacques Panglose : « SGD était le maître du contre-interrogatoire »

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Dans le cadre des célébrations entourant le 90e anniversaire de la naissance de sir Gaëtan Duval, respecté par ses pairs dans tous les domaines dans lesquels il a exercé, la Middle Temple Association a tenu une “Memorial Lecture” en hommage au tribun à la municipalité de Port-Louis. L’occasion pour certains membres de la profession légale qui l’ont connu de faire part d’anecdotes avec celui qui a façonné l’image du judiciaire, et qui y a laissé une empreinte indélébile, qui vogue de génération en génération.

Une Memorial Lecture sur le thème Sir Gaëtan Duval QC and the Rule of Law, pour démontrer que Gaëtan Duval, l’avocat, était un passionné de droit et le démontrait avec ferveur dans ses plaidoiries, et surtout lors de ses contre-interrogatoires, dans les procès criminels en cours de justice, où tous s’accordaient à dire qu’il était inimitable. Vinod Boolell, ancien juge de la Cour suprême, a été le premier a conté les péripéties de sir Gaëtan Duval dans les cours de justice. L’ancien juge de parler « of an incisive legal ability to make the difference and the way he took cases is a testimony of his contribution to the fields of criminal law and of funadamental rights ».
Selon lui, sir Gaëtan Duval avait « le talent de se positionner comme un homme du peuple, car il portait de l’attention à toute personne dans le besoin ». Et d’avancer que le tribun s’inspirait de l’autre illustre homme de loi Jules Koenig et « avait hérité de sa manière dure et théâtrale ». Sir Gaëtan Duval, poursuit-il, était un « modèle d’inspiration pour tous ceux qui pratiquent le droit et une inspiration pour la génération d’avocats qui suivra ».
Évoquant une affaire dans laquelle il était opposé à sir Gaëtan Duval, il a dit se rappeler sa vivacité. « Même quand on pensait qu’il n’écoutait pas, il ne laissait rien lui échapper en cour », dit-il. Ainsi, de le voir plaider en cour « was like watching a play in a theatre ».
Narghis Bundhun, présidente du Bar Council, se souvient pour sa part de sir Gaëtan Duval lorsqu’elle avait débuté sa carrière d’avocate, en 1993. « Il respectait tout le monde et n’avait jamais une once de condescendance. Il était respectueux et respecté pendant ses 41 ans de pratique au Barreau et cette riche carrière qu’il a eue. »

Maître du contre-interrogatoire

Me Jacques Panglose, G.O.S.K, un de ceux ayant longtemps côtoyé sir Gaëtan Duval, devait rappeler un des premiers combats de ce dernier lorsqu’il est entré en politique, soit de redonner de l’élan à la langue française, à une époque où le pays était sous le joug du colonialisme britannique et où la langue anglaise dominait. En ce qui concerne la carrière d’avocats de sir Gaëtan Duval, Me Panglose d’avancer que ce dernier « avait une façon originale d’enseigner le droit aux plus jeunes ». Il a ainsi relaté sa première rencontre avec sir Gaëtan Duval, lorsqu’on lui avait dit d’aller le rencontrer à son bureau pour l’apprentissage du droit. Les premières paroles que le tribun lui avait dites étaient : « C’est le bon Dieu qui t’envoie ! »
Autre anecdote relatée : lorsque sir Gaëtan Duval était poursuivi devant le tribunal de Flacq pour avoir commandité l’assassinat d’Azor Adélaïde, et encore lorsqu’un dénommé Samboo, l’avait approché en cour, alors accusé, pour le défendre dans une affaire où il aurait attenté à la vie de sir Anerood Jugnauth avec un revolver à l’arrière de la tête. Sir Gaëtan Duval avait alors accepté de le défendre, et avec quelques mots précis prononcés lors du contre-interrogatoire de sir Gaëtan Duval, il avait réussi à faire acquitter son client. Et Me Panglose de soutenir ainsi que sir Gaëtan Duval était le maître du contre-interrogatoire. Aussi, quelqu’un qui croyait au “rule of law” et au besoin de défendre les plus démunis.
Paul Cheung Leung, ex-Attorney General de 1977 à 1982, avait été candidat aux élections générales dans les années 70 dans le même parti que sir Gaëtan Duval. Il rappelle ainsi que c’est après une coalition gouvernementale, en 1976, que sir Gaëtan Duval lui-même lui avait demandé d’accepter le poste d’Attorney General. Il lui avait alors expressément demandé de veiller à préserver l’indépendance du judiciaire en jetant en oeil sur la bonne tenue du Privy Council comme dernier recours d’appel. Selon lui, sir Gaëtan Duval avait aussi permis à ce que des magistrats à Maurice puissent aller à l’école de magistrature de Paris. Paul Cheung Leung de qualifier alors sir Gaëtan Duval « as one of the best legal brains that Mauritius has produced ».
Xavier-Luc Duval, qui s’est adressé à la presse à la fin des exposés, a rappelé le combat de sir Gaëtan Duval pour séparer la politique du judiciaire, « car il avait compris ce qui arriverait » si la politique se mêlait au judiciaire. « La liberté fondamentale et la démocratie sont les piliers des actions politiques. »
L’occasion fut donnée aussi lors de cet évènement de faire honneur aux nouveaux avocats qui ont prêté serment dernièrement et de leur souhaiter du courage pour l’avenir.

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