Motion de blâme : le bilan gouvernemental sous la loupe

Les travaux parlementaires reprendront ce mardi après une semaine de repos en raison de la fête Eid ul-Fitr, qui a été célébrée à travers le pays. On s’attend à ce que la motion de blâme déposée le 25 avril par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, contre le gouvernement constitue le plat de résistance de cette séance parlementaire.

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La présentation d’une motion de blâme est une démarche extrêmement importante dans le cadre d’une démocratie parlementaire. L’article 57 (1) (a) de la Constitution de Maurice stipule que « where the Assembly passes a resolution that it has no confidence in the Government and – (i) the Prime Minister does not within 3 days either resign from his office or advise the President to dissolve Parliament within 7 days or at such later time as the President, acting in his own deliberate judgement, may consider reasonable, the President, acting in his own deliberate judgement, may dissolve Parliament ».

Une telle motion peut déboucher sur la démission du Premier ministre, voire la dissolution du Parlement, si le gouvernement ne dispose pas d’une majorité claire. En annonçant la présentation de sa motion lors d’une conférence de presse, Xavier-Luc Duval n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Il avait ainsi fait comprendre que si le gouvernement ne pouvait résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté, il n’aurait qu’à « lev pake ale ».

Tenant compte du fait que le gouvernement dispose d’une majorité numérique à l’Assemblée nationale, il devait subséquemment nuancer ses propos en soulignant le caractère rarissime d’une motion de blâme, qui est servie dans des circonstances exceptionnelles. Il devait également préciser que son but consiste à « amener le gouvernement à renverser sa politique malsaine, à revoir ses priorités et à prendre les mesures importantes afin d’aider la population ». Il devait réclamer la baisse des prix des produits de base ainsi que ceux de l’essence et des médicaments, et surtout de mettre un frein à la dépréciation de la roupie.

En fait, cette motion est une occasion pour le gouvernement de faire un bilan de sa gestion depuis novembre 2019. Lors de son intervention à l’occasion de l’Eid Milan Party, mardi dernier, le Premier ministre avait reconnu la nécessité pour chaque citoyen de faire son introspection qui, en des termes plus simples, veut dire son autocritique. Cette démarche devrait s’appliquer au gouvernement en premier lieu, et à l’opposition ensuite. Il avait par la même occasion reconnu la nécessité de réfléchir sur les mesures à prendre pour aider le pays en entier, et en particulier les plus vulnérables.

Dans la mesure où les débats parlementaires se déroulent dans le respect de la démocratie parlementaire, avec la possibilité pour chaque intervenant de s’exprimer librement dans un cadre bien défini par avance, la séance de mardi pourrait être un grand moment de la vie parlementaire. On s’attend à des débats francs sur la gouvernance, qui est au cœur du développement du pays. La situation dans de nombreux pays du monde est là pour nous montrer ce que peut devenir un pays où la gouvernance fait défaut, où les institutions importantes faillissent à leurs tâches, où la séparation des pouvoirs n’est pas respectée et où la méritocratie est ignorée.

La hausse vertigineuse du coût de la vie, l’appauvrissement de la population, la gestion économique et financière du pays, les gaspillages et la corruption devraient occuper une place importante durant les débats. La situation climatique, l’environnement, le développement durable et la politique énergétique ne seront pas oubliés. Si tout se passe bien, la population devrait y voir plus clair dans la situation économique, sociale et démocratique qui prévaut dans le pays.
À ce stade, on ne sait si la motion sera mise au vote, mais on s’attend à ce que le pays sorte gagnant et qu’il soit au centre de la préoccupation des parlementaires.

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