Motion de blâme : tirer la sonnette d’alarme 

La motion de blâme du leader de l’opposition contre le gouvernement a, comme prévu, retenu l’attention de tous les observateurs politiques cette semaine. Xavier-Luc Duval s’est, lors de la présentation de sa motion, secondée par Paul Bérenger, positionné comme le héraut de la population, des gens ordinaires, des gens de la rue.

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« Des milliers de familles mauriciennes sont au bord du désespoir », devait-il lancer dès le début de son discours, avant de dresser un tableau de la situation dans laquelle vivent les Mauriciens aujourd’hui.
Il a, à ce propos, dressé une liste des problèmes qui affectent le pays, notamment la flambée des prix, les gaspillages du gouvernement, l’endettement du pays, la corruption, la situation du Covid, le renvoi des élections municipales et la démocratie.

« Il est de mon devoir de tirer la sonnette d’alarme sur le manque de vision de ce gouvernement, la désinvolture dont il fait montre et son incapacité à comprendre la vraie réalité de notre peuple », devait-il affirmer. Il faut reconnaître que son discours a été écouté avec attention par l’ensemble de l’Assemblée. Il est bon que priorité ait été donnée aux débats sur cette motion, qui ont débuté après les interpellations parlementaires, et que la séance n’ait pas duré toute la nuit, comme on l’appréhendait.

Toutefois, sur la base de la première mi-temps de mardi, et en attendant la deuxième, hier après-midi,  les répliques données par les membres de la majorité mardi nous avaient laissés sur notre soif. Visiblement, leur stratégie consistait à banaliser la motion et à la considérer comme un gaspillage de temps. Ce qui est dommage. D’autres n’ont pas lésiné sur le recours à des propos démagogiques, notamment en accusant le leader de l’opposition d’inciter aux émeutes et à la colère de la population, alors que ce dernier a maintes fois expliqué que c’est justement cela qu’il veut éviter.

Aucun intervenant de la majorité, en particulier les ministres, n’est venu avec une analyse sérieuse de la situation dans le domaine où il est affecté ou des difficultés auxquelles il est confronté. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous attendions avec impatience l’intervention des ténors, dont le Premier ministre, qui devaient clôturer les débats, avant que le leader de l’opposition ne les résume.

En tout cas, si le gouvernement n’avait pas encore tenu un langage de vérité, le FMI, à travers la publication de son rapport de mission au titre de l’article IV, l’a fait. Tout en reconnaissant que le pays se remet graduellement de la pandémie et que le secteur touristique se redresse progressivement, Cemile Sancak, qui dirigeait la mission du FMI, estime ainsi que l’inflation a atteint 10,7% en mars et qu’il devrait dépasser les 11%  à la fin de l’année.

Les raisons de cette inflation sont attribuées à la hausse des prix des carburants et des denrées alimentaires, ainsi que des coûts de fret et à la dépréciation de la roupie. Ce qui l’amène à recommander le déploiement « d’un plan global d’assainissement budgétaire pour assurer la viabilité de la dette et normaliser l’orientation de la politique monétaire en temps opportun afin de contrôler l’inflation à moyen terme ». Le FMI estime par ailleurs les arrivées touristiques à 800 000, et non pas à un million. Il invite par ailleurs la BoM à renoncer à la propriété du MIC, le MIC à restituer le financement non décaissé à la BOM, et à éviter le financement quasi fiscal. Et de préconiser une séparation nette des politiques monétaires et fiscales.

Pour en revenir aux débats sur la motion de blâme, ils permettent aux spectateurs, c’est-à-dire aux électeurs, de jauger la qualité de parlementaires qui les représentent à l’Assemblée. Les débats sur l’état du pays font partie intégrante de toutes les démocraties parlementaires. Il fut un temps où les débats annuels sur le discours-programme du gouvernement offraient d’ailleurs une occasion pour le faire. Ce n’est plus le cas, d’où l’importance de cette motion de blâme.

Autre question qui devrait retenir l’attention la semaine prochaine : l’affaire opposant l’Attorney General au DPP devant la Cour suprême concernant le ressortissant slovaque. Les seules questions qui intéressent la population sont de savoir comment un trafiquant de cette envergure a pu passer entre les mailles du filet des institutions concernées, et qui disposent pourtant de technologies de pointe pour effectuer les vérifications. Ainsi que de savoir comment il aura pu être expulsé alors qu’un ordre de la Cour suprême était encore en vigueur…

 

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