Opacité

Il règne de plus en plus chez nous une outrancière politique d’opacité, pratiquée par les autorités sur quasiment tous les sujets. Déjà, durant le confinement, nous avons été royalement servis en matière d’informations distillées avec une forte rasade d’ingrédients par les “spin-doctors” du PMO. On n’est certainement pas prêt d’oublier toutes les couleuvres qu’on a été contraints d’avaler, dont certaines ont résulté en quincailleries transformées en sociétés importatrices de… médicaments et autres scandales type Pack & Blister !

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Et avec la tant redoutée réouverture de nos frontières, après des mois où l’on a pu se targuer d’être une “Covid-free island”, face à un monde qui connaît une seconde vague presque partout, il va sans dire que la psychose grandit forcément au sein de notre population. Surtout avec cette fâcheuse manie qu’ont nos autorités de crier aux “fake news” ou de banaliser la chose quand il est porté à leur attention que quelque chose ne va pas ! La formule miracle pour se dédouaner ? « Nous allons enquêter ! » Comme si toutes les réponses étaient données ainsi… Et quand on va « enquêter » pour découvrir le vrai nom de l’artiste Matt Pokora, ça frise le ridicule !

Tout Maurice a retenu sa respiration avec, cette semaine, la reprise des vols. Résultat : viol du protocole sanitaire ! Ni plus ni moins. Énorme cafouillage à la sortie de l’aéroport. Non-respect des mesures barrières, des consignes sanitaires et des précautions d’usage, transport de clients comme si de la COVID-19, on s’en fichait totalement ! Alors qu’on nous avait pourtant seriné de ne pas nous en faire, qu’il ne faut pas être négatif, qu’il faut avoir confiance dans nos décideurs politiques, que ceux-ci allaient tout bien gérer comme des grands. Et le peuple, bon enfant, comme toujours, a écouté, s’est plié sagement, tout en nourrissant une foule d’appréhensions et de craintes.

Au final ? Pas moins de 37 personnes placées en isolement suite au viol du protocole sanitaire ! Et parmi ces potentielles personnes contagieuses, un homme était… intraçable. Et s’il est positif ? Et s’il était un super-contaminateur ? On est déjà passé par là. On connaît la chanson. Et malgré tout, la porte a été ouverte aux risques !

Imaginons qu’il n’y avait pas eu ces vidéos réalisées par des membres du public montrant bien clairement les manquements décriés. Les autorités auraient-elles pipé mot des failles et des lacunes ? On pensait que les autorités auraient eu suffisamment de temps pour bien veiller à ce qu’il n’y ait aucun risque de viol du protocole ! Que discipline, fermeté et rigueur auraient été les maîtres mots dictant la conduite des opérations. Qu’un véritable “fool-proof system” aurait été mis en place. Nous sommes un petit pays où l’épidémie est, jusqu’ici, concentrée essentiellement auprès de ceux rentrant au pays : une politique de zéro nouvelle contamination peut donc être préconisée ! Mais il faut croire qu’on s’est une nouvelle fois bien fait berner.

Ce « relâchement » consenti par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, peut nous coûter très très cher. Notre pays est déjà en récession. Avec notre entrée sur la liste noire de l’UE, de surcroît, une nouvelle flambée de l’épidémie de COVID-19 nous achèvera : pas besoin d’être économiste pour le prévoir.

L’opacité a caractérisé presque tout ces derniers temps : l’acquisition des médicaments durant le confinement, la gestion catastrophique de l’entrée et de l’échouage du MV Wakashio dans le Sud-Est, le naufrage du tug Sir Gaëtan, sans oublier des nominations abracadabrantes et autres dossiers mal ficelés. Avec les lois relatives à la COVID-19, passées dans la précipitation que l’on sait, et avec le Parlement qui reste obstinément fermé, ne serait-il pas sage, par exemple, qu’au lieu des “health officers” qui aient à veiller à ce que la quarantaine soit bien respectée dans les établissements hôteliers, cette prérogative soit confiée également aux policiers ? Oui, les patrons d’hôtels vont râler. Mais cette mesure s’impose purement pour une raison de santé publique !

La pandémie touche tout le globe et chaque pays en subit les conséquences dramatiques. Donc, une telle mesure devrait être perçue et accueillie comme une initiative pour protéger les gens, et non le contraire.

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