OPÉRATION « CAESAR’S WIFE » – ANGUS ROAD SAGA – SAISON II : Pravind Jugnauth cible Arvin Boolell

Le PM annonce un cas de diffamation contre le leader de l’opposition dès lundi, considérant que les documents évoqués sont « faux »

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« Okenn dimounn pa dign det enn lider de lopozision kan li poz kestion baze
lor mensonz »

Le leader de l’Alliance Morisien : « Ou kone, Mutual Legal Assistance tom sou responsabilite Attorney General (…) Dans ce cas, je ne peux vous en dire davantage »

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est sorti de son silence, hier après-midi, pour répondre à ce qu’il qualifie « d’allégations » concernant les acquisitions de propriétés immobilières à Angus Road et pour « démontrer les faussetés qui ont été circulées et véhiculées » contre lui. Il a révélé avoir pris de son propre gré un rendez-vous avec l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) mardi dernier afin de donner des détails et informations pour « mettre fin à toutes ces faussetés ». Interrogé par Le Mauricien au sujet de la décision de mettre un terme le 28 janvier 2015 à la Request for Mutual Legal Assistance de la Central Authority au Royaume-Uni dans cette enquête au sujet d’un tranfert de Rs 20 millions, il a déclaré en substance: « Ou kone, Mutual Legal Assistance tom sou responsabilite Attorney General (…) Dans ce cas, je ne peux vous en dire davantage ».

Durant sa conférence de presse, Pravind Jugnauth a pris surtout pour cible le leader de l’opposition, Arvin Boolell, et a annoncé qu’il logera dès lundi une affaire en diffamation en cour contre ce dernier. Et d’annoncer qu’il compte « personnellement » se rendre en Cour pour déposer les preuves dont il dispose pour démontrer que les allégations faites par Arvin Boolell « sont fausses » et demander que le notaire devant lequel les contrats ont été signés ainsi que les représentants des banques « soient convoqués pour présenter des preuves ».
Répondant à la première allégation à l’effet qu’il aurait obtenu un terrain de Rs 20 millions en cadeau, d’avoir effectué des paiements de Rs 3,5 millions en cash en 2002 et qu’il aurait commis une violation de “limitation of payments in cash”, il a d’emblée affirmé que « c’est une fausseté ». Selon lui, en 1999-2000, il avait effectué des paiements à Bel-Air Sugar Estate (BASE) pour l’achat d’un terrain. BASE n’avait pas respecté son engagement et avait vendu le terrain à une autre personne. C’est ainsi que BASE aurait offert de vendre un autre terrain, qu’il a accepté.
Ce terrain, dit-il, faisait partie d’un lot, et il a fallu faire une excision. Ce qui a nécessité une autorisation de la municipalité de Vacoas/ Phoenix. « Après la conclusion des procédures et que BASE ait accepté de signer le contrat, en 2007, j’ai payé un montant supplémentaire de Rs 3 millions. » Dix-huit ans plus tard, a-t-il expliqué, Arvin Boolell a apporté cinq reçus à l’Assemblée nationale pour démontrer qu’en 2002, il avait payé cash. « C’est absolument faux ! Les paiements avaient été effectués en 1999 et 2000, » dit-il dans sa version des faits.
Pravind Jugnauth s’est par ailleurs demandé où se trouvent les originaux des reçus. « Mo peye e mo pena resi, et M. Boolell ki ena resi ? Je note aussi qu’il n’y a pas de tampons de BASE et que rien ne certifie que ces reçus ont été tirés par Bel-Air. Ce qui est drôle, c’est que les reçus ont soi-disant été tirés en 2002 pour réapparaître 18 ans plus tard. Est-ce que ces reçus n’avaient pas été produits lorsque l’ICAC avait mené des enquêtes en 2011 et 2014 ? » s’est demandé Pravind Jugnauth.
Premier reçu
Le Premier ministre a aussi ajouté avoir noté des reçus portant les Nos 812, 813, 814, 815 et 816 pour se demander s’il était le seul client de Bel Air. « On aurait cru qu’entre février et novembre 2002, j’avais été le seul à acheter des terrains de Bel Air », souligne-t-il, tout en soutenant avoir des preuves démontrant que tel n’est pas le cas. Il avance que le premier reçu date de 19 février 2002 et attesterait qu’il aurait payé Rs 500 000 à Bel-Air Sugar Estate. Or, selon lui, il n’était pas à Maurice à cette date. « J’affirme que j’ai payé en 1999 et en 2000, et je vois que les reçus datent de 2002. C’est une coïncidence que la FIAMLA ait été votée en 2002 au Parlement et stipule que le paiement en liquide de plus de Rs 350 000 soit un délit ? » s’est-il demandé.
Poursuivant son explication, il rappelle avoir des dépôts avec Bel-Air Sugar Estate pour l’achat d’un terrain vendu en 2000. « Comment est-ce que j’aurai pu payer en 2002 ? » s’est-il demandé. « J’avais l’intention d’acheter un terrain. Or, le terrain a déjà été vendu en 2000. Comment se fait-il que je paye en 2002 ? » Il poursuit : « Enn mwa sinema finn ale kot pa finn prodwir okenn resu a okenn otorite. Pa finn fer okenn deklarasion. Nek pe koze, krie, alege. Je dis que ces documents sont faux. Ils continuent à faire leur cinéma à travers des conférences de presse hystériques, surtout le leader de l’opposition. Voilà que Bruneau Laurette a décidé de faire une déclaration à l’ICAC en produisant comme preuve une photocopie du journal l’express. Nou kone relasion ant Bruneau Laurette ek Arvin Boolell, » fait-il ressortir.
Pravind Jugnauth est également revenu sur les deux enquêtes ouvertes par l’ICAC en 2011 et 2013, qui ont été « discontinued » par la suite. Il fait ressortir que l’ICAC a confirmé n’avoir rien vu d’illégal et a décidé, à deux reprises, de fermer l’enquête préliminaire. Et au Premier ministre de rappeler que c’est Anil Kumar Ujodha qui avait été nommé par Navin Ramgoolam à la présidence de l’ICAC, dont les membres étaient Mme Manrakhan, puis Aniff Imrith, qui a été remplacé par la suite par Mme Thomas. Il s’est ainsi demandé si cette commission lui aurait fait « des cadeaux » s’il avait été pris en faute…
Concernant la deuxième allégation faite contre lui à l’effet que Loganaden Govinden aurait acheté un terrain pour un montant de Rs 20 M, qui a été par la suite mis sur le nom de ses enfants, Pravind Jugnauth explique que M. Govinden avait déposé Rs 20 M auprès de BASE avec l’intention d’acheter un terrain. « Mais en 2008, il a décidé de ne pas aller de l’avant avec l’achat d’un terrain, et il me l’a fait savoir. Je décide d’acheter ce terrain. En 2008, M. Loganaden Govinden et moi avons fait un acte notarié devant le notaire Jérome Koenig, dans lequel je me suis engagé à payer à M. Govinden Rs 20 millions. En 2008, j’ai payé les frais du notaire, qui m’a donné un reçu. Par la suite, nous avons fait un contrat de vente entre BASE et moi, dans lequel j’ai mis le terrain au nom de mes deux enfants. J’ai donc payé à M. Govinden Rs 20 M. Pour cela, j’ai fait des paiements à travers des transferts bancaires. Le dernier paiement a été effectué le 4 septembre 2013 », a expliqué le Premier ministre, avant de préciser qu’il a payé avec son argent. L’ICAC aura, selon lui, à faire les vérifications nécessaires.
Désespérés
Pour le Premier ministre, « il est clair que certaines personnes veulent nuire » à sa réputation et à son intégrité. Démarche qu’il explique par le fait que l’opposition, « a perdu les dernières élections générales et sera dans l’opposition pendant cinq ans ». Et de poursuivre : « Ils sont désespérés et ne peuvent pas attendre. » Il a rappelé les cas du MITD et de MedPoint, et a accusé l’opposition de « vouloir mettre des taches » sur lui en « montant une cabale, un complot ». Ajoutant : « C’est pourquoi lorsque j’ai déposé ces documents à l’ICAC, j’ai dit qu’il y avait un complot d’Arvin Boolell, de Roshi Bhadain et de certains journalistes, et que les autorités doivent enquêter. Ena pou bizin reponn ! »
Il a annoncé qu’un premier cas en diffamation sera logé contre Arvin Boolell et L’express. « Une série suivra. Je suis un homme d’honneur et je ne permettrais pas qu’on jette de la boue sur moi, ma famille et mes enfants », a-t-il dit.
Il conclut en affirmant qu’en tant que Premier ministre, il a « une grande responsabilité » et qu’il « continuera à travailler pour le pays » pendant les quatre prochaines années. « Avec la pandémie qui continue d’affecter le monde, il y a beaucoup de défis à relever. Nanie pa pou detourn mo latansion. Je reste concentré sur mon travail. » Et de réitérer que Arvin Boolell est « entré dans une cabale qui risque de détruire sa carrière » politique.
À propos de ce dernier, il se dit « déçu de sa performance » à l’Assemblée nationale, « ou en dehors » de l’hémicycle. « Okenn dimounn pa dign det enn lider de lopozision kan li poz kestion baze lor mensonz », a-t-il affirmé. « Si li ti ena enn tigit lamour prop, li ti bizin seriezman konsider si li ankor kapav fer travay de lopozision », a-t-il poursuivi.
Interrogé sur les allégations concernant le paiement hors de la vue du notaire, il a considéré que « c’est une pratique courante » entre vendeurs et acheteurs. Invité ensuite à éclaircir la question de la Mutual Legal Assistance avec la Grande-Bretagne, il a expliqué que « cela tombe sous la responsabilité de l’Attorney General », ajoutant : « lorsqu’il y a une procédure à être faite sous la Mutual Legal Assistance, bizin pas a traver Attorney General. Dans ce cas, je ne peux vous dire plus que cela. » Il devait ajouter que la Mutual Legal Assistance intervient lorsqu’il y a un Prima Facies Case, qu’on dispose de preuves locales et de preuves extérieures. « C’est pour cela que cette procédure est appliquée. »
À d’autres questions, il a observé que Arvin Boolell « pourra poser d’autres questions » sur Angus Road, « mais c’est au Speaker de décider si les questions sont acceptables ou pas ». Quant à l’intervention de la police pour empêcher le leader de l’opposition d’utiliser son bureau après sa suspension, le Premier ministre a considéré que « cela relève aussi du Speaker ».

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