Rama Valayden est la troisième personne arrêtée durant la semaine par la PHQ Special Striking Team (SST) de l’ASP Ashik Jagai pour avoir fait des allégations que de la drogue est « plantée »lors des opérations de la police. C’est l’équipe de l’ASP Jagai qui a porté plainte et mène elle-même l’enquête ! En tout cas, cette unité ne compte pas laisser passer des déclarations publiques qui entachent sa réputation.
Hier, Me Valayden a été inculpé sous une accusation provisoire de Perverting the Course of Justice et il a été libéré sans avoir besoin de fournir de caution après sa comparution en Cour de Port-Louis. Cependant, il a signé une reconnaissance de dettes de Rs 20 000. La police lui reproche d’avoir fait des allégations selon lesquelles de la drogue serait « plantée » lors d’une émission radiophonique le 5 mai. « A sak fwa mo koz planting, mo fer mo lanket avan », a répliqué Me Valayden.
C’est aux alentours de 7h hier matin que des éléments de la PHQ SST ont débarqué en force au domicile de Rama Valayden à Sorèze, le sommant de faire face à un interrogatoire suite à une plainte d’un membre de cette unité. Ayant subi une intervention chirurgicale il y a quelques semaines, l’avocat a montré aux policiers un certificat médical en disant qu’il a besoin de repos. Il a ajouté qu’il viendrait donner son Statement à une date ultérieure. Mais la PHQ SST n’avait voulu rien entendre. « Mo’nn montre zot sertifika medikal. Mo’nn dir zot montre zot sef », raconte le principal intéressé. C’était peine perdue. « Si destin ti anvi mo gagn kitsoz, ki ti pou arive la ? » Il a été conduit dans les locaux de la PHQ SST où son panel légal l’a rejoint. Entre-temps, l’accès était interdit aux membres de la presse alors que des membres de Linion Pep Morisien (LPM) s’étaient réunis à la rue Jemmapes en signe de solidarité avec Rama Valayden.
Dans le bureau de la SST, les policiers ont montré à Rama Valayden une bande-vidéo de cette émission du 5 mai où il avait fait des allégations selon lesquelles de la drogue serait « plantée ». Ils lui ont demandé s’il avait des preuves de ce qu’il avance. Me Jacques Panglose a alors demandé qu’une autre unité mène l’enquête car c’est la SST elle-même qui a déposé la plainte. Mais les policiers de cette unité n’ont pas partagé ce point de vue et ils ont insisté pour que l’interrogatoire se poursuive.
Dans ces circonstances, Rama Valayden n’a pas voulu donner plus de détails alors que la SST a poursuivi sa série de questions. À la fin, elle a informé ce membre du LPM qu’il est en état d’arrestation. C’est sous forte escorte policière qu’il a été emmené à la New Court House dans l’après-midi où l’accusation provisoire a été logée contre lui.
Me Jacques Panglose a fait une demande à la magistrate Nitisha Seebaluck pour que son client soit libéré sans fournir de caution monétaire. Ainsi, Rama Valayden a dû signer une reconnaissance de dettes de Rs 20 000. Le Leading Counsel a aussi demandé qu’aucune condition soit attachée à la remise en liberté conditionnelle comme le droit de voyager, mais le Police Prosecutor, le chef inspecteur Santooram, y a objecté. Les débats à ce sujet sont prévus mardi prochain.
Idem en ce qui concerne une motion présentée par la défense pour rayer l’acte d’accusation provisoire. Me Jacques Panglose estime qu’il n’y a pas de “reasonable suspicion” contre Rama Valayden, mais la police a objecté à cette demande.
À sa sortie du tribunal, ce dernier a avancé que « le pire est devant nous ». Et que « si le peuple ne réagit pas, un par un, nous serons enfermés ».
Il ajoute que la PHQ SST a même demandé à son épouse Taslima Valayden d’enlever des photos qu’elle a postées sur sa page Facebook le matin. Il compte revenir sur toute cette affaire la semaine prochaine suite à une réunion avec les avocats des Avengers. Rama Valayden a souligné que cette arrestation « pa pou anpes mwa koze » et que « mo pou dir seki bizin dir ».
De son côté, Me Panglose a rappelé que la loi pour le délit de “Perverting the course of justice” a été votée en 2018 « pou anpes dimoun koze atansyon fer interferans avek la zistis ». Il se demande s’il ne faut pas remettre la constitutionnalité de cette loi.