PANAMA PAPERS, PARADISE PAPERS, PANDORA PAPERS…

DR DIPLAL MAROAM

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Après les Panama Papers publiés en 2016, les Paradise Papers en 2017, voilà maintenant les Pandora Papers, vaste enquête journalistique mettant en exergue des richesses dissimulées par des montages offshore dans des paradis fiscaux, qui constituent ainsi un gigantesque trou noir dans l’univers financier et l’économie mondiale. Et, selon de nombreux observateurs, les Pandora Papers ne concernent qu’une infime partie des fonds dérobés qui, dans son ensemble, représentent, selon les mêmes sources, plus de la moitié des actifs qui transitent par le système bancaire traditionnel. Cependant, il convient de faire ressortir que, hormis le dévoilement de l’identité des responsables politiques et personnalités de premier plan du monde sportif, de cinéma et d’autres célébrités, les Pandora Papers ne révèlent rien de nouveau. Car l’existence des paradis fiscaux, l’ampleur de l’évasion fiscale et du blanchiment de l’argent du crime ne sont qu’un secret de polichinelle. D’ailleurs, qu’est-ce qui a réellement changé au niveau de l’économie globale après l’éclatement, ces dernières années, des scandales financiers tout aussi retentissants que Clearstream (2004), l’affaire Madoff (2008) ou encore le Swiss Leaks (2015) ? L’on se demande, après tout, pourquoi ce sont les journalistes qui ont levé le voile sur ce scandale planétaire et non pas les autorités gouvernementales officielles.

L’ironie du sort, c’est que parmi les chefs d’État et du gouvernement et responsables financiers épinglés, certains avaient même « prêché » le combat contre la fraude fiscale comme l’on prêche l’Évangile. L’on retrouve même un ancien directeur du FMI qui aurait bénéficié des avantages faramineux d’une société écran au Maroc avant de fonder une autre dans un paradis fiscal, les Émirats arabes unis. Ce alors que l’institution qu’il dirigeait est très à cheval sur les principes de la bonne gouvernance, l’intégrité et la transparence, conditions sine qua non pour l’octroi d’une assistance financière. Ainsi, face à la puissance des réseaux d’évasion, favorisés, de surcroît, par la mondialisation et les nouvelles technologies, les mesures proposées par l’OCDE pour combattre le fléau et approuvées par le G20 paraissent bien dérisoires. De sorte que l’on peut, sans l’ombre d’un doute, affirmer que la délinquance fiscale a encore de beaux jours devant elle. Et la multiplication, tant au niveau local qu’international, des sociétés offshore, qui ne permettent pas seulement de soustraire du circuit légal des fonds occultes mais offrant également un moyen de contourner les sanctions économiques internationales, n’est pas anodine.

Institutions perverties

  Par ailleurs, citée en 2016 dans les Panama Papers qui évoquaient alors l’astuce de « rédomiciliation » des sociétés obscures dans le but de réduire le montant de leurs impôts, Maurice qui comporte des milliers de compagnies offshore, dont plusieurs sont perçues comme « opaques » voire même « secrètes », n’a pas bonne presse en matière de fiscalité. L’ancienne juge française et députée européenne, Eva Joly avait, à maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme sur « l’opacité » de notre secteur offshore ; l’ONG britannique, Oxfam, en avait fait de même quelques années de cela. Certes, Maurice a récemment légiféré afin de se mettre au diapason des conditions exigées par l’UE – le gouvernement ayant accompli 39 sur un total de 40, nous a-t-on annoncé. Mais la question que l’on se pose : Pourquoi s’est-on retrouvé sur cette liste grise notoire de la FATF et la liste noire de l’UE ? Or, une fois notre image ternie, c’est la réputation du pays et de sa population qui en prend un sale coup à l’international.

Finalement, force est de constater que le cancer de toute démocratie aujourd’hui, c’est bien la corruption. Elle pervertit les institutions, accentue la pauvreté et accroît l’inégalité. Une société plus juste et équitable exige le respect des droits pour faire triompher les valeurs de la justice et la transparence dans toutes les sphères d’activités indistinctement. À commencer, bien évidemment, par la classe politique elle-même. Or, plus de 50 ans après l’indépendance, notre pays continue toujours à entretenir la culture de l’opacité par rapport au financement des campagnes électorales. Rappelons, à propos, que même Nicolas Sarkozy a été condamné, en première instance, à un an de prison pour financement illégal de sa campagne de 2012. Qu’en est-il chez nous ?

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