Sixième anniversaire de l’inscription du Geetgawai à l’Unesco : « Le bhojpuri et le geetgawai sont indissociables »

Le président de la république, Pradeep Roopun, estime que la langue bhojpuri mérite la même considération que les autres langues à Maurice et qu’il faut à tout prix la préserver et la garder vivante. C’était à l’occasion de la commémoration du sixième anniversaire de l’inscription du geetgawai sur la liste intangible de l’Unesco organisée par la Bhojpuri Speaking Union au centre culturel Indira Gandhi à Phoenix.

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S’exprimant entièrement en bhojpuri, Pradeep Roopun a salué le travail abattu par la Dr Sarita Boodhoo, présidente de la Bhojpuri Speaking Union et les geetarines qui, à travers les 51 écoles de geetgawai, travaillent volontairement et se sont fixé comme priorité la revitalisation linguistique et la transmission orale de cette expression artistique.

Il a fait ressortir qu’il est temps de rémunérer ces geetarines et de pratiquer la forme traditionnelle de ce folklore. « Nous constatons actuellement une érosion des valeurs liées à cette forme artistique car le “geetgawai” dans sa forme traditionnelle ne nécessite que quelques instruments dont le dholak, le lota, le chimta et le lakreetaal et une cuillère », dit-il.

Certains instruments comme le dhol, le djembé et la guitare sont utilisés actuellement et cela est contre les règlements de l’Unesco. « Il faut un bhojpuri authentique et typique. Le geetgawai n’est pas un jalsa, c’est une prière », affirme Pradeep Roopun. Il a aussi annoncé que le Mahatma Gandhi Institute travaille actuellement sur l’élaboration d’un dictionnaire en bhojpuri et un CD des chants traditionnels interprétés à l’occasion de la naissance (lalna), les veillées de mariage. Le MGI et le ministère de l’Éducation travaillent aussi sur un manuel de bhojpuri pour le préprimaire et le primaire. « Le geetgawai et le bhojpuri sont indissociables », a-t-il affirmé.

Quatre ouvrages ont été lancés à cette occasion, soit la thèse du Dr Anjani Murdan, Socio-linguistics of bhojpuri – étude sociolingistique du bhojpuri à Maurice : Histoire, Situation, Survie ; Aarogya Jeewan Aur Sahaj Swaasthya du Dr Vinay Seeteejory, Humni Ke Poorvaj Ke Boli de Yogeswaree Theengun et Mauritius Ke 8 Bhojpuri Rang Ekanki de Mahesh Ramjeeawon.

Pour sa part, le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a fait un pressant appel pour promouvoir le bhojpuri afin que cette langue ne tombe pas dans l’oubli. « On ne doit pas avoir honte de parler le bhojpuri à la maison. Avec l’érosion des valeurs, il est nécessaire de transmettre les traditions léguées par nos ancêtres », dit-il.
Concernant le Bharatiya Pravasi Divas, convention qui se tiendra du 8 au 10 janvier 2023 à Indore, Avinash Teeluck a déclaré que ce sera une occasion unique pour les Mauriciens de se connecter avec la diaspora indienne. « Air Mauritius offre un rabais de 30% sur le billet d’avion qui coûte désormais Rs 19 500. Le ministère offre des facilités pour l’enregistrement des participants et le paiement est accepté en cash pour ceux ne disposant pas de cartes de crédit », confirme-t-il.

Nandini Singla, la haute commissaire de l’Inde à Maurice, a exprimé sa joie de voir le geetgawai inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. « Le geetgawai est une forme artistique pratiquée par les immigrants indiens, une tradition qui vient du Bihar. Mais c’est Maurice qui a travaillé le dossier pendant quatre ans et le geetgawai a été inscrit dans le patrimoine intangible de l’Unesco. Et aujourd’hui, cette tradition est reconnue à travers le monde. De même que l’hindi est la langue officielle de l’Inde mais son siège international, le World Hindi Secretariat, se trouve à Maurice. » Elle a invité les Mauriciens à se rendre à Indore et à participer à une semaine d’activité dans le cadre du festival Jashn-e-Dosti-Lind ek Moris l’amitié pou touzour.

Intervenant, Sarita Boodhoo a soutenu que la Bhojpuri Speaking Union a pendant ces dix dernières années accompli d’immenses progrès dans la promotion du bhojpuri. Depuis l’ouverture de la première école du geetgawai en 2016 à Petit-Raffray, plusieurs autres institutions ont ouvert leurs portes. « Et la Bhojpuri Speaking Union compte aujourd’hui 51 écoles et le bhojpuri, considéré à un moment comme une langue des arriérés et voué à l’oubli, renaît de ses cendres. Et l’inscription du geetgawai à l’Unesco est le fruit de plusieurs années de recherches et de nuits blanches pour que le dossier soit accepté », fait-elle comprendre.

Sarita Boodhoo a eu l’honneur de traduire un extrait du livre Petrusmok de l’écrivain et peintre Malcolm de Chazal. Elle a traduit le chapitre 20 intitulé Au sein de la Vallée-des-Prêtres pour marquer le 120e anniversaire de Malcolm de Chazal au Domaine de Saint-Antoine à Goodlands.

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