Transition socio-politique

Loin des clameurs des scandales les uns plus tapageurs que les autres, un fait majeur a émergé de manière subtile en fin de semaine dernière. Les résultats de deux exercices de radioscopie de la population, l’un se déroulant indépendamment de l’autre, confirment que comme c’est le cas pour la transition économique post-Covid-19 ou la transition climatique, le pays traverse une transition socio-politique.

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Les Findings de ces études, menées d’une part pour le compte de Straconsult dans la série Afrobarometer et d’autre part, au nom de ICW Blast de concert avec le groupe IBL, sont unanimes sur un point fondamental alors que le pays est à un peu moins de six mois de ses 55 ans d’indépendance. Le Mauricien est foncièrement patriotique.

Avec un score de 80%, dans un cas comme dans l’autre, il est difficile de se tromper au sujet de l’adhésion des fils du sol au quadricolore et à l’hymne national, Motherland. Un autre chiffre, qui tend à confirmer l’authenticité des réponses recueillies lors de ce sondage, concerne le sentiment d’être rejeté par le Mainstream.

À des nuances près et compte tenu du raffinement dans la formulation de la question, ICW Blast donne 37% pour le compte des exclus de la société et Afrobarometer 46% d’Unfair Treatment by Government.

Ces détails doivent interpeller.Évidemment, à ce titre, il y a de quoi pour les Top Chefs de Lakwizinn du PMO de revoir les ingrédients dans leur menu politique offert à la population et surtout à cette frange de l’électorat, qu’elle soit 37% ou 46%, affirmant ne pas se retrouver dans ce kaléidoscope politique.

Toutefois, ce qui est davantage plus révélateur dans l’étude d’ICW Blast/IBL, dont l’objectif déclaré est « to expand the understanding of identity and intergroup relations within the context of post-pandemic multicultural Mauritius in 2022 », se situe au chapitre de la classification des individus dans des groupes ethniques, tels que définis dans la Constitution de Maurice.

Dans leurs Findings, les trois chercheuses universitaires soulignent qu’un Mauricien sur quatre se définit comme venant de Mixed Descent, refusant de reconnaître la définition de la Constitution des groupes ethniques ou encore de se cantonner à ce carcan constitutionnel datant de la période pré-indépendance.

De son côté, Afrobarometer rappelle une vérité incontournable. Plus de deux-tiers, soit une majorité constitutionnelle qualifiée, de la population accueille favorablement le mariage mixte. Ce qui aura pour conséquence que des Mauriciens se déclarant de Mixed Descent devront augmenter de manière exponentielle.

Avec la propension des Interethnic Marriages, cette tendance est appelée invariablement à prendre de l’ampleur à l’avenir, confirmant du même coup ce « notable shift » en termes de classification dans la catégorie « Others » que les groupes sous la Constitution.

Et surtout les données statistiques d’avant 1982, définissant les différents groupes de la population, utilisées pour la répartition des Best Loser Seats, soit un maximum de huit aux élections générales, deviendront encore plus caduques.

Élections législatives après élections législatives, Rezistans ek Alternativ, avec ses alliés conjoncturels de la société civile, se bat pour que la réforme du système électoral soit une réalité avec pour corollaire l’élimination de l’identification ethnique obligatoire lors du Nomination Day.

Ce combat ne peut être présenté comme étant en vain. Car le United Nations Human Rights Council s’est déjà prononcé sans aucune ambiguïté sur cette violation du droit fondamental à être candidat aux législatives.

Le Judicial Committee of the Privy Council a renvoyé la balle dans les pieds de la Cour suprême. Pour le moment, nous en sommes là car tout commentaire additionnel peut relever du délit d’outrage à la Cour.

A moins que le pouvoir législatif et des partis politiques, représentés au Parlement, ne se décident de sortir de leur confort pré-indépendance pour accorder leurs violons au sujet de cette réforme électorale tant vantée mais jamais réalisée.

Toutefois, les conclusions des sondages d’ICW Blast et d’Afrobarometer auront eu l’audace de faire comprendre à ceux qui ont le contrôle du Political Mike, que ce soit au sein de l’hémicycle ou sur les caisses de camion, que d’autres voix peuvent se faire entendre de manière légitime et surtout Forceful sur des sujets de première importance en pratique des droits fondamentaux.

Et qu’avec la dynamique, et non la dynamite, de la transition socio-politique, la voix des sans-voix ira crescendo au fur et à mesure que les grandes échéances se précisent…

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