POINTE-D’ESNY – Début des opérations en mer : La boîte noire du Wakashio pour élucider le naufrage

-Un premier rapport des Salvors héliportés sur le vraquier battant pavillon panaméen soumis aux autorités au plus tôt dimanche -À prévoir au plus bas une facture de Rs 50 millions pour la Refloating Operation envisagée

Bientôt huit jours depuis que le Wakashio, vraquier nippon, battant pavillon panaméen, s’est drossé sur les brisants à Pointe d’Esny. Avec les premiers Salvors héliportés sur le cargo en détresse dans la journée d’hier, des informations plus précises sur les circonstances de ce naufrage devraient être mises à la disposition des autorités mauriciennes assurant la coordination de la Salvage Operation. Compte tenu du précédent du MV Benita au large de Mahébourg en 2016, la note de la Refloation du navire pourrait être de l’ordre de Rs 50 millions. Mais pour l’instant la priorité demeure un état des lieux par les experts sur place, avec une première analyse des données enregistrées dans le Voyage Data Recorder, la boîte noire. Les autorités devraient être en présence d’un premier rapport préliminaire dès demain.

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Ainsi, les informations disponibles avant l’enclenchement de la première étape du Refloatation Plan et l’immobilisation d’au moins trois remorqueurs sur place à partir de la semaine prochaine indiquent que la note risque d’être salée pour le propriétaire du Wakashio, car les réclamations pour l’opération de sauvetage et la logistique déployée pourraient dépasser les Rs 50 millions. « L’opération pour le renflouage du MV Benita avait coûté Rs 42 M pour six semaines d’opération. Le Wakashio est beaucoup plus grand, et cela risque de prendre plus de temps pour le retirer des récifs de Pointe-d’Esny. L’addition risque en outre d’augmenter si l’huile lourde se déverse en mer », fait-on comprendre dans les milieux autorisés.

Les premières factures ont d’ailleurs déjà été expédiées par le ministère de la Santé à l’agent Indoceanic Services par rapport aux tests de COVID-19 effectués sur les 20 membres d’équipage du vraquier. Ce même ministère est aussi en négociation avec un hôtel dans le Sud, que les Salvors utiliseront comme base d’opération. Ils feront alors le va-et-vient entre ce QG et Pointe-d’Esny. Pour le moment, les sept sauveteurs demeurent sur le Stanford Hawk. « Toutes les dépenses sont couvertes par l’assureur du vraquier, P&I Club (Insurers) », précise le directeur de Shipping, Alain Donat.
Les autorités précisent qu’en l’absence d’un contrat (Lloyd’s Standard Form of Salvage Agreement) entre l’assureur, les propriétaires – Okiyo Maritime Corporation/Nagashiki Shipping Co Ltd – et la société Immersub, ayant retenu les services des Salvors, « elles n’auraient pas déclenché la “salvage operation” ». En ce qui concerne justement l’opération, les six sauveteurs montés à bord du Wakashio vendredi, en compagnie du Special Casualty Representative Lars Tesmar, comptent prendre possession du Voyage Data Recorder, autrement dit la boîte noire du vraquier, dont les données seront analysées sous peu pour établir les circonstances de cet accident maritime.

Ce premier contact avec le vraquier a surtout permis aux Salvors d’effectuer une évaluation des dommages subis par le Wakashio. Le capitaine Lars Tesmar présentera un rapport préliminaire à Alain Donat très probablement demain matin. « C’est à partir de ce rapport que nous déciderons de la marche à suivre. On ne peut rien faire sans savoir ce que le bateau a eu comme dommages et ce qu’il faut réparer. » Il confirme toutefois que le gouvernail a bien été endommagé, « car le bateau pivote sur lui-même ».
Selon des recoupements d’informations, les Salvors sont descendus dans la salle des machines hier et devaient relever environ deux mètres d’eau à l’intérieur. Ils ont de fait demandé au capitaine du vraquier, Sunil Kumar Nankishore, de prendre les mesures nécessaires afin de ne pas déverser l’huile en mer au cas où il faudrait absolument pomper l’eau. Pour leur part, les Tank Tops et le Deck ne sont pas endommagés. En ce qui concerne l’extérieur du vraquier, aucune plongée n’a pu être effectuée vendredi en raison des conditions climatiques. « Mais nous pouvons utiliser un Remote Operation Vehicle pour un constat de la coque si les conditions ne s’améliorent pas », a toutefois indiqué Alain Donat.

À ce stade, on ne sait toujours pas pourquoi le navire a échoué. Le ministre de la Pêche, Sudhir Mudhoo, n’a malgré tout pas manqué de lancer des piques à la National Coast Guard, qui était de service samedi dernier. « Comment se fait-il que les officiers n’aient pas détecté ce bateau alors qu’il passait aussi près de nos côtes ? Je laisse le soin à la police de mener son enquête », a-t-il lancé.

Animant un point de presse vendredi avec son collègue de l’Environnement, Kavy Ramano, il a dit son intention de rencontrer les pêcheurs de la région lundi afin d’écouter leurs doléances. De son côté, Kavy Ramano a fait une récapitulation de l’échouement du Wakashio et des dispositions prises par son ministère depuis le week-end dernier. Selon lui, les autorités ont étudié « tous les scénarios possibles » et activeront les plans nécessaires en cas de déversement d’huile lourde en mer. « S’il y a plus de 130 tonnes d’huile déversées en mer (Worst Case Scenario), cela devient un danger, et nous devrons alors solliciter l’aide internationale », dit-il.

Kavy Ramano précise en outre que le pompage de 3 800 tonnes de Heavy Fuel Oil à bord interviendra si les Salvors le proposent. Il a aussi déclaré que son ministère a contacté Polyeco Group Co Ltd pour obtenir des ressources et plus de Sea Booms si nécessaire. Et d’ajouter qu’à ce stade, la NCG n’a pas noté de gros déversements d’huile en mer.

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