Pour un vrai débat sur l’éradication de la pauvreté

La Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté n’a jamais été aussi pertinente, aussi bien sur le plan mondial que sur le plan local. Selon la Banque mondiale, pour la première fois depuis une génération, la lutte contre la pauvreté a enregistré cette année sa pire régression, non seulement en raison de la COVID-19, mais également de par les conflits et le changement climatique.

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On estime ainsi qu’entre 88 et 115 millions de personnes basculeront dans l’extrême pauvreté dans le monde du fait de la pandémie.

Cette année, le thème de la Journée internationale porte sur la justice sociale et environnementale pour tous. « La reconnaissance croissante de la “multidimensionnalité” de la pauvreté signifie que ces deux problèmes sont liés, et que la justice sociale ne peut être pleinement réalisée sans corriger les injustices environnementales. La pauvreté est multidimensionnelle, c’est-à-dire qu’elle relève d’une multiplicité de dimensions différentes. Alors que des progrès ont été accomplis dans la lutte contre la pauvreté matérielle, les succès ont été plus lents dans la lutte contre les autres dimensions importantes, notamment les conséquences environnementales de plus en plus importantes », soulignent les Nations Unies.

Pas trop loin de nous, plus précisément à Madagascar, les aléas climatiques auxquels s’est ajoutée la COVID-19 mettent actuellement quelque 500 000 personnes dans une insécurité alimentaire sévère, nécessitant une assistance urgente à laquelle les Mauriciens sont invités à participer. À Maurice, la pauvreté relative, selon une étude réalisée par Statistics Mauritius en 2017, concernait environ 36 500 ménages, soit 131 300 personnes. Ainsi, 10% de la population vivraient dans une pauvreté relative. Et un enfant sur six vivrait dans la pauvreté. On estime que le taux de pauvreté relative aurait grimpé de 34%, n’était-ce les transferts gouvernementaux (pension de base universelle et prestations sociales), les services de santé gratuits, l’éducation et le transport par autobus, qui jouent un rôle clé dans la réduction de la pauvreté.

On se réfère là aux chiffres publiés en 2017. On ne dispose en effet pas encore de chiffres précis pour cette année dans le sillage de la COVID-19. La croissance économique a connu une régression de 13% officiellement et de 15%, selon l’opposition. Quel que soit le taux de décroissance, nous savons que la manifestation concrète de toute récession est la fermeture d’un certain nombre d’entreprises en difficulté, la perte d’emplois, et donc la hausse du taux de chômage et, par ricochet, l’approfondissement de la pauvreté.
Les marches pacifiques qui se multiplient dans les rues de Port-Louis témoignent de l’ampleur de ce problème, qui touche indifféremment les membres de la classe moyenne, les petits entrepreneurs et les travailleurs manuels. Le problème de logement en est une autre manifestation. Les sans-logis de Riambel continuent ainsi à nous interpeller. À ce propos, chapeau bas aux artistes qui continuent à se mobiliser en vue de venir en aide aux sans-abri à travers “Drwa a enn Lacaz”.

Il faut souligner à ce titre que le retour sur l’investissement d’un projet de logements sociaux ne se résume pas aux finances. Il comprend également la possibilité pour les bénéficiaires d’obtenir un environnement sain dans lequel leurs familles pourront évoluer paisiblement et en toute sécurité, bénéficiant d’une éducation de qualité et de loisirs sains. D’où l’importance que la construction de 12 000 ou 24 000 logements tienne en ligne de compte un plan d’urbanisme respectueux de l’environnement, et ne se résume pas à un amoncellement de bâtiments. Ce projet est possible. Il existe également des gens de bonne volonté pour réaliser ce projet. Il suffit que les autorités y prêtent l’attention voulue et ne se limitent pas aux promoteurs proches du régime.

Le ministère de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et la Solidarité nationale a prévu une série de manifestations à l’occasion de cette Journée internationale, notamment pour les sans domicile fixe. Souhaitons que cette journée suscite aussi une vraie réflexion sur tous les aspects de la lutte pour l’éradication de la pauvreté, y compris la justice sociale, la vocation de la National Empowerment Foundation et la “Corporate Social Responsibility”, dont la structure est contestée.

 

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