Priscilla Balgobin-Bhoyrul : « Je considère ma mission comme celle d’une rassembleuse de la profession légale »

Priscilla Balgobin-Bhoyrul a été élue présidente du Bar Council lundi dernier, succédant ainsi à Yatin Varma. Cette avocate spécialiste du droit des affaires et des finances a été admise au barreau en 1999. Senior Partner de la firme internationale Dentons et avocate chez Balgobin Chambers, membre du Middle Temple de Londres, elle a plaidé dans de nombreuses affaires, y compris devant le Judicial Committee of the Privy Council. Auteure et conférencière en droit, elle a reçu de nombreuses distinctions durant sa carrière. Elle explique ses priorités à la présidence du Bar Council.

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Quelles sont vos priorités en tant que nouvelle présidente du Bar Council ?
Je me vois avec une mission de rassembleuse. Je crois que la profession légale a plutôt été fragmentée ces derniers temps. Je pense qu’il est temps de restaurer une solidarité et une camaraderie entre les avocats. Inclusiveness est le mot-clé.

Comment voyez-vous les relations entre les avocats et le judiciaire ?
Mon prédécesseur, Yatin Varma, avait entamé des réunions entre les membres du Bar Council et avec le Master & Registrar de la Cour suprême en vue d’aplanir certains problèmes qui surgissent entre les membres du barreau et ceux du judiciaire. Un de ces problèmes concerne les conditions de travail des avocats lorsqu’ils se rendent en Cour. Je compte poursuivre sur cette même lancée. Le but, c’est qu’il y ait une bonne entente entre les avocats d’une part et les magistrats et les juges, d’autre part. Il est impératif d’ouvrir une Channel of Communication entre les avocats et les membres du judiciaire.

Une problématique récurrente, dont font état plusieurs avocats, est que la police ne leur permet pas d’avoir accès à leurs clients en détention. Une de vos consœurs a même été la victime» de cette attitude. Comptez-vous régler ce problème ?
Je compte entamer le dialogue avec la police à ce sujet. Je crois qu’on peut résoudre beaucoup de problèmes à travers une voie de communication. D’ailleurs, mon prédécesseur avait déjà commencé à revoir ce problème. Là aussi, je compte continuer dans la même voie. Personnellement, je pense que la plupart des policiers sont animés de bonnes intentions. Je compte faire appel à ces bons sentiments pour résoudre ce problème.

Certains événements récents laissent penser que c’est la justice criminelle qui doit être reformée d’urgence. Votre point de vue en tant que présidente du Bar Council ?
La justice criminelle a besoin de réformes certes mais il ne faut pas pour autant négliger les autres branches de la justice, qu’il s’agisse de la justice civile, de la justice familiale ou de la justice commerciale. Mais c’est vrai qu’on doit accorder une attention particulière à la justice criminelle vu qu’il en va de la liberté des gens.

Un de vos Key Projects est la mise sur pied d’un comité des sages au sein de la profession légale. Expliquez-nous un peu ce concept…
Le comité des sages réunira plusieurs seniors de la profession légale, des divers secteurs de cette profession. Par leur sagesse, ces seniors pourront apporter leur expertise et leur expérience en vue d’apporter une meilleure reforme. Dans ce contexte, je voudrais faire ressortir que le comité des sages pour la justice criminelle sera un comité très fort grâce à la personnalité des juristes qui y siégeront.

Récemment, une quarantaine de jeunes avocats a prêté serment en Cour suprême. La perception est qu’il y a trop d’avocats pour un petit pays comme Maurice. Est-ce votre sentiment ?
Absolument pas. Je dirais qu’il y a de la place pour tous ceux qui veulent embrasser une carrière d’avocat. Mais il faudrait qu’il y ait plus de spécialisation de la part des jeunes avocats.

Beaucoup de ces jeunes se plaignent du fait qu’une fois entrés dans cette profession, ils éprouvent du mal à s’établir comme avocats. Le Bar Council peut-il intervenir à ce niveau ?
Je suis d’accord qu’il y a un manque de Guidance et de Mentoring pour les jeunes avocats qui ont fait leur entrée dans la profession légale. L’une de mes priorités sera de faire de sorte que le comité des sages que j’ai mentionné se penche sur ce problème. Le but est d’offrir une meilleure Guidance à ces jeunes qui viennent de faire admettre au sein de la profession légale. On vise aussi à créer certaines instances pour mieux encadrer les nouveaux venus.

Des avocats ont été pointés du doigt pour les multiples renvois des affaires en Cour…
Le retard des affaires en Cour est la responsabilité de tous ceux concernés, et il ne faut pas tout mettre sur le dos des avocats. Il faut savoir que les retards nous causent aussi pas mal de problèmes, à nous autres avocats. Nous sommes tous, avocats, juges et procureurs, les maillons d’une même chaîne. Et il est de notre intérêt à tous que les affaires soient traitées avec célérité.

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