Me Darshana Gayan et Me Gavin Glover, Senior Counsel, représentants de la poursuite et de la défense respectivement dans le procès intenté à Bernard Maigrot pour le délit de Manslaughter en cour d’Assises, ont présenté leurs Opening Statements aux jurés hier. L’homme d’affaires Bernard Maigrot, 62 ans, est accusé d’homicide volontaire sur la personne de Vanessa Lagesse, en infraction au Code Pénal, crime qui a été commis en mars 2001. À l’appel de cette affaire, Darshana Gayan, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, a expliqué aux membres du jury que leur rôle est de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité contre Bernard Maigrot dans cette affaire.
Elle a mis l’accent sur le fait que Bernard Maigrot est présumé innocent jusqu’à ce que la poursuite ait établi sa culpabilité au-delà de tout doute raisonnable. Dans ce contexte, elle a fait comprendre aux jurés qu’ils doivent accorder le bénéfice du doute à l’accusé si nécessaire. Elle a aussi fait ressortir que le prévenu a le droit de garder le silence tout au long de son procès, droit qui est garanti sous la Constitution.
Abordant ensuite le vif du sujet, Me Gayan a fait comprendre aux jurés les éléments que la poursuite devra établir, c’est-à-dire si c’est bien lui qui a causé les blessures ayant conduit à la mort de la victime, et si oui, quelle était son intention. Me Gayan a indiqué aux jurés que la victime avait été retrouvée morte dans la baignoire de son bungalow, à Grand-Baie, le 10 mars 2001, avec des traces de sang un peu partout. Elle leur a fait comprendre qu’ils devront faire la distinction entre preuves directes et circonstancielles.
La représentante du ministère public a indiqué aux jurés que des preuves criminalistiques seront apportées à l’effet que l’ADN de Bernard Maigrot était bien sur les lieux. Des preuves médico-légales sur la cause du décès, notamment une fracture des vertèbres cervicales, seront aussi apportées. La poursuite compte également établir qu’il y avait une relation entre Bernard Maigrot et la victime. Des contradictions dans les déclarations de Bernard Maigrot seront aussi mises en avant.
De son côté, Me Glover a d’emblée fait comprendre aux jurés qu’il n’y a pas de preuve directe contre Bernard Maigrot, mais seulement des preuves circonstancielles, ce qui a été concédé par la poursuite elle-même. Il est d’avis que la poursuite devra établir la culpabilité de son client au-delà de tout doute raisonnable. Il compte démontrer aux jurés que les preuves qui seront apportées par la poursuite seront bien en-dessous de ce critère.
Il a signifié son intention de démontrer que Bernard Maigrot ne pouvait pas se trouver sur la scène de crime au moment de la mort de Vanessa Lagesse, et qu’il a un alibi. En outre, il n’avait aucun motif de la tuer. Il note que la police n’a jamais considéré ce dernier point. Pour lui, Bernard Maigrot constitue la cible idéale pour la police, qui continue de se fourvoyer dans cette enquête.
Il entend également démontrer que ce crime ne peut être mis sur le dos de Bernard Maigrot, et qu’il n’a pas été commis par une seule personne. Pour lui, il y a plusieurs acteurs dans ce drame, et certains ont déjà quitté le pays, en particulier un étranger qui avait dîné avec Vanessa Lagesse juste avant sa mort.
L’avocat de la défense s’est engagé dans la chronologie de cette affaire, qui remonte à 23 ans, et a dénoncé ce qu’il a appelé un Trial and Error Exercise de la poursuite. « En 39 ans de carrière au Barreau, je n’ai jamais vu cela », a-t-il déclaré. Il a fait comprendre aux jurés que Bernard Maigrot a connu pendant tout ce temps un véritable calvaire et a été crucifié par la presse.
Me Glover est même revenu sur le fait qu’il y a eu discontinuance of proceedings à deux reprises et qu’un juge avait même ordonné un non-lieu en faveur de Bernard Maigrot. Il a indiqué aux jurés qu’il comptait leur expliquer pourquoi il aura fallu 23 ans pour juger ce crime. « Et même aujourd’hui, la poursuite persiste dans son erreur. La place de Bernard Maigrot n’est pas dans le box des accusés », a-t-il maintenu.
Au sujet de la victime, Vanessa Lagesse, Me Glover est d’accord à l’effet que cette dernière a connu une mort atroce et a dit aux jurés qu’ils ont le devoir de rendre la vérité envers sa famille, qui a beaucoup souffert. Il a demandé aux jurés de ne pas se laisser guider par leurs émotions, mais par les preuves qui seront apportées en Cour.
Le juge Aujayeb a renvoyé l’affaire à demain avec l’audition des témoins de la poursuite dans un premier temps.