Saison 2023 en suspens — Anil Ramnarain : « Jamais le PM ne laissera tomber son bailleur de fonds »

«En tant que compagnie publique, la MTCSL n’a pas le droit de continuer, car au lieu de Rs 40 millions de perte, nous avons aujourd’hui un déficit, dépassant les Rs 125 millions »

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« Avec le nombre et la gravité de ses manquements, la PTP n’aurait même pas dû avoir sa licence d’organisatrice des courses»

Si l’assemblée générale extraordinaire, convoquée d’urgence par l’actuel président Gavin Glover n’aura lieu que le 3 mars, dans les coulisses du Champ-de-Mars, les commentaires vont bon train. Bon nombre de membres du club bicentenaire pensent que les dés sont pipés et que la MTCSL n’a d’autre solution que de mettre la clé sous le paillasson. Un avis que partage l’ex-administrateur Anil Ramnarain, lui qui avait accepté de prendre la présidence à la suite du départ forcé de Jean-Michel Giraud. Mais avant même que cette décision ne soit ratifiée, un membre du MTC, messager du Premier ministre, Pravind Jugnauth, a fait objection à sa nomination. Anil Ramnarain préféra présenter sa démission au lieu de mettre son club dans l’embarras… Il a bien voulu répondre aux interrogations du Mauricien, hier après-midi sur la meilleure décision que doivent prendre les membres le 3 mars prochain.

Depuis le double départ Giraud/Ramnarain, l’an dernier, même Maxime Sauzier, pourtant un proche du MSM, n’a pu faire bouger les choses dans la bonne direction. Pour Anil Ramnarain, le président manqué, la mort du MTC est écrite sur les murs. Il n’a pas changé d’avis. Il milite toujours pour un arrêt immédiat de la compétition.
« À cette époque, nos pertes se chiffraient à environ Rs 40 millions et Jean-Michel Giraud et moi, avions tenté de faire comprendre au Board du MTC que nous ne pouvions continuer d’autant que le gouvernement avait déjà programmé la mort du MTC. Toutefois, notre CEO d’alors, qui était aussi notre comptable, est venu avec des chiffres erronés pour nous dire que la situation allait s’améliorer et que même à huis clos, nous étions profitables.
« Je n’avais jamais cru dans ces chiffres-là. Mais les autres membres dont le président de la MTCSL ne voulaient pas entendre raison et en maintes occasions, ils disaient : ‘We stand by our CEO’. Il faut aussi dire que le MTC n’avait jamais été informé de l’état financier de la MTCSL pendant des mois. Aujourd’hui, le bilan est plus que catastrophique. Au lieu de Rs 40 millions de perte, nous avons un déficit, dépassant les Rs 125 millions si je me fie aux chiffres qui m’ont été fournis », déclare Anil Ramnarain.
Étranglement financier
Aujourd’hui, pour lui, la question d’une fermeture coule de source car en tant que compagnie publique, la MTCSL ne peut se permettre de continuer et ses directeurs le savent mieux que quiconque.
« Je ne comprends pas pourquoi nous nous posons cette question s’il faut continuer ou pas. La loi est formelle à ce sujet. Une compagnie publique ne peut opérer à perte. Le gouvernement a tout fait pour étrangler financièrement la MTCSL et les différentes décisions prises ont été faites sciemment pour justement la mettre à genoux.
« Le scénario était connu de tous, mais certains au MTC/MTCSL croyaient toujours que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, allait leur lancer tôt ou tard une bouée de sauvetage. L’entraîneur Ramapatee Gujadhur avait cru dans la bonne foi du PM, tout comme l’actuel président Gavin Glover.
« Mais moi, je savais que c’était peine perdue. Jamais, au grand jamais le PM laissera tomber son bailleur de fonds, Jean Michel Lee Shim, qui a déclaré ouvertement qu’il avait financé le Mouvement Socialiste Mauricien à hauteur de Rs 10 millions. Cette donation a-t-elle faite par chèque ou en espèce ?
« Au nom de la transparence, je voudrais bien le savoir car si cela a été fait par chèque alors, il doit bien y avoir une trace. Certains allèguent que l’aide de Jean-Michel Lee Shim dépasserait les Rs 10 millions ? Est-ce vrai ? Je n’ai pas la réponse mais ce que je sais, la stratégie de faire disparaître le MTC est toujours d’actualité. Le gouvernement ne fera aucun cadeau au MTC/MTCSL et cela pour des raisons évidentes » affirme-t-il.
Pas une journée sans scandale

Mieux vaut tard que jamais, dit-il, avec un gros pincement au cœur car le MTC c’est quand même 210 ans d’histoire avec des compétitions saines, des chevaux de qualité, des jockeys chevronnés et des turfistes passionnés.
« C’est triste, très triste, mais c’est la triste réalité. Et là, je voudrais féliciter Ramapatee Gujadhur qui a pris la bonne décision de se retirer au lieu de s’associer à ces mascarades auxquelles les turfistes assistent toutes les semaines. Ramapatee Gujadhur l’a dit, même les entraîneurs ne connaissent pas les noms de leurs partants et encore moins les jockeys qui vont les monter.
« C’est incroyable ! Un entraîneur m’a dit la même chose en précisant que c’est Jean-Michel Lee Shim qui donne les instructions directement aux jockeys. C’était peu avant mon départ et l’entraîneur en question l’avait dit dans la loge du président.
« Je ne vous dis même pas le nombre de courses dont le déroulement est douteux. A cela, les jockeys suspendus continuent à monter sans que leurs appels ne soient entendus, des tactiques incompréhensibles et des montes scandaleuses. Je ne surprendrai personne en disant que sous le MTC, il n’y avait pas tant de mascarades.
« Depuis que la Horse Racing Division a pris la relève avec la bénédiction du gouvernement, il ne se passe pas une journée sans que les turfistes ne crient au scandale. Je suis sidéré quand je regarde ce qui se passe actuellement. Et je ne suis pas le seul ! Avec le nombre de manquements, la PTP n’aurait même pas dû avoir sa licence d’organisatrice des courses. Elle a été vertement critiquée par Ricky Maingard dans l’affaire des False Rails ou encore de la blessure de Frosted Gold.
« Est-ce que la GRA a pris tout cela en considération avant de lui renouveler sa licence ? Je ne crois pas. C’est comme si la police renouvelait le permis de conduire d’un chauffeur qui a fait plusieurs accidents et des victimes…»
Compulsory acquisition en vue
Nombreux sont les turfistes qui trouvent que le MTC n’a qu’à s’en prendre à lui-même car il n’a pas fait grand-chose dans le passé, se contentant d’utiliser la piste du Champ-de-Mars alors qu’il aurait pu avoir son hippodrome. Anil Ramnarain ne conteste pas cet avis.
« Heureusement que le MTC a commis ces erreurs sinon sa situation aurait été plus grave. En investissant dans un centre d’entraînement ou dans un nouvel hippodrome, le MTC aurait eu à s’endetter et que se serait-il passé aujourd’hui si tel était le cas ?
« Nous aurions été encore plus vulnérables et le gouvernement aurait tout pris sans même chercher notre consentement comme la COIREC l’a fait avec la piste et les infrastructures du Champ-de-Mars. Le MTC a dépensé des millions dans l’entretien non seulement de la grande et la petite piste mais du Champ-de-Mars dans son ensemble. Soudainement, le gouvernement a tout pris pour aujourd’hui tout donner à People’s Turf PLC. Si ce n’est pas du vol, c’est quoi ? Voilà pourquoi je dis qu’heureusement le MTC n’a pas investi dans un nouvel hippodrome ou un centre d’entraînement. Le résultat aurait été désastreux », rajoute-t-il.
Anil Ramnarain ne croit pas que le gouvernement en a fini avec MTC/MTCSL. Au train où vont les choses, il pense que tôt ou tard, il fera une Compulsory Acquisition du paddock et des loges du MTC pour les offrir ensuite à People’s Turf PLC.
« Je ne serai pas étonné de voir le gouvernement faire une Compulsory Acquisition de ce que possède actuellement le MTC. Je parle ici du paddock et des tribunes officielles afin que PTP puissent en profiter et les exploiter financièrement. Cette possibilité est bien réelle car ils sont capables de tout pour satisfaire leur bailleur de fonds. Ce qui s’est passé avec la BAI n’est rien à comparer à ce qu’ils ont fait avec le MTC. Ils nous ont dépouillés de tout pour les donner gratuitement à People’s Turf PLC. C’est monstrueux. Ce qu’ils font avec le MTC/MTCSL aujourd’hui, ils nous l’ont fait avant. C’est toujours le même mode opératoire : perdre du temps, se renvoyer la balle et jeter le blâme sur MTC/MTCSL avec des attaques communales pour ne pas dire racistes ».
Et l’avenir ? À cette question, Anil Ramnarain esquisse un léger sourire. « Et l’avenir ? Seul l’avenir nous le dira. Mais je souhaite qu’on ait un changement de régime pour que le sport hippique puisse retrouver ses lettres de noblesse. Plus tôt cela arrivera, mieux ce sera pour les turfistes qui ont perdu confiance dans l’organisation des courses. Nous pouvons voir la réaction des turfistes sur les réseaux sociaux. Ils sont dégoûtés, exaspérés et n’osent plus parier. Tous prient pour un changement et si jamais ce changement intervient, alors le MTC pourra se remettre en selle pour offrir ce qu’il y a de mieux dans le domaine hippique d’autant plus que ceux qui nous ont trahis sont déjà partis. Enfin, c’est ce que je souhaite de tout cœur. C’est aussi le vœu des turfistes qui ne reconnaissent plus les courses mauriciennes et qui souhaitent ardemment que le MTC reprenne les rênes ».

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