Sommes-nous foutus ?

Pravind Jugnauth ne cédera pas. Inutile de se leurrer. D’entretenir du “wishful thinking”. Ce gars-là croit dur comme fer que ce que lui a en tête, est la seule vérité. Enfin, lui et sa bande de “spin doctors”, qui lui servent leurs idées sans queue ni tête. Comme de restreindre les groupes à dix personnes dans les lieux de culte, mais pas de problème quand il s’agit d’être entassés à 60 les uns sur les autres dans les autobus ! Pour PKJ, sa vision des choses est l’unique perception qui doit perdurer. Et tant pis si cela foire en cours de route. Ses valeureux chevaliers viendront à sa rescousse et feront avaler la pilule à une population qui connaît pourtant ses droits et en a donné des preuves l’an dernier. Mais avec l’explosion de nouvelles contaminations et les morts à la pelle, la peur panique s’est à nouveau installée.

- Publicité -

Et cela sied aux manœuvres de ceux qui dirigent. Car consignes sanitaires obligent, pas de foules dans les rues ! Pas de meetings ni de rassemblements. De plus, on ne perd pas de vue les représailles. Les amendements proposés à l’IBA Act ont, en cela, un goût fort amer de désir d’autocratie. D’envie irrésistible et irrépressible de tout contrôler et, surtout, de museler, réprimer ces voix dissidentes et discordantes.

Pravind Jugnauth semble hermétique aux poignants coups de gueule des professionnels et observateurs sociaux que sont Marie Michèle Etienne et Malenn Oodiah. Leurs messages émouvants, postés ces dernières heures sur les réseaux sociaux, et relayés par des milliers d’internautes, non, des Mauriciens aussi patriotes que ces deux-là, et qui s’identifient à ces cris de détresses, sont-ils connus du Premier ministre ? Ou préfère-t-il sa tour d’ivoire plutôt que d’attraper les mains tendues ? Que meurent des familles entières. Que nous perdions les nôtres sans comprendre pourquoi eux. Que l’on se cogne la tête contre un mur à vouloir se faire raison. Que Jean-François Leckning ne puisse retenir ses larmes quand il est passé par la case pénible de l’hôpital ENT comme tant d’autres compatriotes. Mais rien de tout cela ne fera bouger Pravind Jugnauth.

Lui a juré loyauté et allégeance à ceux qu’il a choisis. Ou avec qui il a conclu ses pactes. Mais clairement, ceux-là n’ont pas les mêmes dieux auxquels nous, pauvres citoyens lambda, croyons.

En cette terrible période où nous enterrons de plus en plus les nôtres, des très jeunes comme des séniors, Pravind Jugnauth ne trouve pas nécessaire de descendre de son piédestal et de fédérer le peuple. Encore et toujours, c’est l’opacité et la répression qui priment. Kailesh Jagutpal a, du bout des lèvres, admis, enfin, après toutes ces morts enregistrées, que le pays passe par une phase critique. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Sa formule préférée (“tou korek”) lui pend au bord des lèvres et s’échappe au quart de tour.

Shakeel Mohamed aura beau ranger son costard politique et plaider pour une trêve, dans le but avoué, humain et civique, avant tout, de créer un mouvement national pour contrer la trop rapide, et surtout mortelle, progression du Covid-19 et de ses variants. Et le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, fera, espérons-le, des émules en offrant son 13e mois aux “frontliners”. Mais rien de tout cela ne fera vaciller Pravind Jugnauth. Lalit, qui est également monté au créneau pour réclamer un “strict lockdown” de 15 jours, a même donné des pistes. Et tout cela tombe dans les oreilles d’un homme qui ne veut pas être à l’écoute.

Ce qui est encore plus regrettable, c’est que cet homme est le chef de notre gouvernement. Au leader et meneur que nous, peuple, attendons, Pravind Jugnauth préfère être “son” propre boss. Au risque de se répéter, la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons actuellement n’aurait pas dû arriver. Mais plutôt que de “cry over spilled milk”, nous optons pour le “move on”.

L’on n’aura de cesse de solliciter du Premier ministre et son entourage, aussi fermé que lui. Il est déjà très tard. Le mal est déjà fait. Nous perdons trop des nôtres. Réagissez, messieurs et mesdames les élus du GM ! Sortez de vos “comfort zones” et aidez le peuple ! Et d’ailleurs, n’est-ce pas cela votre “mission statement” ?

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour