Sri Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil : À la mémoire du swami Balasubramania Nadharajaiyer Sarma

Varsen LUTCHMANEN

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De tous les prêtres qui ont officié au Sri Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil, les deux qui ont le plus marqué l’histoire sont sans conteste le swami Hari Hara Iyer et le swami Balasubramania Nadarajahiyer Sarma. Né le 10 mars 1948 au Sri Lanka, le swami Sarma ou Appa (père) pour les intimes, était un personnage connu et respecté dans le paysage spirituel et religieux mauricien pour avoir passé plus de quatre décennies à servir au sein de nos korvils, dont 28 ans au service du Sri Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil (korvil de Kaylasson) et de la communauté tamoule en général.

Les circonstances de sa venue méritent d’être contées pour mémoire.  L’édition du 8 novembre 2002 de Vanakkam (sous la direction du Dr Vel Pillay) fait état de la chronologie de son arrivée. Tout a commencé en 1980 lors d’une réunion du board de l’Hindu Maha Jana Sangham (HMJS) qui gère le korvil de Kaylasson. Le sujet de la discussion tournait autour de la recherche d’un prêtre pour le korvil. Au cours de cette réunion, une personnalité tamoule fit part de sa rencontre avec deux officiers de la marine srilankaise en escale à Port-Louis. Il proposa au board de rencontrer ces derniers pour solliciter leur aide afin de trouver un officiant possédant une connaissance profonde de la religion hindoue pour oeuvrer au korvil de Kaylasson.

À la suite de cette rencontre, les visiteurs prirent bonne note de la requête formulée et donnèrent l’assurance de leur aide une fois de retour à Colombo.  Parole donnée, parole sacrée ! Les membres étaient surpris de recevoir quelque temps après une lettre du Minister for Hindu Affairs du Sri Lanka avec une proposition d’aide en vue de recruter un prêtre. Un processus de sélection fut aussitôt enclenché et le choix se porta sur celui que le ministre « pense être le plus apte à assumer ces responsabilités, et à faire honneur à son pays ». C’est ainsi que le swami Sarma fut choisi. Son passeport lui fut remis lors d’une cérémonie officielle au cours de laquelle l’importance de sa visite lui fut expliquée.

Un sens rigoureux de la discipline

Il n’a pas tardé à se démarquer. En effet, dès son arrivée, il s’est vite attelé au travail. Je me souviens de cette phrase qu’il avait prononcée lors d’un comité du HMJS qui gère le korvil de Kaylasson. « Je vais oeuvrer pour ce temple et donner tout mon temps et mon énergie pour le faire rayonner, mais si jamais vous n’êtes pas satisfait de mon travail, renvoyez-moi dans mon pays ! » On a  sympathisé très tôt et j’étais au fil du temps devenu son bras droit. J’étais un peu surpris qu’il ait entendu parler de moi auprès du pandit Ravi Shankar qu’il avait rencontré à la Chinmaya Mission à Bombay avant de prendre ses fonctions au korvil de Kaylasson. Il avait un sens de la discipline rarement vu chez d’autres officiants. Avant toute grande poosai ou cérémonie de  prière, le swami Sarma nous exhortait à faire un grand nettoyage du temple et des alentours.

Après les cérémonies d’abhishegam (bain sacré des dieux), il tirait les rideaux et procédait à un nettoyage méticuleux des statues avant de commencer l’alangaram (décoration), donnant suite au Maha Deebaraadanai. Son sens de la ponctualité est aussi à saluer. Il était toujours ponctuel et commençait la cérémonie de prières à une heure définie et terminait à une heure fixe. Cet exemple est à suivre par la présente génération de prêtres et c’est un appel que j’ai lancé à ces derniers lors de son enterrement en avril 2023.

Le Gopouram du kovil

Le soutien indéfectible du swami Sarma a été capital dans la réalisation de plusieurs projets de grande envergure au sein du HMJS. L’un des moments forts de sa prêtrise est la construction du Rajagopuram du kovil de Kaylasson. Venant du tamoul, Gô (roi) et Puram (extérieur), le Gopuram est une partie essentielle de l’architecture dravidienne et représente les pieds du dieu/déesse qui règne sur le lieu. C’est une construction à travers laquelle les dévots pénètrent dans l’enceinte sacré du kovil, agissant comme la transition entre le monde intérieur (agam) et extérieur (puram).

Le swami Sarma s’est dévoué corps et âme pour mener ce projet à bon port. Initié depuis 1979, le projet a connu du retard pendant des années pour finalement être complété en 2001. Allant au delà de ses responsabilités en tant qu’officiant du korvil, le swami Sarma a mis toute son énergie pour chercher des sponsors et veiller à ce chaque détail des dieux et déesses installés sur le Gopouram soit parfait.

Son dévouement à transmettre ses connaissances profondes à la prochaine génération est également à saluer. En effet, il a été l’un des rares prêtres à dispenser des cours aux prêtres hindous mauriciens. Son départ pour l’au-delà le 2 avril 2023 est une perte inestimable pour Maurice, pays qu’il aimait de toutes les fibres et de sa personne au même titre que sa terre natale. Une absence qui se fait toujours sentir, surtout lors de grands événements comme durant le Thaipoosam Cavadee et lors des Kumbha Abhishegam (cérémonie de consécration). Comme le disait un ‘gran dimounn’ : « Kaylasson se enn far. Swami Sarma ti fann lalimier pou gid dimounn. Se enn bibliotek ki finn ale. » Souhaitons que ses disciples qu’il a formés avec amour et rigueur continuent ce qu’il a semé ! Nandri Appa !

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