SUR LE FRONT RUSSO-UKRAINIEN : D’un conflit éclair à une guerre d’usure

« La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires » (Georges Clémenceau)

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Une année après son déclenchement, la guerre en Ukraine est manifestement entrée dans une impasse quasiment inextricable à laquelle aucun des belligérants ne s’attendait. Pour les Ukrainiens, l’assistance militaire promise par les Occidentaux permettrait, en l’espace de quelques semaines voire quelques mois, de repousser les envahisseurs et libérer tous les territoires annexés alors que pour les Russes, face à la 2e puissance militaire mondiale, possédant le plus grand arsenal nucléaire, Kiev finirait par succomber à la loi du plus fort pour ensuite déposer les armes. Mais avec l’entrée en scène des Occidentaux – événement majeur qui aurait pourtant échappé aux prévisions du Kremlin –, le conflit s’enlise, s’éternise ; l’orgueil et l’arrogance de part et d’autre, entravant considérablement la quête d’une solution négociée vers la paix.

Mais qui aurait même imaginé, ne serait-ce qu’une seule seconde, que les Occidentaux n’arriveraient pas à faire pencher la balance, avec promptitude et de façon définitive, en faveur de l’Ukraine et mettre en terme à cette maudite confrontation ? Or, aujourd’hui, il est plus qu’évident que ce n’est même pas Kiev qui détient le levier de commande mais bien Washington et ses alliés, dont les esprits continuent toujours d’être hantés par les années sombres de la guerre froide du siècle dernier. Ainsi, du point de vue de l’occident, la guerre entre les deux anciennes républiques les plus puissantes de l’ex-URSS ne pourrait qu’anéantir toute velléité d’un retour en arrière en mettant Moscou hors d’état de nuire, ce qui arrangerait convenablement les affaires des États-Unis et consorts. Si, pour parvenir à leurs fins, les Américains ont lancé une sévère mise en garde à la Chine afin qu’aucune aide militaire ne soit accordée à Moscou, sur l’Iran et la Corée du Nord qui fournissent des armes à Poutine, la Maison-Blanche n’a, cependant, aucun contrôle. Or, si la Russie veut court-circuiter les intentions des Occidentaux à son égard, elle n’a d’autres alternatives que de changer radicalement son fusil d’épaule afin de concentrer ses tirs sur la capitale ukrainienne et chasser du pouvoir l’administration actuelle qualifiée par le Kremlin de « nazie » et de « fasciste ».

Pour les observateurs avertis, c’est sans surprise donc que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que la guerre sera longue, cela au grand dam du président ukrainien qui, selon toute vraisemblance, réalise que lui et ses partenaires ne combattent pas pour le même et seul objectif, c’est-à-dire, de libérer tous les territoires occupés par la Russie, y compris la Crimée. Qui aurait même prévu, au départ, que la bataille pour le contrôle d’une relativement petite localité dans l’est de l’Ukraine, Bakhmout, banlieue de la mégalopole Donetsk, ne deviendrait qu’un véritable carnage et durerait plus de 8 mois ? Certains observateurs vont même jusqu’à affirmer que Volodymyr Zelensky a bel et bien été mené en bateau par ses alliés qui continuent toujours à traîner les pieds lorsqu’il s’agit d’accomplir leurs promesses faites au tout début des hostilités et qui ont encouragé Kiev à abandonner la table de négociation et choisir la voie de la confrontation militaire avec son puissant voisin à l’Est, avec toutes les conséquences que l’on connaît ces jours-ci.

Ascendance définitive

En effet, les multiples et pressants appels du président ukrainien pour obtenir des armes, selon les engagements pris, en quantité suffisante pour tenter de prendre une ascendance définitive sur le terrain, semblent être tombés dans les oreilles d’un sourd. V. Zelensky s’était même déplacé en personne, avec tous les risques que cela comporte pour sa sécurité, pour s’adresser directement aux parlementaires à Washington, Londres, Paris et ailleurs par visioconférence, mais sans résultats probants jusqu’ici. Certes, des chars d’assaut arrivent à Kiev mais au compte-gouttes et les avions de combat se font toujours attendre, les Occidentaux prétextant que la formation des pilotes prendrait des mois voire des années. L’Italie, pour sa part, a été plus catégorique : face à une situation économique contraignante, pas question de livrer des avions à Kiev. De ce manque apparent de coordination au sein de l’OTAN, il va sans dire que c’est Moscou qui en profite pour grignoter du terrain sur le champ de bataille. En outre, alors que Londres, de même que certaines autres capitales, disent « vouloir aider l’Ukraine jusqu’à la victoire finale », mais sans toutefois préciser concrètement comment y parvenir, Paris évoque un souhait plus ou moins timoré, celui « de ne pas humilier la Russie » mais de placer l’Ukraine en position de force avant l’ouverture d’éventuelles négociations. Tant qu’à la Pologne et les républiques baltes – qui sont les voisins directs des belligérants –, elles ne souhaitent qu’une chose : la déroute totale et immédiate des Russes par une implication majeure et sans condition des Occidentaux sur le terrain et ce, afin de garantir leur indépendance, la sécurité de leurs frontières et leurs populations.

Mais au-delà des souhaits et objectifs des uns et des autres, un facteur sur lequel s’accorde la communauté civile internationale : cette guerre meurtrière et destructrice a fait trop de victimes et de souffrances pour être alimentée davantage en armement et munitions. Il est temps, pour toutes les parties concernées comprenant l’ONU, de regagner la table de négociation et de trouver une sortie de l’impasse dans le dialogue dans le plus bref délai. Cependant, il est malheureux de constater que dans le monde actuel, l’influence maléfique semble avoir toujours préséance sur le sens de la bienveillance.

                                                                                                                               Dr  Diplal MAROAM

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