Sur le front russo-ukrainien : D’un conflit éclair à une guerre d’usure

Après avoir essuyé un sérieux revers en Afghanistan où les talibans sont revenus en force au pouvoir l’an dernier, Joe Biden tente maintenant de se racheter à quelques mois des élections de mi-mandat en jouant à fond la carte ukrainienne. En chute libre dans les sondages, il sait pertinemment n’avoir pas droit à l’erreur car la capitulation de l’Ukraine signifierait non seulement la défaite des Occidentaux, de l’OTAN mais également un échec sur le plan personnel qui, du coup, tuerait dans l’œuf toute velléité d’une reconduction en 2024. Ainsi, sur la proposition de la Maison-Blanche, des dizaines de milliards de dollars d’aide ont été votées au Congrès pour permettre à l’Ukraine de renverser la vapeur sur le terrain.

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Or, alors qu’un pays est en train d’être dévasté, déchiré, que des millions de vies sont bouleversés, brisés et des dizaines de milliers d’autres anéanties, le bon sens aurait exigé un cessez-le-feu immédiat et non l’alimentation du conflit. Même les négociations entre les deux belligérants ont cessé, Kiev ayant probablement obtenu des Occidentaux l’assurance d’une victoire. Certes, l’Ukraine peut gagner mais la Russie n’acceptera certainement pas de perdre ; Moscou ayant même multiplié ces derniers temps la menace d’une « troisième guerre mondiale », voire d’une « frappe nucléaire si les circonstances l’exigent ». Bref, le monde se retrouve ces jours-ci face à un inextricable dédale qui pourrait tourner en une épouvantable guerre d’usure.

Il va sans dire que l’objectif initial de la Russie était évidemment de prendre le contrôle de toute l’Ukraine et chasser du pouvoir le président Zelensky, qualifié par le Kremlin de néo-nazi, ce que ce dernier réfute en brandissant ses origines juives. Et nombreux sont ceux qui croyaient que Moscou était vraiment capable d’accomplir cet objectif en quelques jours ou semaines car la force militaire russe, héritière de l’armée rouge de l’ex-URSS, est perçue comme la seconde plus puissante au monde après celle des États-Unis. D’ailleurs, Vladimir Poutine avait comme intention de compléter sa mission avant le 9 mai, jour-anniversaire de la victoire lorsque l’Allemagne nazie s’était rendue aux forces soviétiques en 1945 à Berlin. Comme quoi, le choix de la date du 24 février pour le début des opérations n’a pas été le fruit du hasard.

Mais là où le Kremlin a péché par imprévoyance, c’est en négligeant totalement l’éventualité d’une entrée en scène de l’OTAN sans pour autant être présent physiquement sur le terrain, ce pour ne pas déroger à l’Article 5 du Traité. En effet, la résistance et la combativité des Ukrainiens combinées à un système de renseignement performant et l’utilisation d’armes efficaces ont complètement pris les Russes au dépourvu, les contraignant de changer de stratégie en se repliant sur le Donbass à l’est. L’Occident a, en effet, fourni à Kiev du matériel militaire spécifique qu’exigent les circonstances, dont des missiles antichars légers et portables contre les blindés russes de même que des missiles Stinger, tirés à l’épaule, permettant d’abattre des hélicoptères de combat. En outre, quasiment en temps réel, les Américains délivrent au commandement ukrainien des renseignements sur l’emplacement et le degré de vulnérabilité des lignes d’approvisionnement russes, permettant ainsi à Kiev de réorienter, si besoin est, ses opérations sur le terrain. Cependant, quelle que soit l’issue de ce conflit, il est hautement improbable que l’Ukraine puisse récupérer la totalité de ses territoires, notamment le Donbass et la Crimée, perdus en 2014 et servant de zone tampon par la Russie contre les forces externes.

Par ailleurs, à ce moment précis de la guerre, dans le but manifeste d’amplifier la provocation à l’égard de Moscou, après 75 ans de non-alignement, la Finlande, État qui compte plus de 1300 km de frontière avec la Russie, de même que la Suède, ont signifié leur intention d’intégrer l’OTAN, ce qui ne ferait qu’intensifier davantage la tension existante dans la région de la mer Baltique de même que la mer de Nord. Mais quoi qu’il en soit, la question fondamentale que l’on se pose : pourquoi cet acharnement pathologique de la part des Occidentaux à vouloir, à tout prix, isoler la Russie alors qu’un rapprochement entre Moscou et l’OTAN de même que l’UE aurait permis d’assainir considérablement les relations internationales et ce, pour le bien-être de l’humanité dans son ensemble ?

                                                                                                                                             

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