TELFAIR SAGA – Tribunal de Moka, hier : Révélations explosives !

Le partenaire d’affaires de l’ex-agent du MSM du No 8 donnant par écrit le nom du meurtrier présumé à la magistrate Mungroo-Jugurnauth : « Mo espere banla pa touy mwa ! »

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Soopramanien Kistnen, alias Kaya, avait rendez-vous avec Vinay Appanah à son bureau à La Louise pour se faire payer le fatidique vendredi 16 octobre 2020

Simla Kistnen déposant sous serment : « Li (Kaya) inn dir Pravind Jugnauth tou bann frod Yogida ti pe fer »

La reprise hier de l’enquête judiciaire sur le meurtre de l’ancien agent du MSM de Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen, aussi connu sous le nom de Kaya, devant le tribunal de Moka, constitue un véritable tournant dans la Telfair Saga. Le témoin Pooveden Subbaroyan, alias Vinessen, partenaire d’affaires de Soopramanien Kistnen au sein de deux sociétés, à savoir Rainbow Construction Ltd et Final Cleaning Ltd, a procédé à un déballage de révélations lourdes de conséquences sur les dessous du Bidding Network en faveur des proches du pouvoir, en particulier des trois ministres élus du No 8, dont le Premier ministre et leader de L’Alliance Morisien, Pravind Jugnauth. Répondant sur l’insistance de la Cour de Moka, présidée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnuth, il a écrit sur papier le nom du présumé meurtrier de Kaya Kistnen, retrouvé mort le vendredi 16 octobre de l’année dernière. À ce stade, seule la magistrate de Moka est informée de ce détail crucial, avec des rebondissements à venir. À la remarque du représentant du Directeur des poursuites publiques, Me Azam Neerooa, au sujet des conséquences de cette révélation, Pooveden Subbaroyan devait tout simplement répondre : « Konsekans, mo espere bannla pa touye mwa ! »
Ce témoin, dont la proximité avec Kaya Kistnen ou encore les Top Guns du MSM ne peut être mise en doute, est également l’auteur d’un autre détail, avec un potentiel non-négligeable pour réorienter l’enquête judiciaire et apporter un éclairage particulier sur la controverse des caméras du Safe City Network à La Louise. Pooveden Vinessen Subbaroyan a déclaré en cour que le jour fatidique du 16 octobre de l’année dernière, l’ex-agent du No 8 avait rendez-vous avec Rudy Appanah, le beau-frère du general manager de la State Trading Corporation, Jonathan Ramasamy, à son bureau de La Louise, en vue de se faire payer selon l’arrangement convenu 48 heures auparavant, soit le mercredi 14 octobre de l’année dernière.
Toujours en ce qui concerne la séance d’hier devant le tribunal de Moka, Shakuntala Kistnen (Simla) a été entendue de nouveau en début d’audience. Elle est venue répéter les détails de sa déposition au Central CID de samedi dernier, notamment la menace à peine voilée au ministre Yogida Sawmynaden : « Prye mo mor, sinon mo grenn enn par enn kouma zanbalak. » Elle a aussi confirmé à la cour que peu avant son hospitalisation, Kaya Kistnen avait rencontré le Premier ministre. « Li (Kaya) inn dir Pravind Jugnauth tou bann frod Yogida ti per. »

Pooveden Subbaroyan, partenaire d’affaires de Soopramanien Kistnen, et actionnaire avec ce dernier de la compagnie Rainbow Construction Ltd, devait expliquer, dans le cadre de l’interrogatoire de Me Neerooa, représentant du Directeur des Poursuites publiques, comment il avait fait la connaissance de l’ex-agent du MSM du No 8, dont le cadavre calciné avait été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka le dimanche 18 octobre de l’année dernière: « Mo ti pe travay MCB avant 2005. Monn al implike dan enn Case hold-up kot enn dimounn ti trouv lamor. Mo ti konplote pou hold-up. Après Case MCB, monn zoinn Soopramanien Kistnen dans enn reinion politik MSM. »
Pooveden Subbaroyan était ainsi l’ex-planton de la MCB qui avait été poursuivi dans l’affaire du braquage du Vault de la MCB en 2005. C’est par la suite, se retrouvant sans emploi, qu’il décide de fréquenter de manière assidue les réunions politiques où il fait la rencontre de Soopramanien Kistnen. Après discussions, ils décident de devenir partenaires en affaires. Subbaroyan avait ainsi emprunté de l’argent, mis la maison de son père en gage pour monter la compagnie Rainbow Construction Ltd. « C’est Kaya qui s’occupait d’obtenir les contrats car il m’avait dit qu’il avait des contacts politiques », a avancé le témoin. Pour ce qui est de l’identité même de ces connexions, le témoin avance qu’il s’agit là des « trois ministres de la circonscription No. 8 », citant nommément par la suite le Premier ministre, Pravind Jugnauth et les ministres Leela Devi Dookhun-Luchoomun et le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden.
Par ailleurs, le témoin confirme qu’avec Kaya (Soopramanien Kistnen) ils étaient actionnaires de deux compagnies, soit Rainbow Construction Ltd et Final Cleaning Ltd. Et d’ajouter de plus que l’adresse initiale de la compagnie Rainbow Construction Ltd était rue Mère Barthélemy, Port-Louis, qui serait, selon lui et affirmé par Me Roshi Bhadain, un immeuble qui appartient au ministre Yogida Sawmynaden.
Interrogé quant aux contrats que la compagnie obtenait, Pooveden Subbaroyan a affirmé que « ti pe gayn plis problem », ajoutant que Kaya lui donnait l’assurance qu’il décrocherait des contrats « taillés sur-mesure » mais qu’au final il n’en était rien. Et de mettre en exergue l’état d’esprit de l’ex-agent MSM : « Kaya pa ti kontan, li ti bien desi parski li pa ti pe atann pa ti pou gagne ». Le témoin a indiqué à Me Neerooa que « Kaya inn dir mwa ki bann minis dan No. 8 inn zis servi li ek ki li pou denons zot, pli partikilierman Yogida Sawmynaden ». Pooveden Subbaroyan a avancé que « ti pe zis servi Kaya ek konpagni pou lans bann kotasion ».
D’autre part, soumis à des questions sur son dernier contact avec Kaya, Pooveden Subbaroyan a affirmé que vers le 13 ou le 14 octobre dernier, il avait été en relation avec Kaya au téléphone : « Li ti dir mwa vendredi 16 oktob li pou al enn rande-vou pou rekiper enn gro som larzan. »
À ce moment-là, Me Neerooa l’a interrogé sur les personnes qui gravitaient autour de Kaya.

Azam Neerooa (AN) : Eski ou konn enn misie Appanah ek enn misie Bonomally?
Pooveden Subbaroyan (PS) : Kaya ti dir mwa sa de dimounn-la form parti group la ek pou gayn travay ar zot pou netoyaz ek konstriksion.
AN : Kouma Kaya inn anons ou sa ?
PS : Kaya ti dir mwa ki Yogida Sawmynaden pou fer li zwenn enn misie apel Appanah ek apre dir li ena enn lot partner apel misie Bonomally ek nou pou partner indirekteman ek pou gayn kontra kouma sou-kontrakter.
AN : Dir nou kisannla Kaya ti pe al zwenn le 16 oktob.
PS : Li ti pe al zwenn M. Vinay Appanah. Seki linn dir mwa le 14 oktob kan monn koz avek li. Li dir mwa li ti pou gayn enn gro kas, dan le milyon, pou rey tou nou det.
AN : Ou sir seki ou pe dir la?
PS : Wi li ti dir mwa li pou al zwenn Vinay Appanah dan so biro ki trouv La Louise.
D’autre part, Pooveden Subbaroyan avance que Kaya pouvait constituer un danger car « il connaissait tous les secrets des politiciens, leurs transactions financières, et était très impliqué dans leurs affaires. Il les finançait même indirectement ». Le témoin lâchera ainsi : « Zot ti pe donn li lespwar, li pa ti pe panse bannla pou servi li akoz zot bann minis. »
Après avoir fourni des indications sur les contacts politiques de Soopramanien (Kaya) Kistnen et sur la situation qui commençait à s’envenimer du fait qu’il ne décrochait aucun contrat, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnuth a décoché l’inéluctable question :
« Kisannla ou panse inn touye M. Kistnen?»
Le témoin a laissé transparaître une certaine hésitation et puis semblait réfléchir avant de s’exprimer davantage : « Kapav bann dimounn ki ti pros ar li, kouma bann minis dan No. 8, Appanah, Bonomally. »
Après l’insistance des avocats – évoquant des garanties d’une protection policière accrue à son égard ainsi qu’aux membres de sa famille –, il a fini par écrire le nom de la personne qu’il soupçonne être l’auteur présumé du meurtre de Soopramanien Kistnen sur un bout de papier – que la magistrate a précieusement conservé dans son dossier. À l’issue de son interrogatoire d’hier, Vidya Mungroo-Jugurnuth a alors garanti à Pooveden Subbaroyan une protection policière ainsi qu’à ses proches.
N’empêche que suite à une question de Me Neerooa au sujet des conséquences de cette dénonciation en règle, le témoin a tout simplement ajouté : « Konsekans, mo espere bannla pa touye mwa. »

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