Tirer l’inflation par « lake pwalon »

L’infl ation continue de prendre de l’ampleur dans le pays et à donner le tournis à tous ceux et celles qui « atrap lake pwalon », à commencer par les ménagères, les opérateurs économiques et les décideurs gouvernementaux. Les dernières statistiques indiquent en effet une hausse de 2,5 points ou de 2,1% entre février et mars. La “year on year inflation” est passée à 10,7%, contre 9% en février, alors que la “headline inflation” est passée de 5,2% en février à 6% en mars. Pour bien souligner l’importance de la hausse, le bureau des statistiques rappelle que pour la même période l’année dernière, la hausse du taux d’inflation était de 1% et de 2,2%.

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Nando Bodha, chef de file du Rassemblement mauricien, est venu jeter de l’huile sur le feu en publiant une liste de quelque 45 produits de base, estimant que le coût du caddie de la ménagère est passé de Rs 4 597,65 en 2020 à Rs 6 562,06 en 2022. Ce qui représente une différence de Rs 1 964, soit une hausse de 42,7%. Et le consommateur ne sera pas mieux loti en avril, puisqu’après l’augmentation de certains produits frigorifi és la semaine dernière, une hausse du prix de la farine est également attendue à partir de la semaine prochaine, avec toutes les conséquences qu’une telle augmentation comporte. L’attention est maintenant braquée avec inquiétude sur les tarifs d’électricité, surtout après que le ministre des Utilités publiques a annoncé qu’une augmentation ou un réaménagement des tarifs est à l’étude par le CEB.

L’inquiétude gagne la population, d’autant plus que les économistes considèrent que la tendance haussière devrait se poursuivre au vu de la situation internationale, dominée par les effets de la pandémie et de la guerre provoquée par l’invasion injustifiée de l’Ukraine par la Russie. Dans les milieux de l’opposition politique, on s’attend au pire. Avec le niveau atteint par la dette publique, qui aurait dépassé le niveau de 100% du Produit intérieur brut, on craint que le service de la dette occupe une place importante du budget national, limitant du coup la marge de manœuvre du ministre des Finances.

C’est d’ailleurs avec toutes ces préoccupations en toile de fond que se déroulent les consultations pré-budgétaires sous la présidence du ministre Renganaden Padayachy. À noter d’ailleurs que l’inflation affecte non seulement les consommateurs, mais aussi les entreprises, qui sont confrontées à une hausse des coûts de production.

Devant la dégradation accélérée de la qualité de la vie en raison de la hausse des coûts, les voix s’élèvent pour tirer la sonnette d’alarme. Alors qu’on assiste à un appauvrissement de la classe moyenne, la classe des plus défavorisés, elle, est directement menacée par une crise alimentaire. Déjà, des familles ne peuvent plus se payer le luxe d’avoir deux repas par jour, avec le risque de sous-alimentation des enfants. Jayen Chellum, de l’ACIM, a d’ailleurs réclamé cette semaine l’institution d’un comité comprenant des représentants des secteurs public et privé, ainsi que des syndicats et des associations de consommateurs. Il souhaite ainsi un mécanisme de contrôle des prix afin de venir en aide à ceux au bas de l’échelle. D’autres associations, dont celle des contribuables, réclament de leur côté une baisse de la taxe sur une multitude de produits de base, ainsi que l’introduction d’une Tax Band de 5% pour les salaires ne dépassant pas Rs 45 000 et l’extension de la Tax Band de 10%.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a fait part mardi du sentiment de la population en faisant une série de propositions dans le cadre de sa PNQ, entre autres la réduction des prélèvements sur l’essence, l’introduction de Vouchers pour les plus démunis et l’élargissement des subsides sur d’autres produits de base, comme la farine, le riz basmati, le pain et l’huile comestible. Le ministre a accordé une oreille favorable à ces propositions, bien qu’il se soit mêlé les pinceaux avec des considérations qui relèvent de la politicaille. Cela dit, il a annoncé l’institution d’un comité au niveau de son ministère pour se pencher sur ces propositions.

L’infl ation n’est qu’un élément dans la crise qui nous affecte. Le rapport de l’Audit a en effet également mis le doigt sur bon nombre de problèmes qui doivent être résolus, dont la gouvernance au niveau des ministères, afi n de freiner les gaspillages. Ce qui alimente les débats concernant la nécessité d’une réforme des services publics. Quoi qu’il en soit, le chemin à parcourir pour sortir du tunnel est encore long.

 

 

 

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