Lovania Pertab : « Définitivement moins d’efficacité des institutions contre la fraude»

Maurice perd 4 points et chute à la 57e place mondiale et se retrouve à la 5 e place en Afrique de l’indice de perception de la corruption

Le dernier indice de Transparency International est plus qu’en évidence. Maurice a perdu 4 points à l’indice de la perception de la corruption de Transparency International et chute à la 57e place au niveau mondial. Elle perd aussi une place sur le continent africain, arrivant ainsi cinquième derrière les Seychelles, le Botswana, le Cap Vert et le Rwanda respectivement. « Il y a définitivement moins d’efficacité des institutions dans la lutte contre la fraude et la corruption», s’appesantit la présidente de Transparency Mauritius, Me Lovania Pertab. Elle fait état d’un dysfonctionnement institutionnel chronique à plusieurs niveaux avec notamment des régulateurs qui ne seraient pas proactifs dans la pratique. « Nous devons montrer que nous sommes vraiment un pays démocratique », s’insurge-t-elle.

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Dans le dernier classement rendu public, mardi, Maurice dégringole à l’indice de perception de la corruption (IPC) et a perdu 4 points pour se retrouver désormais à la 57e place mondiale. « Nous avions déjà tiré la sonnette d’alarme quant au classement de Maurice à l’indice de perception de corruption. Avec tous les scandales, dont l’affaire Molnupiravir, les Protection Monies, la prolifération de la drogue et le blanchiment d’argent, nous devions nous attendre à ce genre résultat », affirme la présidente de Transparency Mauritius. « Il y a définitivement moins d’efficacité des institutions », ajoute-t-elle au regard de la performance ne baisse de Maurice.

Sur les six sources utilisées par Transparency International pour l’annotation de la républque Maurice, le World Economic Forum s’est montré le plus intraitable, la note passant de 61 à 47 points. Varieties of Democracy Project suit avec sept points de moins par rapport à l’année précédente, soit avec 43 points contre 50. Les notes de plusieurs autres institutions et institutions internationales, soit le Bertelsmann Foundation Transformation Index, l’Economist Intelligence Unit Country Ratings, le Global Insight Country Risk Ratings et le World Justice Project Rule of Law Index, n’ont, pour leur part, pas bougé.

Transparency Mauritius met en avant que ces deux dernières années Maurice a été ébranlée par divers scandales, tels que l’affaire du meurtre du chef agent du MSM à Quartier-Militaire/Moka (No 8) , Kaya Kistnen, avec ses ramifications politiques ou encore les abus des critères d’urgences par rapport aux protocoles de l’acquisition publique de médicaments ou d’équipements médicaux par le ministère de la Santé. Le rôle de la police qui n’a pas été de toute transparence vient se greffer à cette liste de zones d’ombre et sans oublier la contestation des résultats aux dernières élections législatives.

Cette organisation internationale engagée dans la lutte contre la corruption estime que l’on doit s’attendre à un changement de culture en ligne avec les efforts redoublés ayant permis à Maurice de sortir de la zone noire de l’Union européenne et de la liste grise du GAFI. « Si les nouvelles lois et Regulations s’inscrivent dans l’esprit de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme, nous nous attendons à un changement de culture avec l’accent sur la mise en œuvre des mesures mises en place. Malgré que la sortie de Maurice sur les listes grises et noires du GAFI et de l’Union européenne avait insufflé un élan d’espoir, nous notons que les institutions sont ébranlées par les scandales, le népotisme ou encore les cas de conflits d’intérêts », fait comprendre Transparency Mauritius.

Il est aussi question du scandale financier Adani sur le plan international, qui vient de surgir dans l’actualité et vient rajouter une couche négative sur le secteur financier après l’affaire Sobrinho et l’affaire St-Louis, deux dossiers qui semblent être au point mort quant aux enquêtes initiées. « À ceux-là sont venus s’agrafer les dossiers d’Angus Road, les protestations par rapport aux décisions et fonctionnement du comité de pourvoi en grâce », fait-on ressortir.

Par ailleurs, au cours des séances de travail avec les représentants du gouvernement, dont ceux du ministère de la Bonne gouvernance et des Services financiers, les officiers de Transparency International et Transparency Mauritius ont souligné les faiblesses du système et ont fait des suggestions pour améliorer l’indice de perception de corruption, notamment à travers la promulgation d’une Freedom of Information Act, la régularisation du financement des partis politiques ou encore l’adoption d’une Protection of Whistleblowers Act, dont une ébauche a déjà été remise au président de la République en décembre 2022, probablement plus occupé à ce moment par la grâce à être accordée au fils du commissaire de police qu’autre chose.

Lovania Pertab explique que des lois doivent être votées et mises en pratique pour élargir l’espace démocratique et qu’il est grand temps de mettre un terme aux pratiques courantes relevant du népotisme et du favoritisme car cette politique ne peut que nuire à la réputation d’intégrité au pays dans une grande mesure. Au regard de « la récente affaire Adani, personne à Maurice ni les Management Companies, ni le régulateur n’ont vu ce scandale venir. Notre système de Compliance et de surveillance est défectueux », déclare-t-elle.

D’ailleurs, Délia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International, réitère que la prolifération de la corruption rend le monde dangereux. L’IPC démontre que la majorité des pays ne parviennent pas à s’attaquer au problème de corruption, ce qui aggrave une situation mondiale déjà instable. Elle souligne aussi que les gouvernements se doivent de travailler pour le bien commun et non favoriser une élite ou des groupes en particulier.
Transparency Mauritius indique avoir aussi noté que Maurice, quoique toujours en tête du classement de Mo Ibrahim sur la gouvernance en Afrique, a vu ses points être grignotés, ce qui démontre une faiblesse flagrante et évidente. « Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes et de travailler en bonne intelligence pour améliorer notre score. Il ne faut pas oublier que tous les businessmen étrangers consultent l’index avant de décider s’ils vont investir dans le pays ou pas », conclut Lovania Pertab.

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