A contre-courant

Il n’est pas plaisant de débuter l’année avec des critiques. Mais les déclarations du ministre Stephan Toussaint, dans l’édition du Mauricien du 2 janvier, sur certains dossiers brûlants, ne nous laissent guère insensibles. Soulignons d’abord que nous faisons référence à notre confrère, car nous aurions souhaité poser les questions directement à monsieur le ministre, mais notre demande pour une interview, à travers son service de communication, est restée sans réponse.
Ceci dit, cela ne nous empêchera, en aucune façon, de continuer à faire notre travail, qui consiste à informer. Mais certainement pas à l’emporte-pièce. Notre souci est de l’entreprendre avec le même sérieux, la même rigueur et surtout avec autant de professionnalisme et de liberté surtout. Le plus important étant de manier l’art de la critique en s’opposant aux actions et décisions et non en s’attaquant à la personne, qui est loin de faire partie de notre ligne éditoriale.
Faute de réponses donc, on se contentera de ce que Stephan Toussaint a déclaré lors de son entretien de samedi dernier à notre confrère, Le Mauricien. Ainsi, sur la problématique de la création de clubs et des fédérations à caractère douteux, le ministre n’a pas trouvé mieux à dire : « Ce qui devrait aider, c’est que ces clubs et fédérations deviennent plus actifs pour le bénéfice de leurs licenciés. »
Ainsi donc, il suffirait de l’organisation de quelques compétitions, pour blanchir ces clubs et fédérations, dont l’existence a, pour unique but, de permettre à certains d’avoir une majorité lors des élections. En d’autres mots, cela équivaudrait à une fraude. Ils méritent donc d’être sanctionnés, au lieu d’être encouragés à être plus actifs. Cautionner pareille situation voudra aussi dire que d’autres ne seront pas découragés à reproduire le même schéma à l’avenir.
C’est dire à quel point, celui qui se pose pourtant comme un « fervent de la communication », est à côté de la plaque sur ce dossier. Car le monde sportif s’attendait à ce qu’il mette de l’ordre dans ce bazar et non pas à ce qu’il cherche des solutions en vue de leur permettre de sortir de leur posture.
à moins que Stephan Toussaint ne l’ignore, ces clubs et fédérations nuisent énormément à l’organisation du sport à Maurice, une organisation où le ministère des Sports trouve aussi sa place ! Il n’est d’ailleurs un secret pour personne que la présence de ces nuisances et autres dirigeants « nuisibles » sur la place sportive, n’a strictement rien à voir avec l’organisation sportive. Demandez plutôt au Comité national olympique (COM) et vous en saurez davantage sur cet épineux dossier.
Mais ce qui est encore plus grave, c’est que l’émergence de ces nuisances se fait, au nez et à la barbe du Registrar of Associations, qui n’a aucun pouvoir de mettre un frein à ce fléau, si ce n’est de bien vérifier les documents qui lui sont soumis avant de donner son feu vert. C’est du moins ce qui est constaté au vu de la mise en place d’un nombre important de ces fédérations. Des « fédérations » qui ont pullulé en marge des élections du COM initialement programmées pour fin 2020, mais finalement reportées de quelques mois en raison des pratiques pas très sportives, fort heureusement !
Ce qui est aussi important de préciser, c’est que, quelque part, la Sports Act s’est aussi rendue complice de cette situation étant donné que cela fait quelques années déjà que ces clubs et fédérations à caractère douteux n’ont plus l’obligation d’avoir d’abord une reconnaissance auprès du ministère des Sports avant de se tourner vers le Registrar of Associations. Et c’est justement là où le bât blesse. Il y a donc beaucoup mieux à faire au lieu de vouloir rendre ces nuisances actives étant donné la réelle motivation derrière leur raison d’être !
Il n’y a donc pas trente-six solutions. La Sports Act 2016, votée sous ce même gouvernement, devrait être amendée dans les plus brefs délais, avec comme une des priorités, cette fois, freiner l’émergence de ces clubs et autres fédérations nuisibles. à ce sujet, nous apprenons, à travers l’interview du Mauricien toujours, que le projet de loi demeure au stade de consultations publiques plusieurs mois après !
Il est un fait que ce fléau ne date pas d’hier. Et tant que le ministère n’y opposera pas un veto à travers une loi adaptée, nous nous retrouverons pendant encore de très longues années avec ces nuisances sur les bras. La nouvelle Sports Act devra être une priorité pour Stephan Toussaint lui qui a déjà mis le feu au vert, en parlant d’une éventuelle présentation à l’Assemblée nationale cette année. Faudra-t-il encore qu’il fasse preuve de détermination et use davantage de son autorité pour démontrer que c’est bien lui le patron, au lieu de continuer à se cacher derrière l’autonomie des fédérations !

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