Forcé de vivre avec le virus

À l’approche de la date fatidique prévue pour l’ouverture des frontières aériennes, le 1er octobre, la polémique enfle. D’un côté, on retrouve les alarmistes qui se démènent pour forcer le gouvernement à repousser la date d’ouverture, et de l’autre, les partisans de l’ouverture à tout prix. Les sceptiques qui pensent que l’ouverture n’entraînera pas nécessairement un retour en force des touristes et les convaincus qui anticipent l’arrivée de 200 000 à 350 000 touristes d’ici la fin de l’année. L’émotion et la passion sont confrontées à la raison et aux réalistes.

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Le Center for Disease Control des États-Unis a jeté de l’huile sur le feu en émettant un avertissement de classe 4 pour Maurice à l’intention des Américains qui veulent voyager, alors qu’une partie de la presse internationale joue les prophètes de malheur en dramatisant la crise sanitaire dans l’île. Beaucoup de personnes à Maurice ne sont pas convaincues par la volubilité des communicateurs du gouvernement, qu’ils considèrent comme des “spin doctors” qui ne disent pas toute la vérité sur la situation réelle de la pandémie et sur le nombre de décès dus au Covid-19. L’opposition estime qu’ils pratiquent l’opacité et réclame à cor et à cri une plus grande transparence. Les partis de l’opposition considèrent que le gouvernement ne contrôle plus la situation.

En fait, quelle est la situation ? À hier après-midi, le pays comptait 4 697 cas positifs et 99 décès, dont 38 directement liés au Covid. Le virus n’affecte pas uniquement les dortoirs des usines, mais également des écoles, voire la “special mobile”, où 16 cas ont été enregistrés cette semaine. La moyenne du nombre de cas enregistrés sur une base quotidienne reste au-dessus de 150. Dans pratiquement chaque entreprise, les employés connaissent au moins un collègue positif. Il est vrai que la vaccination avance rapidement, car 844 306 personnes avaient obtenu la première dose à vendredi et 785 280 les deux doses. Les officiers du ministère de la Santé téléphonent actuellement aux personnes âgées qui sont suivies par les médecins afin de s’assurer qu’elles ont été vaccinées. Ce qui est une bonne initiative.

Il existe également la vérité économique. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, affirmait cette semaine que le pays est à genoux. Son adjoint, Steven Obeegadoo, a brandi jeudi le danger économique. Il affirme que la réouverture sauvera 100 000 emplois dans l’industrie touristique. Au cas contraire, selon ce dernier, ce sera l’écroulement du secteur hôtelier, qui rapporte en moyenne Rs 63 milliards au pays annuellement. Au niveau du secteur privé, on observe que l’ouverture des frontières ne concerne pas que l’industrie touristique. Plusieurs autres secteurs, dont le centre financier international, en dépend. Selon un observateur, si la matrice du CDC était appliquée sur les États-Unis, ce pays se serait également retrouvé dans le rouge. De plus, le taux de Covid enregistré n’a pas empêché plusieurs économies européennes de décider de pratiquer l’ouverture.

En tenant en compte d’une part la situation sanitaire due au Covid et, d’autre part, la situation économique, d’aucuns pensent que la campagne de la MTPA à travers son site Web, qui compare Maurice à la situation en Afrique, est inélégante vis-à-vis de nos partenaires africains. Au lieu de cela, elle aurait dû dire simplement la vérité en affirmant que « oui, nous avons une poussée de virus pour le moment, mais nous faisons tout pour la contrôler et pour assurer la sécurité sanitaire des visiteurs, qui doivent d’ailleurs être vaccinés avant de venir à Maurice ».

D’ailleurs, personne ne s’attend à ce que les touristes se bousculent pour se précipiter à venir à Maurice dès l’ouverture des frontières. L’Executive vice-président et Executive Director de Lux Collective a observé dans une récente interview qu’au mois d’août, seul un quart de sièges disponibles avait été réservé pour octobre, soit 52 000, et un tiers de notre capacité en sièges avait été vendu pour décembre. « On s’attend à une hausse progressive l’année prochaine. » De plus, il n’y aura pas d’arrivée tous azimuts. Les touristes seront testés à leur arrivée et ceux qui ne sont pas vaccinés seront conduits en quarantaine. La crainte concernant l’ouverture peut être exagérée à ce stade. De toutes les façons, il faut apprendre à vivre avec le Covid.

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