Les ratés de la réouverture

Cela fait 19 mois que les frontières sont fermées, cela fait donc autant de temps que l’on attend leur réouverture qui nous ramènera des visiteurs et faire repartir l’économie, à travers le tourisme. Cela fait des mois que des comités siègent, discutent et prennent des mesures pour organiser cette réouverture annoncée comme une renaissance de la destination touristique île Maurice avec une campagne de publicité traditionnelle sur les chaînes de télévision européenne. Soyons charitables pour oublier les SUS et autres textes où l’on fait changer de sexe aux dieux, et les campagnes avec le nom de la destination mal écrit sur les billboards du stade de Liverpool. Les autorités dites responsable de l’accueil des premiers visiteurs ont eu des semaines, pour ne pas dire des mois, pour préparer la réouverture et, malgré ça, ils n’ont pu éviter des ratés. Un passager arrivé vendredi dernier sur le premier vol raconte: « Il y avait les formulaires de débarquement à remplir et les procédures à suivre. C’était la pagaille, la désorganisation. Les employés ne semblaient pas trop sûrs de ce qu’il fallait faire. On nous a fait changer plusieurs fois de file, sans nous dire pourquoi. Seulement la moitié des comptoirs de l’émigration étaient occupés, ce qui a ralenti le rythme des queues, et il y avait des gens qui se promenaient avec l’air important avec des talkie walkie à la main et donnaient des indications contradictoires. Quand un vous disait d’aller là, un autre passait après pour dire de faire le contraire. J’ai passé trois heures à attendre dans des queues faisant face à des fonctionnaires qui avaient l’air dépassés. » Et pourtant, dans un de leurs briefings télévisés, les porte-parole médicaux du gouvernement avaient donné l’assurance que toutes les précautions avaient été prises et que les responsables avaient passé des journées pour former les employés de différents services de l’aéroport pour la réouverture ! Mais la pagaille n’existait pas qu’à l’intérieur de l’aéroport, à l’arrivée, mais également à l’extérieur à la sortie. Ont circulé sur les réseaux sociaux des vidéos de foules mélangeant arrivés, accueillants et fonctionnaires côte à côte. On a également pu voir des minibus transportant les touristes sans respecter les règles de distanciation sociale Exactement comme les autobus qui ont le droit de se remplir de passagers, sans respecter le distanciation sociale, que l’on pratique pourtant sur les bus stop !
On peut, en étant très, très charitable, se dire qu’après des mois de chômage forcé, les fonctionnaires de l’aéroport ont perdu leurs réflexes et ont des difficultés à retrouver le rythme nécessaire. Mais le problème c’est que des passagers, arrivés trois jours après le 1er octobre, ont vécu la même situation et ont eu la même sensation de cafouillage que ceux qui étaient arrivés vendredi. Si avec 2000 passagers, les voyageurs doivent passer trois heures en formalités de débarquement, que va-t-il se passer quand les vols se multiplieront ? Il paraît que les autorités responsables ont effectué une visite à l’aéroport pour voir si tout se passait bien. Il y avait dans la délégation le nouveau PDG de tout l’aéroport – celui-là même qui avait organisé la fameuse rencontre PM/lauréats pilotes – , le président de la MTPA, son directeur général et le ministre suppléant du Tourisme. Oui, le suppléant, parce ce que le ministre en titre se trouve actuellement à la foire du Tourisme à Paris où il démontre sur les plateaux télés qu’il manie aussi bien la langue de Molière que celle de Shakespeare. J’espère qu’il n’a pas essayé de traduire en français sa désormais fameuse phrase « Mauritius is relatively covid free. » D’autant plus que les nouveaux cas de covid continuent à être enregistrés et qu’on a même découvert trois cas du variant Delta qui avait semblé épargner Maurice jusqu’à présent. Il est évident que les responsables du gouvernement prendront les critiques de la réouverture comme des actes anti-patriotiques et préféreront les comptes rendus toujours positifs de la MBC et des médias gouvernementaux. Mais le problème c’est que les visiteurs ont aussi des téléphones avec caméras et utilisent les réseaux sociaux pour poster leurs vidéos et exprimer leur mécontentement. Passer trois heures en formalités après un vol de plusieurs heures ne sera pas qualité d’exotisme, mais de mauvaise organisation, de ratage. Il est à espérer que les autorités responsables ont fait une analyse des raisons ayant provoqué les ratés de la réouverture et ont pris les mesures correctives qui s’imposent. Ne serait-ce qu’en veillant que TOUS les guichets de l’émigration soient désormais opérationnels.

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