Place à la politique partisane

Tous les regards seront braqués ce week-end sur Kewal Nagar, anciennement connu sous le nom de Belle-Rive, où le Parti travailliste organise une mobilisation autour de la mémoire de deux de ses tribuns, à savoir le père de la nation, sir Seewoosagur Ramgoolam, et un de ses principaux lieutenants, sir Satcam Boolell.

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Ce rassemblement partisan intervient après les trois manifestations de la société civile qui auront mobilisé des dizaines de milliers de citoyens à Port-Louis et à Mahébourg. Les trois marches pacifiques, en particulier celle du 29 août, auront permis d’ouvrir une nouvelle page dans les annales politiques de Maurice, ainsi que de démontrer que la grande majorité de la masse dite silencieuse n’est pas pour autant inactive et désintéressée par les affaires nationales, et qu’elle peut descendre dans les rues pour exprimer sa colère, sa frustration et ses appréhensions concernant la gouvernance du pays. De fait, c’est de leur existence qu’il s’agit, car jamais auparavant les Mauriciens ne s’étaient retrouvés face à une telle insécurité.

Insécurité professionnelle, car avec la récession et la décroissance de 13%, les emplois sont menacés; insécurité économique, du fait que la dépréciation de la roupie face aux principales devises entraîne une hausse considérable du coût de la vie, et par conséquent une baisse de la qualité de celle-ci; insécurité environnementale, avec le désastre qu’a entraîné la marée noire dans la partie sud-est du pays; insécurité personnelle, avec les attaques répétées enregistrées contre les personnes âgées; et insécurité face à la prolifération de drogue. La persistance de certains à raviver le virus du communalisme dans le pays par tous les moyens, y compris à travers Facebook et WhatsApp, et à un moment où le sentiment patriotique n’a jamais été aussi fort, inquiète au plus haut point. S’il faut reconnaître que le gouvernement a bien géré la crise sanitaire de la COVID-19, sa gestion du naufrage du Wakashio, elle, a mis en lumière beaucoup de ses faiblesses en ce qui concerne la gestion des affaires.

Ces manifestations ont aussi démontré l’attachement des Mauriciens à leur patrie et leur volonté de voir une nouvelle façon de gouverner le pays. On rêve d’un système de gouvernance où les demandes de la population seraient prises en compte, où la population pourrait avoir son mot à dire au regard de la performance des élus, au lieu d’attendre cinq ans pour sanctionner les incompétents, où le pays serait gouverné dans la transparence, avec clarté et intelligence.

Or, ce n’est pas une gestion intelligente lorsqu’on entend un fonctionnaire décréter qu’une personne “stranded” à l’étranger verra sa pension suspendue, sans se soucier des circonstances dans lesquelles ce pensionné est bloqué. Pourquoi créer une souffrance inutile en annonçant que tous les rapatriés devront, à partir du 1er octobre, payer des frais élevés pour leur quarantaine, avant de rectifier par la suite en expliquant que ce paiement se fera sur la base du cas par cas ? Pourquoi maintenir le suspense autour de l’ouverture des frontières alors que non seulement une ouverture graduelle est inévitable, mais que les protocoles sont mis en place à l’aéroport, dans le système de santé et dans les établissements hôteliers pour se préparer à accueillir les touristes.

Si le gros des critiques est dirigé vers le gouvernement au pouvoir et le Premier ministre qui en tient les rênes, une lecture attentive des dernières manifestations permet d’apercevoir que les dirigeants de l’opposition ne sont pas épargnés par les manifestants. La demande de “lev pake ale” concerne en effet aussi bien le gouvernement que l’opposition. À ce propos, il existe un courant qui estime que Navin Ramgoolam devrait céder le leadership de son parti à quelqu’un d’autre. Il se chuchote que même au niveau de l’opposition, on aurait constaté des difficultés pour le faire accepter par l’électorat. Est-ce pour cela que la question d’alliance entre les trois partis de l’entente de l’opposition n’a pas encore été conclue ? On note aussi que les leaders des deux partenaires du PTr délégueront leurs représentants à Kewal Nagar. Le rassemblement de demain constituera donc un test majeur pour Navin Ramgoolam, à titre personnel et pour son positionnement sur l’échiquier politique à l’avenir. Les débats politiques s’annoncent dans tous les cas âpres pour les prochaines semaines.

 

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