Rencontres

— Tu savais que X est à la recherche d’un quelqu’un ?

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— Pas du tout. Quel gendre de quelqu’un elle est en train de chercher ?

— Un quelqu’un de bien, un compagnon pour partager sa vie, tu vois ?

— Tu veux dire qu’elle veut se remarier ?

— Non, elle ne veut pas se remarier, mais trouver un quelqu’un pour refaire sa vie, lui tenir compagnie, pour sortir…

— Et surtout un quelqu’un pour rentrer avec elle à la maison pour passer la nuit ensemble !

— Qu’est-ce qu’il y a de mal dedans ? Après tout X est une femme libre depuis son divorce. Tu sais, elle est bien seule depuis que ses enfants ont quitté le pays et avec le covid, elle ne peut même pas aller les voir.

— C’est pas une raison pour chercher un homme pour se marier.

— Mais je t’ai dit qu’elle ne veut pas se remarier, elle veut juste un compagnon pour passer le temps.

— Ça, c’est mieux. Autrement dit, elle cherche un quelqu’un pour la garder, comme on disait autrefois ?

— Pourquoi tu as besoin d’être vulgaire comme ça, foutour va !

— Je ne suis pas vulgaire, je dis les choses comme elles sont, c’est tout. En tout cas, elle a raison de ne pas vouloir se remarier, surtout pas avec un quelqu’un de beaucoup plus vieux qu’elle.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que j’ai une copine qui l’a fait. Elle a trouvé un quelqu’un de bien, mais plus âgé qu’elle. Ils ont fait un grand mariage tout ça.

— Et alors ?

— C’est après qu’elle a appris que son nouveau bonhomme avait plusieurs maladies. Aujourd’hui elle est mariée, mais en même temps elle est nénene, infirmière et garde-malade !

— Hé toi-là, c’est terrible. Qu’est-ce que ta copine fait ?

— Elle doit s’occuper de son nouveau mari du mieux qu’elle peut. Elle regrette amèrement, je peux te dire.

— En tout cas, X n’a aucune intention de jouer à la garde-malade ou à l’infirmière. Elle cherche un quelqu’un d’encore bien fit. Disons dans la cinquantaine, bien physiquement, sans aucune maladie, avec une bonne situation, aimant la société, pouvant faire la conversation, les voyages tout ça. Et sans enfants à charge !

— C’est une espèce bien rare qu’elle est en train de chercher. Et elle-même, comment elle est ?

— Elle n’a pas encore cinquante ans, a un bon job, un joli petit flat…

— Ça, c’est bon. Et physiquement elle est comment ?

— Tu te souviens pas d’elle ? Vous étiez pourtant dans la même classe au couvent.

— Tu sais ça remonte à bien longtemps. Elle a dû mari changer depuis. Moi, je me rappelle d’une fille maigre-maigre, un peu sauvage.

— Elle a bien changé depuis. Elle est très sociable, pas mal physiquement ni trop maigre, ni trop grosse…

— C’est bon ça. Les hommes n’aiment pas les gaulettes casse masson, ils préfèrent avoir quelque chose à se mettre sous la main.

— En tout cas, avec elle, il y a de quoi attraper, comme dit mon bonhomme. Alors tu crois qu’elle va pouvoir trouver chaussure à son pied ?

— Elle a un bon profil, mais franchement te dire, le genre de quelqu’un qu’elle cherche est très demandé. Il ne reste pas longtemps sur le marché.

— Ah bon, c’est comme ça, il y a un marché ?

— La concurrence est rude, toi. Non seulement il y a les divorcées, mais il y a également des femmes plus jeunes qui jouent aux gamines qui courent derrière les vieux. Celles-là, elles font beaucoup de désordre sur le marché et augmentent la concurrence.

— Si je comprends bien, X n’a pas beaucoup de chance de trouver son âme sœur.

— Franchement te dire, tous ceux qui correspondent à la définition sont déjà pris et leurs femmes ne vont pas les larguer. Ce sont ceux qu’on appelle les « ammaré pas kapav larguer ». Les maris de cette catégorie qui arrivent, quand même, à divorcer sont tout de suite pris en chasse et capturés.

— Comme ça, il y a une grande demande sur ce marché-là ?

— Mais d’où tu sors, toi ? Autrefois, on se mariait plus par devoir plus que par amour — on disait même que l’amour viendrait après le mariage ! Les veuves faisaient grandir leurs enfants, puis s’occupaient des petits-enfants. Aujourd’hui c’est plus le cas : veuves, divorcées, séparées, les femmes veulent vivre leur vie. Avant, elles étaient choisies, maintenant c’est elles qui choisissent, qui sortent, s’amusent et sont indépendantes. Ce sont elles qui prennent l’initiative.

O Comme X est un peu timide et ne sait pas trop se mettre en avant, elle n’a aucune chance de trouver un quelqu’un de bien alors ?

— Mais non. Tu sais qu’il y a des personnes qui s’occupent de mettre en relation les quelqu’unes qui cherchent des quelqu’uns ?

— Ah bon, ça aussi il y a ? Tu veux dire des entremetteurs ?

— Ayo, pourquoi tu emploies des mots vulgaires comme ça ? Ce sont plutôt des gens qui aident les gens à trouver ce qu’ils cherchent.

— Tu veux dire des courtiers, des gens qui organisent les rencontres et les mariages, ceux qu’on appelle les agwas ?

— Moi je n’utilise pas ces mots-là. Au lieu d’attendre que le hasard fasse ta copine X rencontre, peut-être, quelqu’un qui va lui plaire, on peut la faire rencontrer des quelqu’uns qui correspondent à ce qu’elle recherche. Elle n’aura qu’à choisir.

— C’est aussi facile que ça ?

— Dis à X de me téléphoner pour que je lui organise une première rencontre.

J.-C A

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