Le sabre comme symbole

Et si le sabre avait supplanté le soleil comme symbole du MSM? Non, ce n’est ni une interrogation oiseuse ni un questionnement déplacé. A voir avec quelle facilité cette arme tranchante est brandie, toutes les conjectures sont autorisées.
Pour célébrer la date anniversaire de l’arrivée des immigrants à Maurice, une organisation a pu manifester et défiler avec des sabres ostensiblement brandis au nez et à la barbe de la police. Sans qu’elle n’intervienne ne serait-ce que pour les saisir sur le champ, le temps que leurs porteurs viennent s’expliquer au poste de police.
Pourquoi faut-il se munir d’un sabre pour marquer un jour de commémoration? Quel est le message que ces manifestants ont voulu véhiculer? A qui était-il adressé? Etait-ce un signal signifiant, qu’au moindre différend, ils n’hésiteraient pas à les utiliser pour intimider leurs contradicteurs?
Dans ce pays où l’oubli du masque réglementaire même lorsqu’on est seul devant sa porte est sujet à interpellation policière, où un post sur Facebook peut conduire à une nuit de detention ou à un raid matinal, il est légitime de se demander pour quelles raisons la police est restée si passive face à ces manifestants. On dirait que c’est un cas de «guvernma dan nou lame», un énième!
Le sabre avait également été exhibé sur les réseaux sociaux il y a quelques semaines en pleins débats sur un joke de mauvais goût qui n’avait pas vocation à gagner la place publique. Pourquoi exhiber un sabre à tout bout de champ? S’agit-il d’un code partagé entre initiés?  Un groupuscule menaçant, composé de proches et de protégés du gouvernement, casés dans des postes publics, avait menacé de prendre les armes pour se venger en mettant en avant un sabre.
Ce n’est que lorsqu’un plaignant a dénoncé ces posts menaçants et dangereux à la police qu’il y a eu réaction. Et un simulacre d’action et, là aussi, la police a choisi une qualification délictueuse bien faible, sous l’ICTA Act, pour loger la charge provisoire. Et toutes ces personnes en liberté conditionnelle sont toujours à leurs postes et rémunérés des fonds publics tandis que l’on réclame des certificats de caractère à des sportifs avant de leur accorder une allocation dérisoire.
Et le Premier ministre lui n’a rien à dire sur les têtes brulées qui se retrouvent dans sa cohorte sauf d’oser appeler “à veiller que personne ne mette en danger notre unité”. Il devrait commencer par prêcher chez lui-même et inviter ses troupes à donner le bon exemple sinon ses grandes envolées pour la consommation publique sonneront de plus en plus creux.
En fait, ce qui est triste de constater c’est que celui qui avait poussé son père à la retraite pour s’installer à sa place et qui a mené une politique de conquête populaire à tout prix a organisé la déliquescence des instituions qui sont aujourd’hui toutes des officines politiques à la solde du MSM et de ses alliés.
Une police aux ordres, comme on le constate tous les jours avec, en plus, des unités pourries jusqu’à la moelle, un Speaker issu du clan intime pour qu’il s’érige en bouclier du “petit”, la démonstration ayant une nouvelle fois été faite mardi dernier à l’Assemblée nationale. Sooroojdev Phokeer ne s’est épargné aucun effort pour aller à la rescousse du Premier ministre malmené par Arvin Boolell sur l’affaire Angus Road.
Lorsque le leader de l’opposition évoque le nom d’Alan Govinden, celui qui a déboursé Rs 20 millions pour le terrain d’Angus Road, le Speaker l’arrête pour lui dire que ce n’est pas correct de citer les noms des gens. Ok, c’est la pratique de ne pas balancer des noms à gauche et à droite parce que les personnes visées ne sont pas là pour s’expliquer ou se défendre mais lorsque le Premier ministre entraîne le DPP dans le débat, là, Sooroojdev Phokeer n’a rien à dire.
Il aurait pu se prévaloir de la perche providentielle tendue par le meilleur cireur de pompes du moment, Alan Ganoo, pour dire au Premier ministre que ce n’est pas admissible qu’il mêle le DPP à cette discussion. Le ministre metro, volant au secours de son patron, le Premier ministre, avait rappelé que l’on ne pouvait pas critiquer la conduite d’un membre du Parlement autrement qu’au moyen d’une motion en bonne et due forme.
Comme le DPP est un poste constitutionnel, le Speaker avait l’obligation d’arrêter Pravind Jugnauth dans sa réplique de bas étage à Arvin Boolell juste parce que le DPP est son frère. C’est le niveau que promeut le Premier ministre et il s’en trouve pour s’étonner que les troupes suivent et en rajoutent. Pour offrir des spectacles d’une médiocrité jamais égalée depuis l’indépendance. La MBC étant une des illustrations les plus éloquentes de cette politisation outrancière malsaine et antidémocratique.
L’ICAC étant dans la poche, comme démontré devant le conseil privé dans l’affaire Medpoint, il ne reste plus que le DPP-et son bureau- qui représente le dernier rempart contre les dérives autoritaires du régime et qu’il est régulièrement pris pour cible. Il ne faut jamais oublier qu’il y eut, fin 2016, le projet de création d’une Prosecution Commission pour limiter ses prérogatives et revoir ses décisions.
Même la commission électorale qui s’était construit une solide réputation de fair play et de rigueur semble avoir été, elle aussi, mise sous chloroforme. Où est-elle cette commission qui n’hésitait pas, en 2005, à rappeler publiquement à l’ordre l’épouse d’un président de la République qui menait ouvertement campagne sur le terrain pour son fils à Vieux Grand Port/Rose Belle? C’était une autre époque, celle où le pays était internationalement acclamé pour la qualité de ses institutions.
IL serait ainsi intéressant de voir comment va réagir  la commission après la participation du ministre Ganoo à un rassemblement dans le cadre des villageoises où il a été question d’emplois, de patentes de taxi en cette période de marasme et de projets de développement. Un véritable test pour mesurer l’état de santé de la première de nos institutions, celle qui organise le vote.

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