Saint-Valentin (fin)

— Alors comment ça s’est passé ta Saint-Valentin ?

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— Aio tu ne veux pas qu’on parle d’autre chose ? Tu as vu comment on a mis le Mentor et sa femme dans un « crane » pour arroser la statue.

— C’est pas vrai. SAJ a fait une affaire comme ça ? A son âge ?

— Oui, toi. On l’a mis avec sa femme dans une de ces machines qui montent la haut pour faire la cérémonie toi. — Qu’est-ce qui lui a pris au bonhomme de faire ça. Il n’a pas l’habitude de faire ces extravagances-là, lui.

— Il a dû suivre un conseil. Un mauvais conseil.

— Je te dis que je ne reconnais plus le bonhomme. Non seulement il dit n’importe quoi depuis quelque temps, mais il faut aussi n’importe quoi. Bon, ça suffit, hein !

— Quoi ? Qu’est-ce tu as ?

— Dis-moi : tu vois écrit couillonne sur mon front ?

— Pourquoi tu dis ça ? Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Tu crois que je ne vois pas que tu es en train de détourner la conversation ?

— Moi ? Jamais de la vie.

— Et puis, quoi encore ? Tu m’avais promis de me raconter ta Saint-Valentin et quand je pose la question, tu changes tout de suite de sujet.

— Qu’est-ce que tu veux que je te raconte ? Il n’y a rien à raconter, c’est tout.

— Comment ça, il n’y a rien à raconter ? Tu avais passé une semaine à tout préparer, Non ? — Je t’avais dit ça : quand on organise trop bien, ça finit par foirer.

— Qu’est-ce qui s’est passé comme ça ?

— Aio. Tu te rappelles, j’avais tout planifi é. Les enfants étaient partis chez leurs cousins, la bonne avait fait un grand nettoyage, j’avais commandé un mari bon mangé chez un top caterer, le champagne était au frais, j’avais tamisé les lumières, mis un CD de Michael Buble avec « Save the last dance for me »…

— Et tu avais acheté une pilule qui réveille même les morts !

— Ça même tout qui t’intéresses dans tout ça toi, on dirait !

— Mais c’est toi qui m’a raconté tout ce que tu avais préparé.

— Mais on dirait que c’est seulement ça, que ce détail qui t’a mari intéressé.

— Qu’est-ce que tu veux dire, comme ça ?

— Rien du tout. Je ne fais que constater.

— Ecoute, bonne femme, si tu ne veux pas me raconter ta Saint-Valentin, tu n’as qu’à ne pas raconter, c’est tout. Tu fais comme tu veux.

— Mais je t’ai déjà dit qu’il n’y a rien à raconter.

— Tu te fiches de moi. Tu passes une semaine à tout préparer et tu me dis qu’il n’y a rien à raconter. Comment ça s’est passé quand ton bonhomme est rentré de son travail ? Il a dû avoir un choc, non ?

— Il ne s’est rien passé, je te dis. Et premier d’abord, il est rentré tard.

— Ah je vois : il n’a pas du tout apprécié ce que tu avais fait. Tu sais, les hommes c’est comme ça. Tu fais tout pour eux et ils ne remarquent même pas tout ce que tu as préparé pour lui. Ils sont comme ça les hommes, je te dis.

— Deuxième d’abord : il n’était pas en état.

— Quoi ?

— Je te dis qu’il n’était pas en état de remarquer tout ce que j’avais fait.

— Mais pourquoi ? Il était malade ? Je vois, il est tombé malade et a dû aller chez le docteur qui lui a donné des médicaments forts. Ça même il n’a pas remarqué toute ta préparation pour la Saint-Valentin.

— Tu te trompes : il n’était pas plus malade que toi et moi.

— Mais alors pourquoi il n’a pas remarqué tout ce que tu avais fait ?

— Il était saoul comme un cochon.

— Mais tu ne n’avais pas dit qu’il était allé travailler. — Oui, mais après il est allé à son entraînement de football.

— Ils boivent après l’entraînement ?

— Ma chère, ils ne font que ça. D’ailleurs, je commence à me demander si l’entraînement n’est pas un prétexte pour pouvoir boire.

— Il est rentré saoul comme ça ?

— Comme un cochon que je te dis. Il était tellement “caca poule” qu’il n’a même pas pu se déshabiller pour aller prendre une douche.

— Mais alors, qu’est-ce qui s’est passé ?

— J’ai juste enlevé ses chaussures pour qu’il ne salisse pas les draps. Il a dormi tout habillé, comme ça même, en ronflant et en dégageant une odeur d’arack ça, qu’est-ce que je vais te dire.

— C’est pas vrai, toi et qu’est-ce que tu as fait ? Tu as dormi à ses côtés ?

— Tu es tombée sur la tête. Non. Je suis allée dormir dans la chambre de ma fille.

— Pas chic, toi. Après tout ce que tu avais préparé. Qu’est-ce que tu as fait des affaires ?

— D’après toi ? J’ai bu le champagne et mangé les gadjacks et le bouillon de crabe en écoutant les chansons de Michael Buble.

— Aio toi. C’est pas facile. A ta place, j’aurais fait une dépression nerveuse. — Tu comprends maintenant pourquoi je dis qu’il ne s’est rien passé pour la Saint-Valentin ? !

J.C A

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