Real-Liverpool: même gagnée, « la pire finale de toutes » hante les supporters madrilènes

Dix mois après les incidents ayant assombri la finale de la Ligue des champions à Paris, les images des violences continuent de hanter les supporters du Real Madrid, qui retrouvent Liverpool mercredi en 1/8e de finale retour de l’édition 2022-2023.

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Son groupe de supporters porte le nom de la capitale française, et de l’année où le Real avait une première fois triomphé au stade de France, il y a 23 ans, contre le Valence CF (3-0). Mais David Caballos est catégorique: « Si le Real se qualifie pour une (autre) finale à Saint-Denis ces prochaines années, nous, on n’ira pas. On ne veut pas revivre ça », dit le vice-président de « Paris 2000 ».

Pour lui, comme pour de nombreux fans du club merengue, le souvenir de la finale du 28 mai 2022 est encore douloureux, et ce malgré la victoire contre les Reds (1-0).

« Je suis allé à huit finales avec le Real. Celle-là, c’est clairement la pire de toutes », tacle ce supporter de 49 ans, qui a retrouvé sa fourgonnette de location avec une vitre explosée après le match.

« On est allé à Amsterdam, à Cardiff, à Glasgow, à Lisbonne… et deux fois à Paris, en 2000 et en 2022. Nulle part ailleurs on n’a vu autant d’insécurité et une finale aussi mal organisée », ajoute-t-il.

– « Chaos total » –

Le 28 mai dernier, la finale de la Ligue des champions, initialement prévue à Saint-Pétersbourg, avait été relocalisée à Saint-Denis en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le coup d’envoi avait dû être reporté de plus d’une demi-heure en raison des difficultés d’accès créées par des goulets d’étranglement dans le parcours des supporters jusqu’au stade.

Les supporters des deux équipes avaient injustement été blâmés, et la police française avait inondé de gaz lacrymogène des milliers de personnes coincées derrière des barrières métalliques dans le périmètre autour de l’enceinte.

Gerardo Tocino, président de la peña La Gran Familia (la grande famille, en espagnol), l’un de plus importants groupes de supporters du Real, était tout près.

« La police a commencé à charger. L’un des policiers est revenu vers nous parce qu’il avait lui-même les yeux remplis de gaz lacrymogène. (…) On a dû lui porter secours », se souvient ce professeur de sport à la retraite.

« Toñin el Torero », de son vrai nom Antonio Castaño, est l’un des supporters les plus emblématiques du club merengue, toujours présent au premier rang des tribunes du Bernabéu avec sa cape. Il était aussi présent au stade de France.

« Les alentours de Saint-Denis étaient plongés dans un chaos total. Des bandes organisées tentaient de voler les gens, les gens couraient, il faisait noir -il n’y avait plus d’éclairage public-, les vitres des voitures étaient éclatées… », décrit-il, la mémoire encore à vif.

Le 13 février dernier, le rapport indépendant commandé par l’UEFA a mis en évidence la « responsabilité première » de l’instance, dénonçant « des échecs qui ont quasiment mené au désastre ». Il dédouane aussi entièrement les fans de Liverpool, accusés dans un premier temps d’être arrivés en retard et d’avoir massivement présenté des billets falsifiés.

– « Comme chez eux » –

Ces évènements ont suscité solidarité et compassion entre les supporters des deux clubs.

Lors du 8e de finale aller, le 21 février à Anfield, les deux camps ont échangé de chaudes salves d’applaudissements, et aucun débordement n’a été signalé.

Mercredi, pour le match retour, l’accueil des fans des Reds sera soigné.

« Les Anglais vont se rassembler sur la Plaza Mayor, puis rejoindre leurs bus qui les emmèneront jusqu’au stade, où la partie nord leur sera complètement réservée. (…) L’organisation sera parfaite, ils se sentiront comme chez eux », promet Gerardo Tocino.

En outre, « au Bernabéu, il y a eu des Boca Juniors-River Plate, des matches contre le Barça, (…), des rencontres à tendance très conflictuelle, mais les autorités sont formées pour faire en sorte qu’il ne se passe rien. Il y a trois anneaux de sécurité pour pénétrer dans le stade, donc si tu viens avec de mauvaises intentions, tu ne pourras pas entrer. Impossible », explique « Toñin el Torero ».

La semaine dernière, l’UEFA, reconnaissant « les expériences négatives vécues » à Paris, a décidé de rembourser tous les billets des supporters de Liverpool (19.618). Le Real a lui rejeté les offres de compensation, les jugeant « insuffisantes ».

Mais, avec le temps et les succès -comme celui, spectaculaire, du club madrilène à l’aller (5-2), David Caballos veut croire que le souvenir du stade de France s’estompera. « Quand tu gagnes, les choses s’oublient plus vite », note-t-il.

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