À la croisée des chemins !

Une très large part de la population mauricienne, dont certains membres ont eu le courage de descendre dans la rue récemment, s’élève aujourd’hui sur les réseaux sociaux contre nombre de dérives majeures de notre société et du vivre-ensemble mauricien. Sciemment ou inconsciemment, nos élus, gouvernement ou opposition, ne semblent pas entendre cette frustration grandissante à travers tout le pays. Trop occupé à assurer leur prolongement au pouvoir pour les uns et, pour les autres, à être en train de jouer au chat et à la souris, pour ne pas dire à la courte-paille, pour savoir qui sera présenté comme PM à la prochaine échéance électorale.

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À ce jeu malsain, ils continuent d’abandonner la protestation et l’attention aux forces opportunistes de certaines individualités charismatiques ou populaires qui occupent constamment l’espace médiatique ces derniers temps pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Tous les problèmes sont ainsi laissés en jachère par des esprits trop occupés par la bêtise sophistiquée et divisionnelle qui trouve sa raison d’être dans cette manipulation machiavélique de notre société qui ne fait finalement que renouveler une forme de pouvoir politique vicié. Plus que jamais, l’atmosphère qui règne dans notre pays est lourd et le découragement gagne tous les coins et recoins de l’île qui avaient pourtant retrouvé un certain espoir, un enthousiasme pour une vie meilleure retrouvée et un répit très attendu après deux ans de Covid-19.

Dans ce contexte dilettante, l’industrie hippique locale peine à retrouver ses heures de gloire et se trouve semaine après semaine à faire la une de l’actualité pour de mauvaises raisons. Le MTC, qui vient de renouveler toutes ses instances et entend miser sur son professionnalisme, reconnu et respecté, a envoyé un message de paix en direction des institutions dirigeantes des courses, qui ont jusqu’ici fait la sourde oreille. Le choix judicieux de n’avoir qu’une voix représentant l’institution est une démarche louable, dans la mesure où l’organisateur des courses depuis deux siècles, le plus ancien de toutes les organisations hippiques de l’hémisphère Sud, a longtemps affiché des divisions internes qui lui ont porté préjudice et fait perdre toute crédibilité et force de frappe vis-à-vis des autorités et de ses adversaires.

Dorénavant, avec un pacte de solidarité absolu et sans faille avec sa subsidiaire, la MTCSL, qui parlera d’une même voix, le MTC compte poursuivre à séduire le public sur son organisation, sans faute autant que possible, des journées hippiques qui lui ont été attribuées. L’opération séduction basée sur sa situation de victime expiatoire d’un GM revanchard, mais surtout sur son savoir-faire, a sans doute pour but de gagner du temps en espérant une alternance qui pourrait remettre les pendules à l’heure.

Ainsi, le MTC veut montrer qu’il a des muscles et ne va rien laisser passer sur le plan de la rectitude, du sérieux, mais surtout de la discipline. La sanction d’exclusion du Champ de Mars pour trois journées de Mme Taslima Valayden est l’un de ces signaux que le MTC entend envoyer pour montrer sa bonne foi et sa fermeté. Même si sur la forme il apparaît que les pressions de l’arroseur arrosé aient aussi, un peu, influencé les juges, qui ont voulu signifier publiquement leur probité et esprit indépendant.

Quoi qu’il en soit, la réaction positive à la sanction de celle trouvée fautive dans cet incident bruyant, mais tout à fait compréhensible le jour du Barbé, démontre bien le respect dû à son club, le MTC, et que rien ne l’arrêtera dans son combat inlassable contre celui qui a usé et abusé de son torchon pour la salir plusieurs personnes en s’attaquant à leur intégrité personnelle et professionnelle.

Le résultat aujourd’hui est que les agissements condamnables de ce milliardaire qui bénéficie des largesses et de la politique et des yeux bandés de certaines institutions et autorités diverses, courtisé de toutes parts pour son argent, sont connus de tous et que son aura se dilue comme le sel dans l’eau. Il est bien dommage que le MTC ait choisi de ne pas aller de l’avant avec les motions d’expulsion déposées à son encontre et aux deux autres membres qui ont choisi d’apporter leur soutien à la nouvelle organisation des courses, PTP.

Propulsé au-devant de la scène et imposé par les autorités politiques du pays comme organisateur des courses à égalité avec le MTC, PTP a connu des débuts laborieux, et nous sommes polis. Bien qu’il y ait eu une maîtrise plus aguerrie au fil des journées, le nouveau venu ne manque pas moins de continuer à enregistrer des couacs ponctuels mais retentissants qui nuit à son image et à la maîtrise de son sujet. Il s’est d’emblée mis dans une position d’adversaire au MTC et les infrastructures, rien qu’au Champ de Mars, ont été inutilement dédoublées. Le signe le plus distinctif de cette aberration, ce sont les deux lignes d’arrivée à quelques mètres d’intervalle qui font de nous aujourd’hui la risée des mondes hippiques à travers la planète.

PTP semble avoir des ressources illimitées à la hauteur de celles de son leader, qui ne lésine pas sur les moyens pour convaincre le turfiste de le suivre. Force est de reconnaître qu’il a pu séduire des professionnels et un public spécifique qui en veulent au MTC pour des raisons diverses et parfois compréhensibles. Mais la grande majorité des turfistes, à travers le Maiden notamment, ont montré leur préférence. PTP peine à séduire plus largement, car il mise sur une image très mal maîtrisée d’être toujours sur le pied de guerre au lieu d’asseoir son apprentissage et se faire plus modeste dans son approche. Il n’y a pas que le public qu’il a peine à convaincre aujourd’hui, car de plus en plus de propriétaires, excepté le leader maximo, et d’entraîneurs choisissent d’inscrire leurs chevaux aux courses de l’autre côté de la piste, car ils pensent qu’elles sont plus régulières et qu’ils auront une meilleure maîtrise de leurs chevaux, jockeys et entraîneurs sur l’autre rive.

Évidemment, tout cela reste dans la subjectivité, a priori, mais il est un fait qu’il y a aujourd’hui beaucoup plus de courses tampered with que dans le passé. Le nombre de suspensions, surtout de très longues suspensions, de jockeys en témoigne quel que soit l’organisateur. Mais il faut être honnête, il apparaît pour l’heure que ces écarts sont plus nombreux lorsque les courses sont organisées du côté de la plaine. Malheureusement, cette hémorragie malsaine de l’image des courses n’est pas près de s’arrêter, car les autorités hippiques comme la HRD, la GRA et la Police des Jeux ne prolongent pas les enquêtes et ne donnent aucune suite intéressée aux actes condamnables de certains jockeys ou écuries. Il ne faut pas faire un dessin pour savoir pourquoi il y a peu d’enthousiasme des autorités pour éradiquer la fraude en course.

En effet, la question est de savoir si tout ce qui précède a un lien ou pas avec un personnage central proche du pouvoir politique dont il participe au financement lors des élections. Il y a de quoi douter lorsqu’on retrouve sous le même parapluie celui qui possède un grand nombre de chevaux répartis dans plusieurs écuries, celui qui est aussi un consultant-propriétaire d’une organisation majeure de paris à laquelle devrait s’ajouter un Tote bientôt, celui qui est l’âme d’une compagnie qui organise des courses et de surcroît est le propriétaire d’un hippodrome dont les rumeurs les plus folles annoncent des journées hippiques pour bientôt. On comprend mieux pourquoi des Striking Teams pourraient se transformer en équipes de moutons de Panurge.

Cette image écornée de PTP est amplifiée par des faits troublants, comme celui d’un haut responsable qui téléphone du paddock après avoir conversé avec des jockeys, ou émet des communiqués et lit des discours enflammés, sans le recul nécessaire. Pire, lorsqu’un jockey enfreint, au vu et au su de tous, un article des Rules Of Racing en utilisant un téléphone dans une zone interdite, pour parler à son entraîneur sur le portable de son stable supervisor qui, du coup, commettent aussi une faute. Il ne faut pas grand-chose pour passer d’une organisation qui fait douter à une qui inspire confiance, mais l’exemple doit venir d’en haut. Il y a définitivement un mindset à changer si PTP veut s’inscrire dans la durée. Cela commence par le respect réciproque de son adversaire…

Dans cette situation de croisée des chemins dans le monde hippique, il est indispensable pour rebooster la confiance globale que la problématique du sabotage de la piste du Champ de Mars soit élucidée. Comme Taslima Valayden, nous estimons indispensable « not leave any stone unturned to know the truth on what happened on the eve of the Maiden Day where nails and iron spikes were planted on the race course to kill ». Les autorités policières australiennes n’ont pris qu’une petite semaine pour élucider l’affaire du sabotage de la piste pour la Melbourne Cup le 1er novembre dernier ! On n’en attend pas moins de notre police !

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