La Cour du Roi Pétaud

La saison hippique 2023 semble avoir trouvé sa vitesse de croisière après un décollage chaotique, mais le vol vers les sommets connaît chaque semaine des vagues de turbulences qui donnent des sueurs froides aux turfistes tant au niveau du déroulement de certaines courses, qui sont des insultes à leur connaissance et expertise hippiques, tant au niveau de ce qui vivote autour de l’organisation des courses qui appelle d’abord le sourire amusé des critiques, mais qui est, en vérité, le signe d’un manque manifeste de maîtrise, un manque de sérieux, mais aussi d’un manque de vision claire du produit et de l’image que veulent projeter ceux qui ont hijacked les courses mauriciennes.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’apparaisse au grand jour, à travers les réseaux sociaux surtout, les bévues qui s’ajoutent au tableau de chasse de People’s Turf, qui est en train de se faire une solide réputation en la matière. Après la mort la semaine dernière du cheval Conquer The Ennemy, piloté par Jérôme Pilot, cheval qui s’est fracturé le tendon de l’antérieur droit après avoir fait une escapade sur la grande piste avant qu’il ne soit euthanasié, cette fois, c’est au tour d’Arnica Montana, toujours un cheval de Shirish Narang encore monté par Jérôme Pilot, qui a suscité de vives inquiétudes après s’être retrouvé dans une tranchée creusée au bord de la piste au niveau du Tombeau Malartic, au moment des grosses pluies, et qui n’a jamais été rebouchée par la suite. Heureusement, le cheval s’en est sorti sain et sauf, et a pu reprendre ses activités hippiques normales par la suite. Après la grave blessure du valeureux Royal Wulff avec un clou retrouvé dans son sabot il y a quelques semaines, la protection des chevaux est sérieusement une grosse préoccupation, et il est grand temps que PTP resserre les boulons et sans doute aussi la discipline au niveau de ses employés, qui ont réussi l’exploit de défoncer la barrière extérieure du Champ de Mars au niveau des tribunes, avec… les stalles de départ ! Ne riez pas… ce n’est pas une blague, mais la dure réalité.
Heureusement que tout est rentré dans l’ordre, mais ces incartades à répétition rajoutent à la perception négative du nouvel organisateur des courses, et ce n’est pas de bon augure pour faire revenir les turfistes au Champ de Mars.
La plus grosse surprise de la semaine pour les turfistes a été de constater, sans jamais avoir été prévenus, que le poteau d’arrivée, qui est notoirement, à travers tous les hippodromes dignes de ce nom, toujours le long de la lice, c’est-à-dire à la corde, a été placé à l’extérieur avec la prise de la photo-finish de l’intérieur, ce qui donne une impression dérangeante que les chevaux courent dans le sens inverse de ce qui est la norme. Pour mieux comprendre le non-sens d’une telle décision, imaginez que les panneaux de signalisation pour les automobilistes se trouvent de l’autre côté de la route où il roule.
Non seulement c’est une ineptie qui perturbe professionnels de courses et jockeys, mais encore plus les turfistes, dont on change du jour au lendemain des habitudes, pour certains de plus de 50 ans. Une preuve encore une fois qu’à part son argent, le turfiste n’est pas respecté de la part de ceux qui ont pris la décision de ce changement. À tout le moins, une communication publique préalable et motivant cette approche, plusieurs jours avant de la part de la Horse Racing Division et de PTP, aurait été un signe de respect pour le public turfiste et les professionnels de courses. Ou mieux, un débat sur la question entre tous les stakeholders aurait été salutaire pour fédérer tout le monde autour des raisons de ce basculement de la ligne d’arrivée et voir dans quelle mesure elle est acceptable ou pas.
Il apparaît une fois encore que ce sont les désirs du roi — lequel ( ?) — qui se sont imposés aux autorités que sont la COIREC et la HRD, et même la MBC, convoquée mardi dernier pour venir ajuster ses caméras à l’entraînement tant la retransmission en direct samedi dernier, surtout les images aux abords de ligne d’arrivée, ont fait l’objet de vives critiques unanimes.
Cette affaire de changement unilatéral du poteau d’arrivée est symptomatique de la capacité pour certains citoyens ou organisations, soutenus par le pouvoir, avec, bien sûr, le retour sur investissement, d’agir comme bon leur semble, ou de comploter dans le secret absolu avec leur autorité pour assouvir leur désir ou leur vision, sans jamais se soucier de l’avis des professionnels et des autres stakeholders. Ces gens-là se croient dans la cour du roi Pétaud !
Comme le jockey Bernard Fayd’herbe qui joue à celui à qui tout est aussi permis avec la couverture qu’il bénéficie de son employeur, People’s Turf, et du plus gros propriétaire de cette compagnie. Le champion jockey sud-africain avait en effet pu échapper aux affres de son incartade en mars dernier lorsqu’il avait été inculpé d’une infraction à la règle 71.2.1 lue avec 71.4.1 pour avoir échoué à un alcooltest avant la journée du 25 mars 2003. L’échantillon de l’analyse de son haleine était alors supérieur à 10 microgrammes d’éthanol par 100 ml d’air. Mais il avait plaidé non-coupable de l’accusation et après avoir entendu des témoignages, l’enquête des commissaires a estimé qu’il ne pouvait être établi que l’appareil utilisé pour l’échantillonnage était calibré, car un certificat pour l’appareil n’avait pas pu être produit par l’organisateur de courses hippiques, PTP PLC. Et comme il n’avait pas été possible d’établir que par l’alcooltest en question était exact, faute de preuve, Fayd’herbe avait été déclaré non coupable de l’accusation sur la technicité. Pour “sauver” son jockey, People’s Turf PLC a préféré avoir été accusé d’avoir enfreint la règle 11.18 et sanctionné, à travers deux témoins qui ont baratiné l’enquête d’une histoire à dormir debout, avant d’avouer son erreur. PTP a marqué l’histoire des courses hippiques mauriciennes en étant le premier organisateur de courses à écoper d’une amende aussi forte que Rs 100 000.
Le plus choquant dans cette histoire est que PTP, son employeur, n’avait pas bronché d’un iota sur ce qui était une humiliation grave subie d’une faute professionnelle de son club jockey. L’employeur n’a rien fait non plus à son jockey chouchou après sa lourde suspension vendredi dernier pour sa monte choquante qui a violé la confiance mise en lui sur Castle Of Glass par de très nombreux parieurs. A shocking ride for a jockey of his status in South Africa.
Fayd’herbe a logiquement écopé d’une suspension de douze mois et d’une amende de Rs 100 000 pour n’avoir pas donné toutes ses chances de vaincre à sa monture lors de la troisième course le samedi 13 mai dernier au Champ de Mars. En selle sur Castle Of Glass, il avait été battu par Arlingtons Revenge (Rye Joorawon), bien soutenu aux paris, au point de passer de 11/1 à 4/1 juste avant la course. Fayd’herbe a été trouvé coupable de n’avoir pas donné toutes ses chances à son cheval en ne le montant pas assez vigoureusement dans la ligne droite finale.
Fayd’herbe a fait appel de sa sanction et il peut continuer à monter. En Afrique du Sud, on est même prêt à lui pardonner. Car on invoque déjà qu’il a le droit de faire appel en se prévalant de la règle 91.1.3 des autorités hippiques sud-africaines, qui permet à un cavalier suspendu par des autorités hippiques déterminées à l’étranger, y compris Maurice, de faire appel de la suspension dans les 90 jours. Et ce, suivant la finalisation de cette audience d’appel hors de l’Afrique du Sud, selon une règle, modifiée en août 2022, dont s’était prévalue Anthony Andrews, de l’écurie Merven, sans succès l’année dernière après sa lourde suspension.
Ce qui est grave et dégradant dans cette affaire pour les courses hippiques mauriciennes, c’est qu’il n’y a pas de réciprocité automatique de la sanction et qu’un panel de la NHA peut modifier la conclusion des stipes de la HRD, dont le chef Deanthan Moodley est un ressortissant sud-africain.
Ce dernier n’est plus en odeur de sainteté ces jours-ci. Nous ne sommes pas toujours d’accord avec le Chief Stipe, mais force est de reconnaître que sur ces deux affaires concernant Bernard Fayd’herbe, il a été à la hauteur de ses responsabilités en sanctionnant PTP et son club jockey. Mais dans le giron de l’organisateur des courses, cette affaire n’est pas bien vue et l’on parle sous couvert que son contrat ne sera pas renouvelé l’année prochaine. Sa vision, mais surtout ses sanctions contre les rois et princes de la cour du roi Pétaud sont très mal vues en haut lieu. Comme fut le changement de vision des courses mauriciennes du fameux Wayne Wood, qui avait procédé au tirage au sort du Maiden du MTC, l’ennemi juré. Il avait choisi de partir comme annoncé en primeur dans ces colonnes malgré les démentis de la HRD ! Un vent semblable semble souffler sur la Happy World House ces jours-ci !

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