Sauvegarder l’intégrité de nos courses !

La levée des restrictions sanitaires à partir de demain, vendredi 1er juillet, devrait normalement permettre au Champ de Mars d’accueillir le public samedi, surtout ceux qui piaffent d’impatience. C’est une très bonne nouvelle, car les turfistes vont retrouver leur loisir préféré et l’activité économique autour des courses va reprendre. La question qui se pose au moment où nous écrivons ces lignes, c’est comment cela va se faire pratiquement dans la nouvelle configuration où deux organisateurs occupent le terrain, surtout que cette semaine, c’est People’s Turf PLC qui organise les courses. Comme cette nouvelle compagnie a élu domicile dans la plaine où elle a érigé un paddock, des boxes et un centre d’opération comme la pesée, les enquêtes, dans le casino de Jean Michel Lee Shim, la présence du public dans la plaine et ses voitures devient plus aléatoire, où pour cette première journée ouverte au public, il ne devrait pas y avoir de bookmakers, qui n’ont jusqu’ici pas les permis nécessaires, mais les autres opérateurs de paris, les Tote et SMS Pariaz devraient être présents. Comme par ailleurs le Mauritius Turf Club a invité ses membres dans les loges, les infrastructures normalement installées sur la rue Eugène Laurent pour la photo-finish et le filmage des courses vont compliquer la situation, d’autant qu’on ne sait si le public aura accès devant le Champ de Mars ou pas. Avec cette nouvelle donne, nous pensons dans la conjoncture, pas dans l’absolu, que la nécessité pour les deux organisateurs de courses de trouver un modus operandi dans le meilleur intérêt des courses va s’imposer avec acuité. Déjà, cette semaine, le MTCSL a proposé ses services gratuitement à son concurrent en maintenant ses false rails sur la piste du Champ de Mars. Parallèlement, des discussions sont en phase initiale pour trouver un terrain d’entente pour l’entretien de la piste. La logique voudrait que les autres prestations, comme le paddock, les écuries, etc., soient utilisées par les deux organisateurs et qu’une seule ligne d’arrivée retrouve droit de cité. Évidemment, les infrastructures mises à disposition par le propriétaire devront être rémunérées par le locataire. Là aussi, au terme de négociations, un arrangement peut et doit être trouvé. Ce n’est qu’à ce prix que le turfiste, qui est le nerf de la guerre pour la survie hippique, retrouvera ses repères et pourra reprendre le chemin du Champ de Mars à qui, depuis deux ans, il manque cette âme, cette ambiance et cette communion entre l’Homme et le Cheval qui ont donné à notre hippisme ses heures de gloire. Il faut se rendre à l’évidence, le MTC-MTCSL, qui est à court d’argent, a une expérience inégalable en termes d’organisation, et People’s Turf, qui a un large financement, est en phase d’apprentissage et commet les erreurs de débutant, mais paie aussi sa dose d’arrogance. Ce dernier est donc condamné à s’améliorer rapidement s’il veut perdurer, car pour l’instant, il a perdu la bataille de l’opinion publique et ce ne sont pas les supports malsains de Wayne Wood et sa Horse Racing Division (HRD) et de Dev Beekhary et sa Gambling Regulatory Authority (GRA) qui vont remonter sa cote auprès des turfistes. Il n’y a que le travail honnête qui mènera à un éventuel succès. Dans ce contexte, il faut le dire sans ambages, les relations qu’entretiennent PTP et les jockeys mauriciens sont malsaines. Il n’a échappé à personne que les jockeys locaux, qui ont un moment pris le courage de protester du fait choquant qu’ils n’étaient couverts par aucune assurance lorsqu’ils montent pour cette compagnie, ont tous « bourré en désordre » lorsqu’il leur a été rappelé tout ce que le “big boss” fait pour eux et que s’ils ne se dédisent pas, ils seraient mis sur la touche avec l’arrivée de nouveaux étrangers comme jockeys. Et on ne parle pas des autres avantages qui auraient été enlevés. Cela faisait pitié de voir par exemple un jockey comme Swapneel Rama, qui a roulé sa bosse et fait ses preuves, signer un accord d’indemnisation — pas une assurance — avec People’s Turf en cas d’accident ou de décès en course sans vraiment bien comprendre comment seront arbitrées les sommes à payer, même si des maximums ont été fixés. Le plus affligeant c’était de voir sa mine contenue lorsqu’il a remercié les dirigeants de cette compagnie devant une caméra avec le logo dans le dos. Allyhosain n’était pas plus à l’aise non plus. Il ne faut pas se voiler la face, cette posture de vassal des jockeys mauriciens, et plus encore sans doute des jockeys étrangers, vis-à-vis d’une organisation avec un maître absolu et son valet qui sont aussi mêlés au betting et cajolés par les autorités hippiques pose la question fondamentale de leur intégrité et par corollaire de celles des courses. On n’est pas dupe. Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle est en train de devenir une norme. Il faut rendre les jockeys mauriciens indépendants de tous les organisateurs des courses. Et cela peut commencer par la révision de leur type de couverture d’assurance. Si le MTC est le client de l’assurance pour les jockeys mauriciens qui montent pour son compte, ce qui n’est pas correct non plus, c’est parce que les jockeys mauriciens n’ont aucune structure capable de passer un contrat avec un tiers. Il leur faut donc mettre en place une association des jockeys mauriciens indépendante avec un bureau pour avoir un statut légal et pouvoir entrer en contrat avec une compagnie d’assurance. Les autorités pourraient demander aux organisateurs de courses de payer une subvention à cette association pour lui permettre de fonctionner au-delà des cotisations auxquelles les jockeys doivent se soumettre pour en être membres. Et c’est cette association indépendamment des organisateurs des courses qui souscrira à une vraie assurance pour les jockeys. Cela les rendra au moins à cette enseigne totalement indépendants. Bien sûr, ce sera encore insuffisant pour qu’ils soient totalement libres de toute influence. Il faudrait aussi, en sus de leur part sur les primes des courses, que leur riding fees à l’entraînement et en course soient déterminés par l’autorité hippique qui s’assure que les organisateurs de courses s’acquittent de leur dû, directement sur un compte bancaire dédié pour garder toute trace de la transaction. Si malgré tout cela les jockeys mauriciens ne se libèrent pas de leurs chaînes d’esclaves de mafieux et traficotent en course, ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils sont mis hors circuit par le stipes des courses. Au moins, ils ne pourront pas dire « nou pena swa, soit nou obeir, soit nou perdi nou gagne-pain, li pa pou donn nou lamont », comme nous l’a confié l’un de ces jockeys. Dans tous les cas, les jockeys doivent s’autoresponsabiliser comme le font tous ceux qui ont eu la chance et le courage d’avoir tenté l’aventure à l’étranger. Là-bas, pour réussir, il faut être intègre, travailleur et avoir du talent. Nombreux sont nos compatriotes qui font une carrière remarquable en Australie et Nouvelle-Zélande notamment, sans compter celui qui fait briller le quadricolore au sommet du monde à Hong Kong, Karis Teetan. L’avenir du “Magic Mauritian” n’a jamais été l’apanage de quelques mafieux qui profitent de la couverture des autorités et leur mainmise sur la propriété des chevaux et des paris. Sa réussite, il la doit à son honnêteté, son habileté et sa mentalité. Nous en appelons à tous les jockeys locaux de s’inspirer de ses valeurs et de donner à chaque fois le meilleur d’eux-mêmes : il y va du respect des turfistes et de l’intégrité de l’hippisme qui font votre gagne-pain et pas de vos pseudo-mentors qui s’enrichissent sur votre dos avant de vous jeter comme une vulgaire putain ! La question se pose aussi pour certains entraîneurs qui acceptent pour des raisons diverses de v…, nous allons être polis, céder à la tentation et se soumettre à ce qui est devenu leur dieu parce qu’il les arrose de chevaux et d’argent, au point où ils crachent dans la soupe qui les a fait grandir eux

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aussi. Il y a toujours eu des voyous dans cette profession, mais que certains d’entre eux, qui avaient une aura et suscitaient le respect, soient devenus aussi veules que lâches nous choque au plus haut point. Où sont passées les valeurs que vos respectables aïeux vous ont transmises ? Pour terminer, il nous faut saluer le travail du Chief Stipe de la HRD, Deanthan Moodley, qui nous avait laissés sur notre faim lors de la première journée. Depuis, il semble avoir pris ses marques et démontre un potentiel extrêmement intéressant. S’il n’est pas empêché de travailler, il ramènera de l’ordre sur la piste. La sanction de huit semaines qu’il a infligée au jockey Da Silva pour sa monte choquante sur High Voltage est un signal puissant, d’autant qu’il a ouvert une enquête sur les instructions de l’entraîneur Amardeep Sewdyal dans cette même affaire. Serait-il l’arbre qui cache la forêt et le messie qui sauvera l’intégrité hippique de ce tsunami de détritus qui a pris en grippe l’hippisme mauricien ?

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