Bef travay, bef bizin manze !

Ainsi, devrions-nous le comprendre, si le Comité olympique mauricien (COM) est représenté par autant de dirigeants aux Jeux du Commonwealth, c’est en raison d’une question de quota ! C’est le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, qui le dit, lui-même, dans un entretien accordé à un hebdomadaire concernant des critiques à ce sujet. Selon lui : « Tout est une question de quota. Ce n’est pas la CGA Mauritius qui décide de cela. Le nombre de dirigeants présents dépend du nombre d’athlètes du voyage. Nous nous organisons en fonction du quota que la Commonwealth Games Federation nous octroie. »

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En somme, c’est ce fameux quota qui a permis le déplacement d’autant de proches du COM à Birmingham ! Mais pas pour faire participer plus d’athlètes malheureusement. L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) se voyant même refuser une place supplémentaire après le record national de Marie Perrier au marathon, alors qu’elle faisait pourtant partie de la long list !

Que dire aussi des cadres fédéraux qui n’ont pas eu l’opportunité — dans certains cas — d’accompagner leurs athlètes, alors que le besoin se faisait sentir. Contrairement à d’autres disciplines réputées d’être proches du COM qui sont, eux, bien présentes à Birmingham ! Au total, ils sont 62 athlètes participant à ces Jeux et 32 dirigeants complétant officiellement la délégation, dont le ministre des Sports, Stephan Toussaint. Hormis les entraîneurs, on retrouve aussi une dizaine de “Team officials”. Parmi eux, un certain nombre de dirigeants dont leurs disciplines ne sont même pas représentées, mais qui sont pourtant habillés aux couleurs du Club Maurice ! À leur place, nous aurions eu honte. Pourquoi certains se retrouvent-ils donc à Birmingham ? Alors même que les responsabilités ont déjà été réparties par le biais du chef de mission et de ses deux adjoints entre autres sur les trois Villages des Jeux ? Quel est donc leur rôle et attributions au sein de la délégation ? Est-ce à dire que ceux concernés se trouvent dans les bons petits papiers de certains au COM ? Contrairement à d’autres qui auraient dû logiquement accompagner leurs athlètes et ainsi aider à instaurer un meilleur environnement favorisant la performance sportive ?

La présence de ces dirigeants à Birmingham interpelle. Sauf, bien évidemment, s’ils ont payé leur billet d’avion. Ce qui n’est pas interdit d’ailleurs. Le contraire serait étonnant et révoltant en considérant que le COM avait évoqué un budget serré ! La Fédération mauricienne de judo en sait quelque chose, elle qui déplorait récemment qu’un judoka rodriguais avait bénéficié d’un séjour en demi-pension — donc un repas manquant ! — à son arrivée à Maurice avant de mettre le cap sur l’Angleterre. Au même titre que l’AMA qui s’est pourtant heurtée à un refus du COM de revoir les dates des billets d’avion de Noa Bibi et de Jérémie Lararaudeuse dans le cadre de leur préparation ! Elle qui avait déploré la grosse contradiction dans les explications fournies par deux sources officielles du COM, dont celle de Philippe Hao Thyn Voon ! Au final, l’AMA a dû débourser, à ses frais, Rs 200 000. Sportivement, le COM a failli à ce niveau, alors que d’autres, eux, profitent actuellement des privilèges et des facilités offertes par le comité organisateur au Village des Jeux, par le biais de ce même COM. Si ce ne sont pas des « vacances bien méritées », alors cela y ressemble.

Sauf pour Philippe Hao Thyn Voon qui a trouvé moyen de déclarer, dans une autre interview, accordée cette fois à un quotidien que « Ce ne sont pas des vacances ». Cela, comme pour justifier la présence de certains qui ne ratent pas une occasion pour lui prêter une allégeance sans bornes. La raison ? Elle est toute simple et ces messieurs au COM le savent mieux que quiconque. Voir autant de dirigeants défiler à des Jeux d’envergure n’est pas une surprise en soi. C’est même devenu une banalité. Philippe Hao Thyn Voon peut-il dire le contraire ? Lui qui parlait de sa fierté de participer actuellement à ses septièmes Jeux du Commonwealth ?

Aussi désolant soit-il, ces 100 livres sterling remises à chaque athlète. Le temps des “per diem” n’étant plus d’actualité, affirme le président du COM. L’argent remis aux athlètes n’étant qu’un « cadeau », alors que les dirigeants ont eu le double comme cela a toujours été le cas, précise-t-il ! Et peut-on savoir pourquoi ? Alors même que ce sont les athlètes qui ont sué pendant de longs mois de préparation pour espérer faire honneur à la République de Maurice ? Qui plus est, la justification avancée par Philippe Hao Thyn Voon frise le ridicule. Selon lui, l’argent des dirigeants « ira aux athlètes. Ces derniers font toujours face à des imprévus et je sais que leur dirigeant sera présent pour aider. Cela a toujours été ainsi. »

Et puisque cela a toujours été ainsi M. Hao Thyn Voon, pourquoi ne pas avoir remis la même somme à tout le monde ou, mieux encore, donner le double du « cadeau » aux athlètes et non aux dirigeants ? Qu’importe ce que dira désormais le COM, il est un fait que Philippe Hao Thyn Voon s’est tiré une balle dans le pied avec ses explications « bidons ». De plus, en évitant de donner des détails sur un sujet pourtant très sensible, il a raté une belle occasion pour renvoyer une image beaucoup plus transparente de l’organisme qu’il dirige depuis des années. Et ça, ce n’est pas étonnant compte tenu du nombre de fois que les principes et valeurs sportives ont été bafoués à Trianon.

 

 

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