Enfin !

C’est quelque part un peu inquiétant que tous ceux qui suivent la vie des principaux partis politiques soient passés complètement à côté des agitations au sein du plus vieux parti du pays : le Labour. Les petits ragots des comités régionaux étant, sans doute, bien plus urgents et croustillants, surtout si ça relève de l’obsession et du règlement de comptes personnels.

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Ce n’est que lorsque la démission de l’ancienne secrétaire générale du parti, Kalyanee Jugoo a été actée que l’on a commencé à réaliser que le parti était traversé par un frémissement qui est devenu une secousse avec le départ, à son tour, du jeune Ezra Jhuboo, auquel on prédisait un bel avenir.

Il a fallu que le navire rouge tangue pour que d’autres redressent l’échine et qu’ils commencent, eux aussi, à donner de la voix. Ritesh Ramful, fraîchement désigné secrétaire général, a dû lui-même concéder que la manière dont se fait la distribution des portefeuilles au sommet du parti n’est pas un modèle de démocratie.
Il a affirmé sur un ton qui ne manque pas d’audace que « le leader a la discrétion de proposer des candidatures, mais d’autres peuvent également se proposer, au proposer d’autres personnes. Cela n’a pas été le cas, cette fois-ci, et l’exécutif a ratifié les propositions du leader. » Ce qui est quand même assez éloquent.

Lors d’une émission radio, vendredi, d’autres et non des moindres sont sortis du bois. Enfin, devrait-on dire. Oui, le chef de file du PTr à l’Assemblée Nationale, Arvin Boolell a été humilié en poursuivant avec son curieux titre de « Director of field operations ».
C’était déjà pas très glamour comme expression pour un vieux routier, voilà que le principal concerné est venu publiquement reconnaître qu’il n’avait pas été consulté et qu’il a appris comme tout le monde et, en même temps que la presse, qu’il se voyait toujours assigner la mission de « labourer » les champs et le terrain.

Et lorsque Shakeel Mohamed – qui a brillé par son absence tant au congrès qu’à la commémoration de l’anniversaire de Sir Seewoosagur Ramgoolam, un choix qui n’est pas anodin – vient dire qu’il s’attendait légitimement à être promu dans la hiérarchie et nommé Deputy Leader, cela en dit long sur les frustrations qui ont gagné les rangs des rouges.
Et comme chacun, ces jours-ci, y va de son petit couplet, même le président du PTr, Patrick Assirvaden a adressé comme une mise en garde à qui de droit contre toute éventuelle nomination de Deputy Leaders qui ne respecterait pas « l’arc en ciel » mauricien.
Voilà une situation qui complique singulièrement la tâche de Navin Ramgoolam qui doit, à la fois, s’occuper des ses affaires judiciaires qui traînent en longueur et jouer les équilibristes pour prévenir les démissions, satisfaire les nouveaux et ne pas trop froisser les anciens.

L’exercice de renouvellement des instances du PTr ramène aussi le débat sur le fonctionnement des partis politiques. Si le Reform Party, pourtant un one man party, a récemment emprunté au MMM, la suprématie décisionnelle de l’assemblée des délégués, les autres partis politiques ont apparemment de drôles de modes de désigner leurs dirigeants.

En fait, on ne sait pas trop comment cela se passe. Au MMM, même si l’échéance n’est plus trop régulière, il est un fait que l’assemblée de délégués, par bulletin secret, choisit les 20 membres nationaux et qu’ensuite, les comités désignent les 20 autres pour siéger au comité central, et que les commissions jeunes et femmes désignent également leurs représentants à cette instance, laquelle élit ensuite le bureau politique.
Pour les autres partis, c’est le mystère total. Il semble que leur temps passé au gouvernement fait que le leader fonctionne toujours comme s’il était Premier ministre et qu’il a tout le loisir de nommer qui il veut, même si c’est rarement sur la base du mérite ou du vœu de la base.

Enfin ! C’est le soupir qu’ont dû pousser beaucoup de Mauriciens après que l’ex-Deputy Speaker, Adrien Duval a reconnu qu’il était bel et bien celui qui conduisait la voiture qui a heurté celle d’une autre conductrice, blessée lors de l’accrochage.
Il aurait dû commencer par là. Un conducteur qui a consommé une certaine quantité d’alcool n’est pas supposé prendre le volant. Qu’est-ce que cela lui aurait coûté de reconnaître les faits, de dire que c’était son jour d’anniversaire et avoir peut-être bu un petit verre de trop, se soumettre à un alcootest et, si révélé positif, d’aller tranquillement en cellule de dégrisement. Ce n’est pas la fin du monde. On lui aurait, au moins, reconnu le courage d’assumer ses erreurs.

Ce qui, en fait, a pu effrayer l’avocat, c’est l’histoire familiale de la bouteille et les mésaventures routières. Le fils putatif de Sir Gaëtan et « frère » de l’actuel leader de l’opposition, Richard Duval avait, en juillet 2013, été mêlé à une sombre histoire d’accident à Pailles, sans grand fracas, si ce n’est qu’une bordure en bois écrabouillée avait invoqué la prise d’un antitussif pour se dérober d’un alcootest. Il a été finalement condamné à deux amendes totalisant Rs 10,000.

En novembre 2015, un proche de la famille Duval, un ressortissant français, avait été impliqué dans l’accident ayant coûté la vie à un sergent de police. Pas de soupçon de conduite en état d’ivresse ici, sauf que ce n’est que plusieurs heures après le délit présumé qu’il a été appréhendé. On ne connaît pas encore les suites de cette affaire.
Le cousin d’Adrien Duval, Thierry Henry avait, en avril 2016, mortellement renversé un piéton à Bois Marchand. Là aussi, une autre saga avec l’épouse qui avait, dans un premier temps, prétendu être la conductrice de la voiture impliquée, avant qu’elle ne se ravise et admette que c’est bien son époux, alors Parliamentary Private Secretary (PPS) qui conduisait. Trouvé coupable par les tribunaux, il a écopé de deux amendes de Rs 15,000 et d’une suspension de permis d’une période de huit mois.

En politique et dans la vie tout court, plus que la faute commise, c’est sa dissimulation qui ne pardonne pas. On croyait que tous les hommes publics le savaient. Enfin !

Josie Lebrasse

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