Enjeu politique : L’agenda de Lakwizinn sous le signe des municipales

 Le scrutin dans les cinq villes probablement en octobre-novembre, soit avant la reprise de l’Assemblée nationale après les prochaines vacances d’hiver

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Dans l’immédiat, le Finance Bill, comprenant des amendements à la GRA Act sous l’ombre de JMLS et la contestation des amendes excessives de Rs 50 000 pour non-paiement de redevances, retiennent l’attention

Pouvoir d’achat : MoU entre la STC et NAFED de l’Inde pour assurer l’approvisionnement en riz, blé, huile comestible et autres produits alimentaires de première nécessité

Les dernières étapes menant à l’adoption du troisième budget Padayachy complétées, l’agenda politique de Lakwizinn du Prime Minister’s Office (PMO) est axé sur la mobilisation en vue des prochaines élections municipales. Tout cela sur un backdrop caractérisé par l’étape de l’entame de la quatrième année du mandat de l’Alliance Morisien, dirigée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ou encore les 40 ans de la création du Mouvemment Socialiste Mauricien (MSM) le 8 avril 1983, sans oublier les 55 ans de l’anniversaire de l’indépendance de Maurice, le 12 mars prochain. En attendant le retour du chef du gouvernement, qui participe à la Commonwealth Heads of Government Meeting (CHOGM), qui a pris fin ce week-end à Kigali au Rwanda, le mot d’ordre au sein de l’état-major du MSM et de ses alliés à l’Hôtel du gouvernement est de “Get Ready” pour aller à l’assaut politique des cinq villes. Les plus futés s’aventurent pour parler des mois d’octobre et de novembre de cette année comme la période la plus propice pour la tenue du scrutin dans les cinq villes. Mais dans l’immédiat, deux urgences sont à l’ordre du jour: la présentation du Finance Bill avec des contorsions à la JMLS et surtout la question de la lutte contre la perte du pouvoir d’achat causée par la flambée des prix.

Au chapitre de la hausse du coût du panier de la ménagère affectant transversalement toutes les couches socio-économiques, l’Hôtel du Gouvernement mise sur deux fronts. D’abord, les retombées de l’opération budgétaire du billet de banque à l’effigie de sir Gaëtan Duval, soit Rs 1 000, devraient permettre rapporter des dividendes au niveau des ménages à court terme, alors que des questions se posent pour les prix à moyen et long termes. Tout cela est tributaire de facteurs externes, en l’occurrence les prix à l’importation, la hausse du fret maritime et les disruptions of the supply chain à l’international.

Par ailleurs, Lakwizinn du PMO avance que le Memorandum of Understanding (MoU) signé récemment entre la State Trading Corporation (STC) et la National Agricultural Cooperative Federation (NAFED) de l’Inde devra peser de tout son poids dans la lutte contre la perte du pouvoir d’achat des ménages et la poussée inflationniste. Cet accord avec cet organisme sous la tutelle du ministère indien de l’Agriculture et du Bien-Être des Fermiers porte sur l’approvisionnement par la STC des commodités de première nécessité, soit le riz, le blé, l’huile comestible et d’autres denrées alimentaires.

En vue de soutenir cet accord entre la STC et la NAFED, le budget alloue à la STC une enveloppe de Rs 500 millions pour assurer le financement de ces importations de l’Inde dans le but de maintenir les prix de vente au détail de ces produits. Toutefois, la préoccupation demeure les conséquences à partir du 1er juillet sur les prix de vente au détail des produits en raison de la non-reconduction des subsides sur une série d’articles de consommation courante en vigueur depuis l’année dernière.

Au ministère du Commerce, l’on préfère éviter de faire des commentaires sur des conjectures vu que ces spéculations émanent des milieux des importateurs. « Le ministère se tient prêt à intervenir dans la mesure du possible pour assurer la protection des consommateurs. S’il faut un exemple pour illustrer cette détermination, vous n’avez qu’à prendre la position du ministère au sujet de la demande de la majoration du prix dui pain-maison. En dépit de la campagne agressive de l’Association des Propriétaires de Boulangeries pour un ajustement à la hausse du prix du pain, elle a dû se rendre compte que le gouvernement n’allait nullement céder sur cette demande et a dû retirer sa demande », explique-t-on dans les milieux concernés à l’Hôtel du gouvernement.

Réseau des zougader

En parallèle, au ministère des Finances, la Budget Cell met actuellement la dernière main au Finance Bill devant apporter des amendements à une soixantaine de textes de loi. Déjà, la pression s’accentue contre la démarche affichée par le ministre des Finances au sujet des amendes allant jusqu’à Rs 50 000 et une peine maximale de prison de deux ans pour non-paiement de la redevance mensuelle imposée sous la MBC (Collection of License Fees Act). Linion Pep Morisien a organisé, hier, un rallye dans les rues de la capitale pour sensibiliser l’opinion contre cet éventuel amendement faisant partie du Finance Bill (voir compte rendu plus loin).

Dans la conjoncture, le paragraphe 17 de The Annex to The 2022-23 Budget suscite déjà des commentaires, avec People’s Turf PLC du tandem Ubheeram-JMLS déjà en selle pour l’organisation des courses, reléguant au second plan le Mauritius Turf Club et ses 210 ans d’expérience. Les premiers amendements sont axés sur les obligations relatives aux facilités de laboratoire pour le « testing of equine blood, urine and the samples ». Au terme des dispositions énoncées dans le Finance Bill, le mandat pour procéder à ces tests incombe à la Horse Racing Divsion. Toutefois, cette dernière devra bénéficier formellement des services vétérinaires de courses, dont entre autre du Mauritius Turf Club « for out of Competition, Ore and Post Sampling and Testing of Horses ».

Les autres amendements annoncés s’apparentent à la pratique de closed shop pour les opérations et la geston des gaming machines (machines à sous), des limited pay out machines, des amusement machines. Désormais, il sera legal requirement que les importations des équipements susmentionnés à être placés dans des gaming houses ne devront se faire exclusivement que par une entité détenant une licence émise par la Gambling Regulatory Authority (GRA). Ainsi, à moins d’une contestation en Cour suprême réclamant que ces amendements soient décrétés ultra vires, aucun autre opérateur que la galaxie JMLS ne pourra faire son entrée dans ce secteur déjà cadenassé par le patron de Lakwizinn du PMO.

En marge de ces amendements à la GRA Act, le Gambling Regulatory Board, dont l’approche teintée de complaisance à l’égard de JMLS ne peut être niée, se verra investir de pouvoirs discrétionnaires par rapport à l’octroi de la Personal Management Licence (PML), désormais la carte magique pour l’accès au monde hippique. Les observateurs notent que la série de modifications à la GRA Act devront constituer, lors des débats sur le Finance Bill se déroulant très probablement à la mi-juillet, une plateforme de classe pour l’opposition de faire le procès des connexions de l’Hôtel du gouvernement avec le monde hippique, surtout avec le réseau des zougader.

Mobilisation enclenchée

Par ailleurs, le Public Private Partnership Framework envisagé pour la mise à exécution de New State of Art Racecourse and Entertainment Project à Côte-d’Or dans la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (N°8), avec déjà des dotations prévues dans le budget 2022-23, devra être explicité. Tout indique que JMLS, qui a osé monter en première ligne avec le début de présente saison hippique, devra être un des principaux stakeholders de ce projet aux côtés du gouvernement.

Autant d’éléments susceptibles de dominer les débats sur le Finance Bill, avec accent sur l’avenir des courses hippiques à Maurice et ses ramifications au sein de la société compte tenu des aveux publics de Jean-Michel Lee Shim à l’effet que lors des dernières élections générales du 7 novembre 2019, il avait contribué un montant de Rs 10 millions au nom du MSM sans que jusqu’ici aucune trace de ces fonds n’ait été relevée dans les déclarations officielles des dépenses électorales soumises à la Commission électorale. Même pas dans les Kistnen Papers du N°8.

Opposition
dispersée

Par contre, à l’agenda politique de Lakwizinn à court terme se profile l’organisation des prochaines élections municipales. Déjà, dès la fin de la semaine écoulée, les premiers signes pouvant être attribués à cette échéance électorale devant intervenir avant novembre prochain sont des plus visibles sur le terrain. Outre les sorties publiques du Premier ministre suppléant, Steven Obeegadoo, et du ministre des Utilités publiques et président du MSM, Joe Lesjongard, dans leurs fiefs respectifs de Curepipe et de Port-Louis Nord, notamment vendredi, la mobilisation a été enclenchée dans les rangs de l’Alliance Morisien. Le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, et la Parliamentary Private Secretary (PPS) Tania Diolle, de la circonscription de Belle-Rose/Quatre-Bornes (N°18), assurent une présence quasi permanente sur le terrain, comme à Topize dans la région de Palma en fin de semaine.

Dans la région de Beau-Bassin/Rose-Hill, des émissaires, dont le dénommé Thomas, l’une des dernières recrues en date du MSM, multiplient les contacts avec les candidats potentiels dans les limites des différents arrondissements des villes sœurs. Pour sa part, Joe Lesjongard assure également la coordination avec les parlementaires des régions urbaines pour le suivi de l’evolution des chantiers ou encore des lacunes qu’il faut remédier.

Les exercices de recrutement au niveau de la Local Government Service Commission (LGSC) ou encore de Landscope Mauritius Ltd, avec quelque 2 000 postes à pourvoir dans le secteur du nettoyage, constituent aussi des indications quant au timing de la publication des Writs of Election fixant le Nomination Day et le Polling Day dans les cinq villes. Dans les rangs de Lakwizinn du PMO, l’on se dit confiant que « le coup des municipales en octobre et novembre est jouable dans une configuration politique marquée par une opposition parlementaire qui se cherche encore et agissant en ordre dispersé jusqu’ici. » À cet effet, une aile au sein du gouvernement prône un coup d’accélérateur au processus menant aux municipales dans les meilleurs délais.

« Pourquoi l’Hôtel du gouvernement pourrait opter pour aller vite ? Même si demain l’Entente de l’Espoir arrive à se raccommoder avec le Parti travailliste, un court délai ne permettra pas à l’opposition parlementaire de convaincre l’électorat des villes du bien-fondé de la conclusion de cette alliance On/Off. Puis, les forces d’opposition extra-parlementaires ne sont pas nécessairement acquises à la cause de l’Entente de l’Espoir ou du Parti travailliste. En tout cas, tel n’est pas le cas pour Linion Pep Morisien de Valayden-Laurette et encore moins pour Rezistans & Alternativ d’Ashok Subron », fait-on comprendre en vue de favoriser la thèse des municipales avant la rentrée après les prochaines vacances post-budgétaires.

D’autres sources avancent que d’ici à la fin de cette semaine, la situation devra se décanter, avec le gouvernement appelé à se décider par rapport aux restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Dès son retour de Kigali en ce début de semaine, Pravind Jugnauth devra présider une réunion du Covid-19 High Level Committee pour se prononcer quant à une élimination ou une reconduction des contraintes sanitaires à partir du vendredi 1er juillet.

Tout changement dans le nombre de personnes autorisées à participer à des rassemblements publics, en hausse à la jauge de 50 en vigueur actuellement, sera sujet à interprétation relativement au calendrier électoral, alors que tout scrutin se déroulant en octobre-novembre sera organisé sur la base des nouvelles listes d’électeurs dans les villes de la Commission électorale…

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