Et “sniffing” devint “survey”…

Pavillons, banderoles, slogans hurlés, partisans transportés par autobus special route depuis les circonscriptions où ont été élus des ministres, membres du troisième âge et des associations feminines, ministres et chatwas en orange, Pravind Jugnauth accueilli comme un maharadjah – pardon, comme un demi dieu ! — et les représentants d’une « certaine presse » interdits d’accès : le MSM a réagi comme à chaque démission ou à chaque problème important. En important une petite foule enthousiaste pour minimiser l’importance du problème du moment. Quoi que puissent dire les adversaires, les traîtres et “venders”, le soleil orange est toujours haut dans le ciel mauricien. Le tout répercuté sur certaines radios et abondamment avec des images choisies sur la MBC. Comme pour un meeting du Premier Mai d’avant le covid. Mais à force d’avoir été répétées – souvenez vous du fancy-fair ayant suivi la démission de Nando Bodha –, ces démonstrations de force n’impressionnent que ses organisateurs et ceux qui y participent.

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Tout ce tapage ne pourra pas faire oublier l’essentiel : que sur un point au moins, Sherry Singh a dit la vérité et Pravind Jugnauth a menti par omission.

Revoyons les épisodes du feuilleton. Vendredi après-midi, Sherry Singh donne une interview radiophonique dans laquelle il évite soigneusement de répondre à certaines questions, mais met l’accent sur un fait : il a démissionné de MT parce qu’en avril, Pravind Jugnauth lui a donné l’ordre de laisser des représentants d’une « entité étrangère » installer des « sniffing devices » dans le système de MT pour contrôler les communications internet des Mauriciens. Sherry Singh – dont la fibre patriotique s’est brusquement réveillée, après 15 ans passés dans lakwizin où l’on se préoccupe plus des intérêt des copains et des copines du parti que du pays – dit avoir refusé pour ne pas violer ses “valeurs”, sans préciser lesquelles. Dans un pays démocratique, une telle accusation touchant à l’intégrité nationale aurait provoqué dans l’heure un démenti catégorique du Premier ministre. Ici, la seule reaction fut d’une ministre qui, voulant se faire passer pour une auditrice, traita Sherry Singh de traître et lui demanda d’aller faire une déclaration à la police. Même son de cloche de Pravind Jugnauth, le lendemain après-midi, face à la presse : il demande à Sherry Singh, qu’il traite de tous les noms – ce qu’il fit en d’autres temps pour Badhain et Bodha – d’aller faire une déclaration à la police. C’est le même refrain qu’il entonne pour répondre brièvement à la PNQ de Xavier-Luc Duval. À qui le Speaker interdit de poser des questions supplémentaires en se référant à un ruling écrit… d’avance. Mais entre-temps, les informations avaient commencé à fuiter pour confirmer l’existence du coup de téléphone du mois d’avril. Quand Pravind Jugnauth se rendit compte que les détails techniques de cette conversation allaient être révélés, il fut obligé d’en reconnaître l’existence, après avoir laissé entendre le contraire.

C’est ainsi que “sniffing” devint “survey”. Le PM déclara que si la conversation téléphonique avait bien eu lieu, il n’avait jamais été question d’installer des “sniffing devices”, mais d’autoriser des experts indiens à faire un “survey” des équipements de MT à la centrale de Baie du Jacotet, où passe le câble SAFE. Un “survey” effectué pour des raisons de sécurité d’État. Au lieu de calmer les inquiétudes, la tentative de justification de Pravind Jugnauth n’a fait que les exacerber. En effet, pourquoi fallait-il autoriser des experts indiens à faire un “survey” sur le matériel de Mauritius Telecom ? Quel genre de “survey” ces experts indiens ont-ils fait et pour le compte de qui, puisque Mauritius Telecoms ne l’a pas commandité ? Pourquoi faut-il qu’un “survey” sur la sécurité d’État de Maurice soit effectué par des experts indiens ? Alors que l’on commence à se dire que Sherry Singh doit sûrement avoir des réponses précises à ces questions, on entend parler de clauses de confidentialité qui lui interdiraient d’aborder certains sujets. On entend aussi dire que certains dossiers sur certaines activités de Sherry Singh – on évoque du cuivre fondu en lingots – seraient sur le point d’être envoyés aux salles de rédactions.

Je vous l’avais dit : le feuilleton des révélations/ dénonciations des amis de 15 ans, devenus ennemis acharnés, ne fait que commencer et sera sanglant. D’autant plus qu’une nouvelle interview radiophonique de Sherry Singh est annoncée pour mardi prochain.

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