Gaza, sept mois après

Cela fait plus de sept mois que le Hamas a déclenché la guerre de Gaza par une opération terroriste sur le territoire israélien, ce qui a provoqué des centaines de morts. Cela fait plus de sept mois que l’armée israélienne essaye d’exterminer les membres du Hamas en bombardant la bande de Gaza et en tuant des milliers parmi les habitants de cette prison à ciel ouvert, où l’on avait parqué plus de 2,5 millions de Palestiniens. Dans un premier temps, les pays occidentaux ont commencé par soutenir Israël en envoyant leurs représentants au plus haut niveau afficher leur solidarité avec Benjamin Netanyahu. Mais face à l’ampleur de sa réplique ; à son intention déclarée d’effacer la bande de Gaza de la surface du monde ; aux expropriations des colons juifs et aux condamnations, de plus en plus nombreuses, des pays du Sud, ils ont été obligés de modifier leur position. Le soutien s’est assorti d’appels à des cessez-le-feu que le Premier ministre d’Israël a systématiquement refusé de considérer en continuant à détruire ce qui restait de la bande Gaza et à déplacer ses habitants d’un point à un autre, selon les impératifs de son programme de bombardements. Ce que les dirigeants politiques des pays occidentaux – qui se décrivent comme de grandes démocraties – demandaient poliment à leur allié israélien sans rien obtenir de lui, les jeunes de leurs pays ont commencé à le réclamer en manifestant.

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Des campus universitaires ont été occupés par des étudiants réclamant des actions, pas des paroles et des conférences qui n’aboutissent à rien. Les autorités se sont offusquées et ont envoyé les forces de l’ordre interdire les manifestations des étudiants. À Paris, des membres du gouvernement français se sont dit choqués de découvrir que les élèves de Sciences Po pouvaient faire activement… de la politique !

Depuis, on s’est rendu compte à quel point les organisations internationales créées après la Seconde Guerre mondiale pour empêcher l’émergence de nouveaux conflits, comme les Nations Unies, sont impuissantes à accomplir leur mission. Elles sont prisonnières de règlements édictées par les grandes puissances, règlements qui permettent à ces dernières d’opposer leur veto à toute proposition qui iraient à l’encontre de leurs intérêts. Et justement, ce sont les intérêts économiques et géopolitiques de ces grandes puissances qui ont le dessus sur toute autre considération, même s’ils finissent par créer des situations absurdes pour dire le moins. Ainsi, les États-Unis et l’Europe, qui ne veulent pas déclencher la guerre à la Russie, livrent des armes à l’Ukraine. Tout en dénonçant les intentions expansionnistes de Vladimir Poutine, ils font tourner leurs usines de fabrication d’armes. Ils font exactement la même chose avec Israël, tout en exigeant un cessez-le -feu de Benjamin Netanyahu dans les conférences internationales, en pleurant sur le sort des pauvres Palestiniens. Mais ce qu’ils oublient de dire, c’est que les bombes qui sont en train d’anéantir ce qui reste de la bande de Gaza sont fabriquées par leurs usines avant d’être vendues à Israël ! Et ils se permettent de donner des leçons de démocratie aux autres…

Le dernier épisode de cette saga de l’hypocrisie des puissances occidentales vient de commencer. Après enquête, le procureur de la Cour Pénale Internationale, la plus haute juridiction de l’Organisation des Nations Unies, vient de demander l’émission d’un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et des dirigeants du Hamas pour génocide. Tollé chez les champions de la démocratie: comment peut-on oser mettre sur le même pied d’égalité les dirigeants du Hamas et celui d’Israël ? Le faire est une honte, a déclaré Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine. Joe Biden, le président américain, est allé encore plus loin dans la défense de son allié israélien en déclarant que « l’offensive israélienne à Gaza n’était pas un génocide. »

Quelle différence y a-t-il entre des soldats du Hamas qui ont tué des centaines de civils juifs en Israël le 7 octobre dernier et ceux d’Israël qui, depuis la même période, ont pour mission d’éradiquer jusqu’au dernier les membres du Hamas en tuant – dans le feu de l’action exterminatrice ? – des dizaines de milliers de civils palestiniens ? Il semblerait que pour les « grandes puissances démocratiques », il existe deux types de génocides : celle que pratiquent les armées de Benjamin Netanyahu, qui est tout à fait acceptable, et celle du Hamas, qui est condamnable. Pour elles, la vie d’un Palestinien a moins de valeur que celle d’un juif. 

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